A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Urbain Chevreau
Littérateur Loudun 1613-Loudun 1701
par Jean-Claude Raymond

Biographie

Né à Loudun le 20 Avril 1613, il alla plaider dès l'âge de 29 ans au Parlement de Paris. Sa réputation d'homme savant s'étendit jusqu'à l'étranger. Devenu en 1633 secrétaire des commandements de Christine, Reine de Suède, puis conseiller de l'Electeur palatin et précepteur de la princesse électorale, qui épousa par la suite le frère de Louis XIV, il fut nommé par ce monarque précepteur du duc de Maine. Après avoir rempli ces charges avec distinction, Urbain Chevreau voulut finir ses jours à Loudun. Il s'y retira et y fit bâtir une belle maison, qu'il donna aux Dames de l'Union Chrétienne. Il mourut à Loudun le 13 février 1701, à l'âge de 88 ans.

Malgré l'activité de sa vie et ses nombreux voyages, Urbain Chevreau avait trouvé le temps de composer plusieurs ouvrages dont le principal est L'Histoire du monde, imprimée en huit volumes. Ses autres œuvres sont : Chevreana, Tableau de la fortune. Il a laissé aussi des traductions sur les Considérations fortuites et sur Tranquillité de l'Esprit de l'anglais Joseph Hall. Ses œuvres mêlées consistent en vers latins et français et en lettres.

Chevreau avait réuni une riche bibliothèque dont le contenu passa tout entier à l'abbaye de Saint Jouin, en 1701. On est heureux de penser que cette magnifique collection ne fut pas perdue pour le pays, grâce au goût éclairé des Bénédictins de Saint-Maur.

Lerosey

in Loudun

A cette trop courte biographie ajoutons qu'il fut précepteur du duc du Maine.

Note

Naissance d'Urbain Chevreau

La profession de son père est controversée. Le journal de Trévoux (mars 1701, p. 366) prétendait que son père était avocat. Dans sa thèse Gustave Boissière indique qu'en fait le père d'Urbain était peintre vitrier.(retour)

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Urbain Chevreau - qui était l'homme

Sauf indication contraire l'ensemble des textes ci-dessous sont extraits d'Urbain Chevreau (1613-1701) - Sa Vie - Ses Œuvres - Etude biographique et critique accompagnée de l'analyse et de nombreux extraits des différents ouvrages de l'auteur par Gustave Boissière, G. Clouzot, libraire-éditeur, 22 rue Victor-Hugo, Niort, 1909, 429 pages. Pour chacun des extraits le numéro de la page est donné (pour deux extraits les n° de page ne sont pas encore donnés, cela viendra).

Bouillant, un peu fantasque, vigoureux, leste, ayant bon appétit, la physionomie vive et mobile, la taille ramassée et bien prise, le caractère ferme et compatissant, il fut tout d'abord, sans doute, l'hôte assidu des mêmes cercles que Tristan l'Hermite, Saint-Amand et Saint-Evremond. A leur exemple il dut commettre quelques-unes des débauches de jeunesse, que sa conscience rigide et timorée lui reprocha plus tard avec une évidente exagération. Bientôt devenu sérieux il mena une vie d'honnête citoyen, d'un chrétien convaincu. Et pourtant on saisit à travers son rigorisme et sa dévotion, cette tendance première vers le relâchement et la grivoiserie, qu'il devait peut-être à son voisinage de la libre Touraine, du gai pays de Rabelais

Dans un siècle si fécond en hommes remarquables, il se distingue assez pour obtenir la confiance et l'estime de tous ceux qui le connaissent. Bien accueilli par Christine de Suède et par son successeur, par le roi de Danemark, par l'électeur palatin et par Louis XIV, pour ne citer que les plus illustres, il ne cherche pas à attirer les regards, à conquérir les faveurs, …

Il chérissait une vie tranquille et obscure. Aussi, vers la fin de ses jours, il s'enferma dans la solitude et, après avoir été Le Bourgeois du Monde, devint L'Hermite de Loudun. Il avait enfin reconquis cette liberté qu'il regardait comme une chose que tout l'or du monde ne saurait payer et qui lui avait fait refuser de s'attacher à la suite de quelque grand, ou de rester longtemps dans la domesticité des princes et des rois. Il écrivait dans son Ermitage :

Bienheureux qui peut être à soi
Et qui ne connaît point de loi,
S'il ne se l'impose lui-même !
Je suis par ma retraite et mon maître et mon roi,
Et je ne trouve ici, en mon bonheur extrême,
Que le ciel au dessus de moi.

Urbain Chevreau

Nos recherches, pour reconstituer l'œuvre de Chevreau ont été longues, parfois vaines ou mal récompensées.... Si par notre travail nous avions inspiré de le rééditer ou simplement de le lire, nous serions satisfaits ; car il a droit par sa science autant que par son honnêteté, à être rangé parmi les hommes du grand siècle, qui ont contribué à agrandir le domaine littéraire et scientifique de notre chère France. (En effet, écrit en 1779 l'abbé Sabatier, ses ouvrages offrent plus de talent, une littérature plus étendue que les productions d'un grand nombre d'écrivains qui brillent dans ce siècle.) N'exciterait-il même que la curiosité des érudits, pur objet de luxe pour les amateurs indifférents, qui se croient obligés de posséder tous les livres nouveaux, sans s'astreindre à les parcourir, notre tentative nous paraîtrait louable. Comme ses compatriotes Scévole de Sainte-Marthe, Trincant et Théophraste Renaudot, Chevreau obtiendrait enfin, après une longue attente, la réhabilitation qui lui est due, avec le vif intérêt de mieux tracer le portrait de la France en la personne d'un écrivain de second plan qui lui a toujours fait honneur dans ses frontières ou à l'étranger, par ce mélange de sérieux et d'agrément, imputable sans doute à son poitevinisme tourangeau et poitevin (sans trop vouloir y appuyer,on peut dire qu'il a en lui de la douceur angevine, de la finesse tourangelle et du positivisme poitevin. Comme pour Sainte Marthe il est permis de croire que " la douce température de ce pays, l'un des plus beaux de la France, ne fut pas étrangère au développement précoce de sa vive intelligence" et aussi à cette calme sérénité, qui fut, avec la clairvoyance et la bonté, le fond de son caractère. On trouve certainement en lui l'harmonieuse fusion de l'esprit raisonnable et pratique des habitants du Poitou; de la raillerie fine et gouailleuse des Tourangeaux; de l'énergie active et discrète des Angevins.)

Quel que soit d'ailleurs le résultat de nos efforts, nous aurons au moins la conviction intime d'avoir entrepris une oeuvre de justice, en remettant à sa place, au milieu de ses amis et de ses pairs, dans la noble phalange des gens de lettres, un Loudunais que tout le monde estimait de son temps et qui, par une criante injustice de la Fortune, n'avait pu, jusqu'à présent, attirer l'attention des savants ou des hommes de goût.

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Bibliographie

Œuvre théâtrale

Appréciation sur l'œuvre théâtrale d'Urbain Chevreau

Si nous voulons porter un jugement d'ensemble sur le théâtre de Chevreau, nous dirons :

Les traits de mauvais goût ne manquent pas. On rencontre un peu partout un mélange de platitude et d'élévation, de faiblesse et de force, de raffinement et de brutalité, d'impropriété et de précision ; des antithèses forcées, des subtilités mignardes, des métaphores vulgaires et des négligences excessives, unies à des vers délicieux, véritablement inspirés, pathétiques ou charmants, pittoresques ou sonores, en parfait accord avec les pensées exprimées. L'auteur a essayé, dans quelques-unes de ses œuvres, d'introduire les qualités du roman : complication de l'intrigue, multiplicité des épisodes, étrangeté d'un sujet rempli d'aventures invraisemblables où trop souvent le mouvement est confondu avec l'agitation. Partisan, comme la plupart de ses contemporains, de la pleine liberté, il ne craint pas de transporter l'action d'un lieu dans un autre, de l'étendre au-delà d'une ville et de la faire durer plusieurs jours. […] S'il abuse des sentences morales et des discours, ce défaut lui est commun avec tous les auteurs dramatiques de l'époque et notamment avec Corneille. Il ne faut donc pas le mépriser trop. Quand il écrivit ses pièces, il régnait au théâtre une liberté à peu près absolue ; tous les genres s'y rencontraient, s'y mêlaient dans une confusion qu'on trouvait alors agréable ; dans un désordre curieux, mais difficile à débrouiller pour nous. Chevreau en profita. » [p. 125].

Liste des pièces de théâtre

  • La Lucrèce romaine fut jouée en 1636, on ne sait quel jour. Le Privilège du Roi date du 14 juillet et l'Achevé d'imprimer du 30. Elle est en cinq actes et en vers, comme toutes les autres pièces de Chevreau. Le sujet est tiré des chapitres 57 et 59, livre I, de l'Histoire romaine de Tite-Live. Chaque acte est précédé d'un argument en prose, qui en résume le sujet. » [p. 45].
  • La Suite et le Mariage du Cid : Tragi-Comédie (1637)

    Le prodigieux succès du Cid produisit, disent les frères Parfaict, l'envie et l'émulation chez la plupart des poètes contemporains. Chevreau fut un des premiers à marcher sur les traces du grand Corneille. C'est en 1637 qu'il fit représenter La Suite et le Mariage du Cid : tragi-comédie, dont le privilège date du « dernier jour de juillet » et l'Achevé d'imprimer du dernier octobre 1637. Or, l'œuvre de Corneille avait probablement été jouée fin décembre 1636, et l'Achevé d'imprimer portait la date du 24 mai 1637. On voit que notre auteur n'avait pas perdu de temps. » [p. 59].

  • L'Avocat duppé. Comedie (par Chevreau) (30sept. 1637)
  • Coriolan. Tragédiepar Monsieur Chevreau (1636 ou 1638)
  • Les Deux Amis. Tragi-Comédie Par Monsieur Chevreau (8 juillet 1638)
  • L'Innocent exilé. Tragi-Comédie (Déd. à Melle De Bourbon par Provais, I. e. Chevreau) (1640),
    signée de Provais, cette pièce est en réalité de Chevreau. Elle est adressée à Mlle de Bourbon, sœur du prince de Condé, plus tard duchesse de Longueville. Elle fut jouée en 1640. » [p. 103]
  • Les Frères où les Véritables Frères rivaux : Tragi-Comédie (1641)
    Cette pièce, représentée en 1641 par la troupe royale, est dédiée à Monseigneur de LIANCOURT. [p. 115]
  • Hydapse : Tragédie (1645)
    On attribue cette pièce à Urbain Chevreau. Gustave Boissière (p. 125 ) signale qu'il n'a pas pu retrouver le texte de cette pièce pas même à la bibliothèque de la Comédie Française où elle y aurait été jouée en 1645. Elle est par ailleurs signalée et attribuée à Urbain Chevreau dans beaucoup d'ouvrages dès 1737.

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Correspondance

Que nous apprend la correspondance de Chevreau sur lui-même ?

[…]Dans la partie de la correspondance que nous venons d'étudier, nous avons appris à connaître davantage Chevreau. Nous savons, désormais qu'il aimait la peinture, la musique et les femmes, mais que, sa conscience lui reprochant les « désordres de sa vie, il avait songé à se retirer dans un couvent ; qu'il avait de nombreux amis et protecteurs, correspondant également avec des officiers et des évêques, des grands seigneurs et des avocats, avec de nobles dames et des femmes de mœurs légères. il nous laisse l'impression d'un homme modeste, timoré, instruit, répandu et estimé dans le monde, en possession de dons précieux [p. 152].

A propos des lettres

«[…] la branche épistolaire de la littérature française commence à proprement parler au XVIIe siècle. »
(Sainte-Beuve).

A cette époque, « malgré l'établissement de bureaux de dépêches dans les grandes villes ; d'une petite poste à Paris et de courriers ordinaires ou extraordinaires, la transmission des correspondances n'était pas toujours exacte ni fidèle. Cela n'empêchait pas d'écrire beaucoup et l'esprit créa dans maintes circonstances, entre les correspondants, des liens peut-être plus forts que ceux du cœur. Les journaux, le chemin de fer, le télégraphe ont changé cela. Il n'y a plus, à proprement parler, de genre ni d'art épistolaire. Ce que l'on veut, c'est la sincérité, l'intimité, la vie, la non virtuosité, l'agrément ou le charme ; ce qui est utile est vrai, non ce qui est surprenant et spirituel. » [p. 130].

Lettres nouvelles (1642)

Les Lettres nouvelles sont dédiées, avec l'emphase ordinaire, au fameux financier de Montoron, à qui Corneille avait dédié Cinna. Elles datent de 1642.

Le style de ces lettres est toujours le même, d'une humilité excessive en ce qui concerne l'auteur et d'une emphase grotesque en ce qui touche au destinataire. » [p. 132]

Correspondance avec Le Fèvre, La Trémoille et Chapelain (1657 - 1663)

Plus homogène que les Lettres Nouvelles. Elle comprend trois recueils.

Correspondance avec Le Fèvre

Tanneguy Le Fèvre « fut un des correspondants et des amis les plus assidus de Chevreau, naquit en 1615 à Caen et mourut le 12 septembre 1672 à Saumur. C'est le père de Mme Dacier. Critique estimé, il fut professeur de grec à l'Académie protestante de Saumur » [p. 141].

Romans

Scanderberg (1644)

Scanderberg, est tiré d'un évènement moderne [par opposition à l'antiquité grecque ou latine], le héros ayant vécu de 1404 à 1467, et le sujet traitant de la lutte soutenue par les Albanais contre les Turcs pour le maintien de leur indépendance. » [p. 209].

Hermiogène (1648)

Hermiogène, est emprunté à l'antiquité : il y est question de la dictature de César et des aventures survenues à un prince gaulois, ami de Brutus et de Cassins. »[p. 209].

Commentaires

« …les deux sont des romans historiques et géographiques. L'auteur aidé de l'histoire et des relations des voyageurs, nous y promène en différents endroits de la Sicile et de la Gaule, de la Turquie et de l'Albanie, à travers des évènements [orthographe de 1909] imaginaires, brodés sur un canevas formé de faits réels plus ou moins habilement exploités. La multitude des détails rend parfois les narrations obscures, tandis que leur durée engendre la lassitude. Les personnages sont beaux parleurs, tendres et fidèles amants, toujours prêts à se dévouer et à mourir, vaillants et forts. Les femmes ont le plus souvent une fierté noble, mais pas toujours la constance indomptable et la parfaite égalité d'âme habituelle aux héroïnes de romans. Les félons et les traîtres dissimulent leur noirceur, mais sont infailliblement punis de leurs forfaits. Les intrigues secondaires font perdre de vue et interrompent à plusieurs reprises l'action principale. Partout des conversations interminables, où les idées générales font d'ordinaire les frais ; où l'on disserte plus qu'on ne cause ; où l'on s'analyse plus qu'on ne raconte ; où le soupçon et la jalousie des amants alternent, dans une  régularité légèrement fastidieuse, avec les larmes, les excuses et les protestations d'amour, lors même que l'un deux n'ignore pas l'affection qu'il inspire ; où toutes les raisons qui décident d'un acte et d'un sentiment sont soigneusement énumérées et pesées, pour aboutir à une décision mûrement réfléchie; où malgré l'importance des intérêts en jeu, on a assez de temps et de liberté d'esprit pour disputer de questions philosophiques et autres, de prodiges, d'horoscopes, etc., tout cela d'une façon très étendue ; où des ennemis enfin se querellent, s'embrassent, se battent et se protègent tour à tour, au milieu d'un enchevêtrement des faits inextricable.

« La lenteur du style est en pleine conformité avec les dimensions du récit. Les lecteurs aimaient alors à se laisser bercer par de longues phrases enchevêtrées comme les histoires qu'elles exposent. On recherchait également les périodes harmonieusement cadencées, habilement construites, où s'étalait une logique rigoureuse, sinon toujours claire. De là les qualités et les défauts de notre auteur, dont la langue est souvent subtile, traînante, monotone, insipide, précieuse, quelques fois aussi fraîche, délicate, naturelle, sincère. » [p. 209]

« […] Chevreau n'encourt aucun reproche qu'on ne puisse adresser aux autres romanciers de son temps. il n'a fait ni mieux ni plus mal : c'est assez pour que nous lui accordions notre estime et que nous ne le chargions pas seul de tous les péchés d'Israël. » [p. 210].

Traités de morale

Tableau de la Fortune, ou, par la décadence des Empires & des Royaumes, par la ruine des Villes, & par diverses advantures merveilleuses on voit l'instabilité de toutes les choses du Monde. (1644), on nous signale une édition Edme Pepinge, Paris, 1655.

L'École du Sage (1646).

Considérations fortuites de Joseph Hall (1648).

Tranquilité de l'Esprit, traduction de l'anglais Joseph Hall.

De la Providence ou de la Justice divine (1652)

Le Philosophe moral (1656)

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Poésie

  • Poésies (1656)
  • Odes
    • A la Reine de Suède
    • Le Tableau de la Guerre civile
    • A Madame de Pons, depuis duchesse de Richelieu
    • Stances
    • La Belle Gueuse
    • La Belle en deuil
    • La Belle aveugle
    • La belle prisonnière
    • Mademoiselle de Normandie la Suze
    • Le Jaloux
    • L'indiscret
    • A la Dame avare
    • Pour une Dame qui se disciplinait
    • Une Vieille amoureuse
    • Sur une absence
    • A la mémoire de Balzac
    • Madrigaux
    • Pour une belle Egyptienne
    • Madame la Comtesse de la Suze, peinte avec une couronne de laurier dans la main
    • Madame la Baronne de Chaumont sur son nom de Marianne
    • Mademoiselle de la Suze
    • Mademoiselle de Couet depuis Madame du Boistet
    • Carite (2 madrigaux)
    • M***
    • Philis
    • Amaryllis
  • Madrigaux
    • « …le deuxième madrigal à Carite est bien fait.» [p. 266] 

      J'aime Carite qui me fuit,
      Je hais Climène qui me suit,
      Et, dans cet état déplorable,
      Où mon coeur est d'amour et de haine enflammé,
      Je serais plus heureux si j'étais plus aimable,
      Et serais plus content si j'étais moins aimé.

  • Epigrammes
  • Epitaphe
    • Sur la belle fille noyée
      «L'Epitaphe unique du recueil: " Sur la belle fille noyée", manque totalement de sentiment, sinon d'esprit. Elle compte dix vers […]. Voici le trait final. »(V.7-10) [p. 269] 

      Mais voyez l'étrange puissance
      Et le bizarre effet de l'eau :
      Une Vénus y prit naissance,
      Une autre y trouve son tombeau.

  • Chansons
    • Deux « chansons adressées à Philis par un amant, qui déclare, comme tous les vrais amants mourir sans se plaindre des coups de sa maîtresse ». [p. 269].
  • Sonnets
    • « Le sonnet fut à la mode au XVIIe siècle, comme le madrigal et l'épigramme. […] Chevreau ne résista pas au courant. Si ses sonnets ne sont pas sans défaut, […] ils ne sont pas dépourvus de toute qualité. » [p. 270] 
  • Virelai
    • Urbain Chevreau n'a écrit qu'un seul virelai ; paraît-il peu moral ?
  • Rondeau
    • Pour une dame qui aimait un jeune garçon
  • Poèmes sans caractère défini
    • Désespoir amoureux
    • Heureux impuissant
  • Élégies
    • Deux élégies qui semblent sans intérêt
  • Poèmes héroï-comiques
    • Le Remède d'Amour
    • Narcisse
    • Procris
  • Ballets
    • Fragment du ballet des libéralités des dieux
    • Ballet de la félicité

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L'Histoire du monde (1686)

Urbain Chevreau avait déjà publié ses Pièces de Théâtre, un certain nombre de "Lettres", deux "Romans", des " Traductions" et" imitations" de Joseph Hall, de Saint Jean Chrysostome et de Théodoret, lorsqu'il songea à écrire L'Histoire du Monde. C'était vers 1654.

L'Histoire du Monde est dédié à " son altesse Sérénissime Monseigneur Le Duc de Maine, colonel général des Suisses et des Grisons, gouverneur du Languedoc".

Dans son épître dédicatoire, Urbain Chevreau rappelle que la passion remarquée et dominante de Monseigneur est l'amour de la gloire. Il a procuré à l'auteur, dans la solitude, un « repos tranquille dont l'on ne jouit peut-être presque point ailleurs, que par une espèce de miracle » ( Il s'agit sans doute d'une pension qui lui avait été allouée à la suite de l'éducation du Duc du Maine et qui lui permettait de mener à Loudun une " vie heureuse".

Dans L'Avertissement placé aussitôt après la dédicace et textuellement reproduit, dans sa première moitié, au commencement du livre VI, l'auteur donne la division de son histoire en huit livres avec un bref résumé des sujets traités dans chaque livre :

Le Premier

contient l'Histoire des Peuples de l'Orient depuis la Création (Assyriens,

Mèdes et Perses), avec des Remarques chronologiques sur l'Histoire Sainte et sur l'Histoire grecque.

Le Deuxième

traite des" conquêtes d'Alexandre" et des " royaumes de Macédoine, de Syrie, d'Egypte", formés des débris de son empire, avec des nouvelles Remarques chronologiques sur l'Histoire Grecque.

Le Troisième et le Quatrième

renferment " l'Histoire romaine depuis la fondation de Rome jusqu'à Domitien et depuis Domitien jusqu'à la prise de Constantinople", avec les " Remarques chronologiques sur l'Histoire ecclésiastique et sur la Profane".

Ces quatre premiers livres forment un premier tome : les quatre autres constituent le second.

Le Cinquième Livre

parle des" Arabes et des Turcs", depuis leur origine jusqu'à l'époque contemporaine, avec les " Observations sur ce qui s'est passé de plus remarquable dans le monde sous les califes et les empereurs ".

Le Sixième Livre

traite de «quelques villes considérables ": Babylone, Ninive, Jérusalem, les principales villes de la Phénicie, Sicyone et Argos, Crète, Chypre, Troie, Carthage, Athènes, Sparte ou Lacédémone, Corinthe, Numance et Rome.

Le Septième Livre

nous découvre les Sept Merveilles du Monde si vantées et pourtant pas si grandes qu'on les a faites ; Le Colosse de Rhodes, Le Mausolée, Le Jupiter Olympien, les murailles et les jardins suspendus de Babylone, Le Temple de Diane à Ephèse et le Temple de Jérusalem. Chevreau estime cette dernière Merveille bien supérieure aux autres et la substitue au Labyrinthe, à la Tour de Pharos ou au Temple de Jupiter Hammon, cités ailleurs.

Le Huitième Livre enfin

s'occupe de l' « Inde occidentale ou Amérique (du Mexique et du Pérou en particulier)3 et de l'Inde orientale » ( de la Chine spécialement.)

Des Remarques et une "Table générale terminent le second tome, comme d'autres Remarques et Une Table avaient terminé le premier.

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Remarques sur les œuvres de Malherbe

Nous savons que le marquis de Chandenier, retiré dans ses terres, accueillait avec la plus grande affabilité ceux qui venaient le visiter. Scarron écrit en effet, dans son "Epitre à M. de Turènes (sic) 

Chandenier dans Loudun s'égaie
De bals, ballets, collations,
Et toute la ville défraie
De comiques inventions...

Mais, si l'on s'amusait bien auprès de Chandenier, on y travaillait ferme. Le noble marquis était un homme de goût et de lecture, ami des « mâche-lauriers » et des savants. L'un de ses commensaux (le Père Frizon, un Jésuite) lui rend ce témoignage.

...gratae carpit artis amore
Phoebigenas doctosquealios; quae cuique facultas,
Hospitio donisque favet studiisque lacessit.

C'est dans la « magnifique » demeure de ce « Père » des belles choses que Chevreau, ayant un jour « pris Malherbe », fit plus de la moitié de ces Remarques en moins de trois heures, sans autre dessein que celui de se divertir.

M. de Chandenier vit ce travail et pressa l'auteur d'y introduire tout l'ordre et tout l'ornement dont il était susceptible. Chevreau y consentit et, au bout de dix jours acheva ses Observations, ce qui lui fut d'autant plus facile qu'il avait une fort heureuse mémoire et « avait employé près de quatre années à lire avec une assiduité incroyable tout ce que nous avons de beau des Anciens et Modernes ». Ces détails nous sont communiqués dans un « avertissement du lecteur » rédigé « par Monsieur Le Fèvre », ami de Chevreau, habitué comme lui du château hospitalier. Il ajoute qu'il s'est chargé de publier ces Remarques, parce qu'elles contiennent une infinité de choses rares et curieuses, dont le Public peut tirer du plaisir et du service ».

La première édition des « Remarques sur les œuvres poétiques de M. de Malherbe par M. Chevreau » parut à Saumur, chez Jean Lesnier, en 1660. Elle n'est pas accompagnée du texte même des œuvres poétiques de Malherbe et occupe 126 pages. C'est une critique, non une réédition des Poésies du Maître.

Note

Scarron
«Voir " Recueil des épitres en vers burlesques" de M. Scarron et d'autres auteurs sur ce qui s'est passé de plus remarquable en 1655. Paris, Alex Lesselin, 1656, in-4°. » Note apparaissant dans la thèse de Gustave Boissière (retour)

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Les Œuvres mêlées

Les Œuvres mêlées sont avant tout un recueil de Billets (ou lettres rédigées librement), des explications de passages grecs ou latins, italiens ou espagnols, des réponses sur certains points obscurs de l'écriture ou de notre langue; des dissertations curieuses ( notamment sur les Psylles qui avaient la vertu d'endormir les serpents et de guérir leurs morsures). Des poésies et des Portraits. 

Il faut considérer ses Œuvres Mêlées, avec le Chevraeana, comme le digne couronnement de la carrière littéraire de Chevreau. Avant de mourir, dans sa retraite studieuse de Loudun, il résolut de " mettre en rôle" ce qui, dans ses œuvres, lui paraissait mériter l'attention.
La correspondance datée s'étend du 1652-12-16 au 1695-02-18.
Aux premiers billets Chevreau avait 39 ans, il en avait 82 aux derniers.

Ce premier billet est adressé de Paris à Madame La Comtesse de la Suze, il n'accepte pas ses louanges qu'il ne mérite pas et il ajoute galamment :

Jugez pourtant si cet honneur me touche,
« Puisqu'il est vrai que jamais écrivain
« Ne fut loué d'une plus belle bouche
« Ni couronné d'une plus belle main.
« … »

Le billet à Monsieur de Razilly, nommé gouverneur de Hagueneau ne contient ni date ni indication de lieu, Chevreau était sans doute revenu à Loudun car il dit à son correspondant qu'il serait allé le voir si l'amour lui avait laissé la liberté de quitter sa province ( on ne sait quel amour tenait alors notre auteur). Du 15 juillet 1656 au 12 février 1662 tous les Billets viennent de Loudun…

Urbain Chevreau, grammairien disait à la fin de son douzième Billet envoyé de Loudun "je vous envoie mes Remarques sur celles de Vaugelas et je les crois sûres, si on les examine par la grammaire, par l'autorité des bons écrivains et par l'usage. Dans vingt ou trente ans on ne recevra peut-être pas ce qui est admis aujourd'hui et il n'est pas sûr que les quarante de l'Académie imposent leurs lois à tous. Comment fixer la langue d'un peuple qui considère comme jargon le parler de Henri III ; qui se préoccupe surtout de changer de mode et ne trouve de grâce que dans la nouveauté ? "

On voit par là combien étaient grandes l'indépendance de Chevreau vis à vis de Vaugelas et de l'Académie, sa déférence pour l'usage et sa confiance dans la sûreté de son jugement.

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Autres œuvres

  • [Les] Portraicts des hommes illustres françois qui sont peints dans la galerie du palais cardinal de Richelieu… desseignez & gravez par… Heince & Bignon… ensemble des Abregez historiuqes [sic] de leurs vies composez par M. de Vulson… [Ded. à Séguier, à St-Aignan, Préface, vers par Beys Furetière, La Coste, Chevreau, M. L. C. D. S. A., Vignier, Avertissement au lecteur, Vers par de Prade, de Bergerac, Le Bret, Du Manoir, N. Houdin.]. (1650).
  • Chevreana
    Curieux essai tentant de démontrer la décadence du monde par des formules historiques en relation avec les sectes et les religions.
  • Brieve relation de la vie de Christine reyne de Suede,Iusques à la demission de sa Couronne : et son arrivée à Bruxelles(par Urbain Chevreau ou Saint-Maurice) (1655).
  • Le Tableau de la Fortune dicié en trois livres. Ou [sic] il es [sic] traité de la décadence des Empires, & des Royaume [sic]. De la ruine des Villes, & des malheurs qui sont arrivez [sic] au Monde par les Elemens [sic]. De ceux qui sont arrivés aux Roys [sic], aux Princes, aux Courtisans, aux aventuriers dans les Tournois, & dans les Duels; aux Sçavants [sic], aux Dames, & toutes sortes de personnes, par diverses aventures. Ouvrage enrichy [sic] de plusieurs Remarques Morales, Politiques & Naturelles chez J;-B. Loyson, Paris, 1659, 502 p.
    Recueils d'anecdotes réelles sur les heurs et malheurs des hommes.

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Ouvrages sur Urbain Chevreau

Urbain Chevreau 1613-1701 - Sa Vie - ses Œuvres. Étude biographique et critique accompagnée de l'analyse et de nombreux extraits des différents ouvrages de l'auteur.
Thèse présentée à la faculté des lettres de Poitiers pour le doctorat es-lettres par Gustave Boissière professeur de seconde au lycée de Niort, agrégé de l'Université. Édité en 1909, chez G. Clouzot, libraire-éditeur 22 rue Victor-Hugo, F - 79000 - Niort.

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