A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Abel Louis de Sainte-Marthe
1621 Paris — 1697
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Abel-Louis de Sainte-Marthe, fils d'Abel Ier (1621 à Paris - 1697) fut d'abord avocat (1641), puis entra chez les Oratoriens, devint général de l'ordre en 1669, fut censuré par l'archevêque de Paris Harlay et disgracié sous Louis XIV comme suspect de jansénisme, et fut forcé de se démettre. Il recueillit de riches matériaux pour le Gallia christiana, et pour un recueil plus vaste encore, l'Orbis christianus. ».
Bien que Abel[-Louis] de Sainte-Marthe n'appartienne pas strictement à l'histoire de la ville de Loudun, nous ne pouvons résister au désir de montrer la pureté de sa foi, à cause des accusations accumulées contre son orthodoxie et de l'expulsion prononcée par Louis XIV contre ce vénérable supérieur général de l'Oratoire. Il y a des gens pour lesquels oratoriens et jansénistes, c'est tout un. C'est là une grave erreur. Il y eut sans doute des oratoriens compromis dans l'hérésie, tels que Quesnel et Duguet ; mais on les força à quitter la congrégation.
On a donc dirigé une accusation précise contre le R. P. de Sainte-Marthe, cinquième général de l'Oratoire. Or voici la vérité :
Ouvrons les Relations des Religieuses de Port-Royal. Nous y voyons que le P. de Sainte-Marthe, uni par les liens du sang à plusieurs membres de cette communauté rebelle, y allait fréquemment pour les exhorter à se soumettre aux décisions de l'église et qu'il réussit à désabuser quelques religieuses.
A peine élu général en 1672, il demanda aux membres de sa Congrégation la soumission aux décrets du pape. En 1675, il fait voter un ordre aux professeurs de théologie d'enseigner la seule doctrine de saint Augustin et de saint Thomas, interprétée par les théologiens romains. En 1681, nouvelle assemblée, nouvelles précautions prises contre la secte.
Mais l'exil du R. P. de Sainte-Marthe, comment l'expliquer ? Un seul mot explique tout : l'opposition déclarée de l'archevêque de Paris, M. de Harlay, contre le général de l'Oratoire. Celui-ci avait dû s'opposer à l'entrée à Saint-Magloire de douze boursiers de Paris. Il n'en voulait admettre que huit, à cause de l'excédent des dépenses de sa maison sur les recettes. De là l'animosité de l'archevêque, qui mit tout en œuvre pour perdre le général de l'Oratoire dans l'esprit de Louis XIV(1).
Note
(1) Ingold, L'Oratoire et le jansénisme au temps de Massillon, Paris? 1880, p. 7.Loudun
M. De Sainte-Marthe, confesseur de cette maison [Port-Royal], sautait la nuit par-dessus les murs pour aller porter la communion aux religieuses malades, et cela de l'avis de l'évêque d'Aleth ; en sorte, nous dit Racine, qu'il n'en est pas mort une sans les sacrements. Ce même M. De Sainte-Marthe, le plus doux et le moins audacieux des hommes, partait souvent le soir de Paris, ou de la maison qu'il habitait près de Gif, et arrivait, le long des murailles du monastère, à quelque endroit convenu d'avance et assez éloigné des gardes : là, il montait sur un arbre assez près du mur, au pied duquel, en dedans, étaient venues les religieuses du côté des jardins, et, du haut de cet arbre, il leur faisait de petits discours pour les consoler et les fortifier. C'était pendant l'hiver. On ne se séparait qu'après avoir fixé l'heure du prochain rendez-vous pareil. Voilà presque du scabreux, ce me semble, voilà les balcons nocturnes de Port-Royal. Dans la vie des personnages d'alentour, de ces nobles dames qui se dérobaient au monde pour se rattacher, par Port-Royal, à l' éternité, bien des traits délicats de cœur humain et de poésie voilée nous souriront.
Sainte-Beuve
Port-Royal
Cette démarche de secours aux religieuses est probablement plus courageuse que ne le laisse entrevoir le texte de Sainte-Beuve et contribua probablement à ce qu'Abel-Louis de Sainte-Marthe, suspecté de jansénisme, fût obligé par Louis XIV de se démettre de sa charge de supérieur général de l'Oratoire. Ne retrouve-t-on pas là, l'esprit de Scévole de Sainte-Marthe, son grand-père, qui pendant les guerres de religion entretenait des rapports avec les protestants malgré sa charge officielle.
On remarquera la différence dont les relations d'Abel-Louis de Sainte-Marthe sont relatées chez Sainte-Beuve et chez Auguste-Louis Lerosey. Ce n'est pas la première fois que nous trouvons le discours de Lerosey emprunt d'orthodoxie affirmée.
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Dernière modification : 2008-01-02 - 12:13:05
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