A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Château de la Mothe-Chandeniers
France — Vienne
Jean-Claude Raymond Fernande Germain
Table des matières
C'est au milieu d'une grande masse de bois que s'élève le château de la Motte-Chandeniers, ancien fief qui relevait du roi. Dès le XIIIe siècle cette seigneurie, alors appelée la Motte de Bauçay était possédée par l'illustre famille de Bauçay. Après la mort de Marie de Bauçay, la Motte fut attribuée à Jean de Rochechouart puis possédée par François de Rochechouart. François de Rochechouart, marquis de Chandoiseau, ayant suivi le parti de la Fronde, fut en 165O exilé de la cour; pour se venger, il attira auprès de lui tout ce que la France comptait de noms illustres et pendant quelques années il eut autour de sa personne une véritable cour. Parmi ceux qui vinrent le visiter dans son château de la Motte de Bauçay appelé depuis Motte-Chandeniers, nous citerons le jésuite Léonard Frizon, assez bon poète latin, qui, pour reconnaitre l'hospitalité qu'il avait reçue du marquis de Chandeniers, lui dédia, en 1657, un poème intitulé Motha Candeneria. A cette époque, François de Rochechouart était à l'apogée de sa fortune et son luxe devait bientôt décliner. Sous le nom de Chlore, le poète, guidé par le seigneur lui-même, visite le château, dont il donne une description fort intéressante: comme aujourd'hui ce monument était entouré d'eaux vives, une longue allée aboutissait au portail qui était surmonté d'une statue en bronze doré représentant Clytie, fille de l'Océan, flanquée à droite et à gauche de deux guerriers en marbre; puis on franchissait les douves sur un large pont et on pénétrait dans une grande cour entourée de cyprès nains; ici, nous dit le poète, François de Rochechouart vient le recevoir et le conduit sur une immense terrasse dont l'entrée est gardée par deux énormes lions de bronze ; ils visitent ensuite les salles, la bibliothèque et l'arsenal, « partout la richesse, le luxe et le goût offrent une splendeur véritablement royale ». Le Seigneur le fait passer sur un balcon d'où l'on découvre la campagne environnante; « dois-je, seigneur, s'écrie-t-il, en croire à mes yeux ? n'est-ce point un magnifique tableau, inventé par le génie, exécuté par le pinceau d'Appelles ? » Après avoir contemplé ce spectacle pendant quelques instants, Chlore s'arrache à son admiration et, sur les pas de son guide, descend par un escalier suspendu, véritable chef-d'œuvre, dont les degrés enchaînés artistement ne se soutiennent que par leur propre poids; ils pénétrèrent à droite dans une merveilleuse chapelle encombrée de meubles précieux et d'objets d'art; une grande statue de marbre de Paros frappe surtout les yeux du visiteur qui lit sur le socle : Don de la Ville de Gênes; le marquis de Chandeniers s'approchant, lui explique que cette statue de la Vierge a été offerte en témoignage d'estime et de respect à son aïeul, François de Rochechouart, qui, au temps du roi Louis XII, avait été pendant quelques années gouverneur de Gênes. Au milieu de cette chapelle, Chlore contemple le tombeau en marbre blanc de Marie de Bellenave, épouse de son compagnon, enlevée à la fleur de l'âge en donnant le jour à un fils. Sortant du château, le poète visite successivement les écuries où se trouvent réunies les plus rares races de chevaux, les jardins, où sont installés des jeux et un théâtre champêtre; au point d'intersection des allées s'élève une pyramide dont la base est formée par des globes de fer réunis ensemble, le sommet est occupé par une Renommée de bronze doré qui semble porter jusqu'aux astres le nom et les armes des Rochechouart. « Chlore, malgré sa surprise, cédant aux aimables engagements du seigneur, célèbre le château et ses maîtres, fait retentir tout l'Olympe des expressions d'une reconnaissance qu'il tenait depuis longtemps captive au dedans de son cœur ». Pendant douze ans François de Rochechouart soutint ce luxe inouï ; mais en 1668, à bout de ressources, il dut abandonner La Motte à ses créanciers, qui vendirent cette terre à Marie de Rochechouart, sa sœur; celle-ci ne la conserva pas longtemps et la céda à Nicolas de Lamoignon, seigneur de Basville dont le fils Guillaume Urbain de Lamoignon, comte de Courson, engagiste de Loudun, eut trois filles dont l'une épousa René Charles de Maupéou, vice-chancelier et garde des sceaux de France à qui La Motte fut attribuée par acte de Desplasses notaire au Châtelet du 23 avril 1766. Le dernier possesseur était Monsieur le baron Lejeune.
Renvoi : La Motte-Chandeniers, poème latin par Léonard Frizon, traduit par Amiet, curé de Bournand, Loudun , Bruneau-Rossignol, 1839.
Robuchon
in Paysages et monuments du Poitou
Détruit
à la Révolution, quand François
Hennecart racheta le château en 1809,
le château primitif était ruiné. Il
entreprit de le restaurer. Son but
était de lui redonner sa splendeur passée. Le
domaine qui l'entoure
fut également aménagé. Des canaux
furent creusés, des allées
furent tracées. Un vignoble fut planté.
Dans
une seconde phase, Hennecart entreprit une reconstruction sur les bases
existantes. Fut élevé, dans le style gothique
anglais, un nouvel
édifice s'inspirant des châteaux de la Loire. On
en retrouve les
tourelles, les clochetons, les tours d'angle, les fenêtres
à meneaux.
Une copie de l'escalier de l'aile François Ier du
château de Blois y
existerait. Entouré d'eau, il n'est pas sans rappeler
Azay-le-Rideau.
Il était considéré alors par les gens
de la région comme un joyau. Il
aurait très bien pu servir de décor pour des
films féeriques.
Malheureusement, comme souvent dans les décors, il ne reste
plus que
les murs car il fut détruit par un incendie en 1932.
Le château de la Mothe-Chandeniers appartenait toujours à la famille Hennecart lorsqu'il brûla en 1932. Le propriétaire à cette époque était passionné de chevaux de course. Il partageait cette passion avec un personnage héros d'une anecdote rapportée dans Aranei-Orbis.
Guy Germain, époux de Fernande Germain contributrice assidue à Aranei-Orbis, se rappelle bien l'incendie du château. La nouvelle s'était rapidement répandue à Loudun. Il avait alors 10 ans. Tôt le matin, il était parti avec ses parents. Sa maman conduisait la voiture. Une femme au volant d'une automobile était alors chose exceptionnelle. Lorsqu'ils arrivèrent, le château n'était qu'un énorme brasier. La foule qui était nombreuse malgré l'heure matinale ne pouvait que regarder le désastre s'accomplir. La chapelle située derrière le château fut épargnée et elle existe encore de nos jours. Le château n'est plus qu'une ruine.
Les
photographies aériennes de la Mothe-Chandeniers offrent une
perspective
saisissante du château dans l'état actuel (2007).
Il a en effet brûlé
le 1932-03-13.
Façade des ruines du château. Photo ©PixAile.com
Arrière des ruines du château. Photo ©PixAile.com
D'autres photographies de ces ruines par ©PixAile.com.
La carte ci-dessous a été élaborée avec Google Maps France. En cliquant sur Agrandir le plan au-dessous de la carte vous pouvez accéder à toutes les fonctions offertes par Google Maps.
Cliquer sur les repères pour avoir un commentaire et généralement un lien (texte en bleu) vers un article de la galaxie des sites Aranei-Orbis.
Autres cartes proposées par A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du PoitouCes cartes concernent les entités géolocalisables (villes, villages, hameaux, monuments) décrites dans les sites de la galaxie Aranei-Orbis.
Consulter http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_la_Mothe-Chandeniers sur l'encyclopédie libre Wikipédia.
Accès aux bases de données du Ministère de la Culture (architecture, mobilier, iconographie...).
Retour à l'article Histoire régionale .
A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2018-02-12 - 16:15:00
Contact | Aranei-Orbis ? | Recherchons | Aide | Crédit | Nouveautés
Copyright :© Aranei-Orbis - 1997 - 2018 - Toute reproduction, adaptation, traduction réservée.