A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Scévole de Sainte-Marthe
(1536 Loudun — 1623 Loudun)
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
C'est ainsi que des deux titres qu'avait Scévole de Sainte-Marthe à l'admiration de ses contemporains, la beauté de sa poésie et la grandeur de ses vertus civiques, nous préférerons peut-être le second au premier. Ce sont des qualités si rares que la fermeté du caractère, le désintéressement et la droiture ! Elles étaient particulièrement méritoires à une époque où notre pays était démoralisé par les scandales, les excès et les violences des guerres religieuses et les discordes civiles. Par contre, la culutre gréco-latine, d'où procède la poésie de Sainte-Marthe, était das sa caste une élégance commune et comme un apanage de sa famille. Tout ne conspirait-il pas, autemps de son adolescence, à enrichier son esprit et à affiner songoût ?
J. Plattard
Scévole de Sainte-Marthe déclara que Marc-Antoine de Muret lui avait enseigné les secrets de la langue latine. Remarquons que ce professeur avait enseigné à Poitiers, quelques temps.
Scévole revint dans la région, à Poitiers, pour y étudier le droit. La faculté avait alors un rayonnement qui dépassait les frontières et de nombreux étudiants y venaient non seulement de toute la France, mais aussi de Suisse, d'Italie, d'Espagne, d'Écosse, des Pays-Bas et d'Allemagne.
Scévole acheva ses études de droit à Bourges auprès de Duaren.On le trouve à namur, à Rouen, à Bordeaux où il rencontra Montaigne. Il accompagne Charles IX et Catherine de Médicis qui entreprit de monter le nouveau roi dans les prvinces du royaume. Mais c'est surtout à Paris qu'il rencontre Ronsard, de Baïf, Rémy Belleau, Dorat.
Il fréquenta aussi la maison de Jean de Morel, maréchal des logis de Catherine de médicis, maître d'hôtel du roi, gouverneur de Henri d'Angoulême. L'épouse de jean Morel écrivait en latin et leur fille écrivait des vers latins, en grec et en français. Là, il rencontre Michel de l'Hôpital qui devint ensuite chancelier de France et accorda sa protection à Scévole de Sainte-Marthe.
A 25 ans (1561 à un an près), il se maria. Il revint alors vivre à Loudun où il mène une vie qu'on dit oisive. Mais à la naissance de son premier fils Abel, il achète une charge de contrôleur général des finances.
En 1587, [pendant les guerres de religion] les partis ennemis eurent de nombreuses escarmouches aux environs de Loudun et le roi de Navarre [futur Henri IV] vint jusqu'à Sammarçolles. La même année les protestants, qui avaient encore la prépondérance, mirent la ville à deux doigts de sa perte : au mois d'octobre, le duc de Joyeuse, passant par Loudun avec une nombreuse armée, fit demander aux habitants l'entrée de leur ville; un refus insolent fut toute la réponse faite à Joyeuse qui, furieux, fit préparer ses troupes pour donner l'assaut. En cette heure d'angoisse les Loudunais mirent leur dernière espérance dans l'illustre Scévole de Sainte-Marthe qui vivait retiré dans son château de Chandoiseau; un exprès lui fut adressé et Scévole se rendit en toute hâte auprès de Joyeuse; les supplications et l'éloquence de grand homme arrachèrent au duc la grâce de Loudun. Dans leur allégresse ses compatriotes, d'un assentiment unanime, lui donnèrent le titre de Père de Patrie.
Jules Robuchon
1892
J'ai passé mon printemps...
J'ai passé mon printemps, mon été, mon automne ;
Voici le triste hiver qui vient finir mes voeux ;
Déjà de mille vents le cerveau me bouillonne ;
J'ai la face ridée et la neige aux cheveux.D'un pas douteux et lent, à trois pieds je chemine,
Appuyant d'un bâton mes membres languissants,
Mes reins n'en peuvent plus, et ma débile échine
Se courbe peu à peu, sous le faix de mes ans.
Une morne froideur sur mes nerfs épanchée
Engourdit tous mes sens, désormais curieux,
D'un glaçon endurci j'ai l'oreille bouchée,
Et porte en un étui la force de mes yeux.Mais bien que la jeunesse en moi ne continue,
Dieu, fais que mon amour me conserve le cœur !
Autant que de mon sang la chaleur diminue,
Daigne de mon esprit augmenter la vigueur.Que sert de prolonger une ingrate vieillesse,
Pour regarder sans fruit la lumière du jour !
Heureux, qui sans languir en si longue vieillesse,
Retourne de bonne heure au céleste séjour !Scévole de Sainte-Marthe
Ce poème se trouve sur plusieurs sites Internet mais aucun ne donne de quel ouvrage il est extrait ni le nom d'un traducteur éventuel. Il faut rappeler que Scévole de Sainte-Marthe mourut presque nonagénaire.
Scévole de Sainte-Marthe avait vécu, pendant de longues années loin de sa ville natale, mais il ne l'oubliait pas plus qu'elle ne pouvait l'oublier lui-même. Il revint à Loudun, en 1618, à l'âge de 82 ans, pour y fixer sa résidence et y goûter un repos largement mérité. Il se retira dans un hôtel qu'il s'était fait construire et que naguère encore l'on pouvait admirer.
Quand Sainte-Marthe eut fixé sa résidence à loudun, sa maison devint le rendez-vous d'une société brillante et lettrée.Théophraste Renaudot vint y passer cinq mois. C'est là qu'il rencontra Urbain Grandier, qu'il y put apprécier ses brillantes qualités et se lia avec lui d'una amitié qui lui demeura toujours fidèle. Renaudot ne craignit pas de faire l'éloge de Grandier, en 1634, dans Gazette de France, journal officiel de Richelieu.
L'hôtel de Sainte-Marthe était fréquenté par ce que la ville de Loudun comptait d'esprits cultivés, tels que le bailli Cerizay de la Guérinière, Urbain Grandier, et Louis Trincant, procureur du roi. Après Grandier, Louis Trincant était le préféré de Scévole de Sainte-Marthe, qui le regardait comme un fils.
Loudun
D'autres personnages fréquentèrent ce cercle. On peut citer Ismaël Boulliau, J.-A. De Thou, et probablement le roi d'Angleterre.
Mais Scévole
de Sainte-Marthe mourut en 1623 et le cercle périclita.
Je me trouvais en présence d'un affable et souriant vieillard, de taille médiocre, mais encore vigoureux, alerte et bien droit, le front large et dégarni, la bouche belle et vermeille, sous une barbe aussi blanche que la neige, les yeux vifs et clairs.
Tristan l'Hermite
Le Page disgracié
Vous allez ouïr l'homme le mieux disant de mon royaume.
Henri IV
en présentant Scévole de Sainte-Marthe
Le nom de Sainte-Marthe est l'un de ceux dont le pays a raison d'être fier.
Voltaire
Les mots de cette
citation ne
sont peut-être pas exacts car celle-ci a
été traduite de l'anglais. Encore
une fois, nous soulignerons combien les Américains publient
plus que nous sur Internet. On peut imaginer que bientôt,
il faudra lire les auteurs français en anglais si l'on veut
les consulter sur Internet.
George de Scudéry à M.de Sainte-Marthe.
Monsieur,
N'ayant pas l'honneur d'être connu de vous, je n'aurois pas aussi la hardiesse de vous faire une prière, si elle ne regardoit votre gloire aussi bien que ma satisfaction; mais ne doutant point que vous ne soyez sensible à cette noble passion des grandes âmes, j'ose vous dire qu'après avoir assemblé les portraits de tous les illustres de notre nation, je croirois n'avoir rien fait si je n'avois celui du grand Scévole, et comme je sais que vous en avez un, je vous supplie, Monsieur, de me le vouloir prêter pour en tirer une copie; je le conserverai avec soin, et vous le renvoyerai dans peu de jours. Je m'assure que vous ne condamnerez pas mon dessein, puisqu'il n'a pour objet que la réputation d'un homme à qui vous devez la vie; et, pour vous montrer que c'est dans votre maison que je cherche les grands personnages, mon laquais a ordre de vous faire voir le portrait de votre grand oncle. Que si mon nom par malheur n'a pas l'honneur d'être connu de vous, notre ami commun, M. Colletet, vous assurera qu'on me peut confier toute chose, et moi je vous assurerai qu'après cette grâce je serai toute ma vie, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
De Scudéry
Note
Les pièces de Georges de Scudéry (1601-1667) eurent un succès égal à
celles de Corneille,
bien que son talent fut loin du grand auteur dramatique. Sa sœur,
Madeleine de
Scudéry, avait plus de talent que lui.
La lettre ci-dessus n'était datée.
Scévole de Sainte-Marthe eut 9 enfants. Charles et Diane sont morts respectivement âgés de 4 et 3 ans, emportés par le petite vérole.
Abel (Loudun, 03-05-1566 - Poitiers, 07-11-1652)
Scévole II (Loudun, 20-12-1571 - Paris, 07-09-1650), frère jumeau de Louis, écuyer, sieur de Meré-sur-Indre, historiographe du roi.
Louis (Loudun, 20-12-1571 - Paris, 1656), frère jumeau de Scévole II, écuyer, sieur de Greloy, historiographe du roi.
Pierre (1578 - 29-04-1634), seigneur de la Jaltière, trésorier général de France.
Irénée, sieur des Humeaux, receveur des tailles à Loudun.
François, sieur de Nouère.
Abel-Louis (1621-1697), fils d'Abel.
Nicolas-Charles (1623-1662), fils d'Scévole II, prieur de Claunay.
Pierre-Scévole (1618-1690), fils de Scévole II, historiographe du roi à parit de 1643, auteur de L'estat de la Cour des Roys de l'Europe chez Bobin et Le Gras, Paris, 1670, 615 pages.
Scévole (? - 17-09-1652)
Marie-Gabrielle
Denis (1650-1725), petit fils d'Abel Ier
Jacques, fils de Marie-Gabrielle et de Charles de Villarmois.
Pierre (1618-1690), historiographe,
Abel (1620-1671)
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A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2015-12-20 - 10:30:58
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