A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Le Baudet du Poitou
L'âne - l'animal, la symbolique, la littérature, la religion
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Si vous vous promenez en Poitou ne dites surtout pas qu'on y trouve beaucoup d'ânes. D'abord parce que ce n'est pas vrai. L'espèce a failli disparaître. L'Institut national d'agriculture (INA) donne en 1998 le chiffre de 122 individus en France et 179 en Europe (75 mâles et 104 femelles). On n'en comptait que 44 en 1977. De plus, vous risqueriez de vous voir rétorquer : «Beaucoup passent, peu restent».
Si l'âne du Poitou ou baudet du Poitou a failli disparaître, il est aujourd'hui protégé et beaucoup de sites sur Internet lui sont consacrés. Qu'est-ce qu'un baudet ? En langage vulgaire c'est un âne. Pour les spécialistes le baudet est l'étalon de l'ânesse et de la jument[17]. Cette remarque dépasse le seul intérêt lexicographique. En effet, le croisement d'un baudet et d'une jument donne un grand mulet ou une mule. Le croisement d'un cheval et d'une ânesse donnant le petit mulet ou bardot, ou la petite mule dénommée aussi barda ou barde. Heureusement pour le baudet, le mulet est toujours stérile, la mule rarement féconde. Mais le mulet est un animal particulièrement intéressant. On dit qu'à poids égal il est capable de porter plus que le cheval. En plus il a le pied sûr ce qui le rend incomparable dans les régions escarpées. Il fut très employé lors des guerres jusqu'en 1914-1918. Les taxis de la Marne marquèrent un tournant décisif dans l'utilisation des engins motorisés, les véhicules automobiles allaient remplacer les mulets. Et, plus besoin de géniteurs ; le baudet faillit disparaître. Pour plus de renseignements rendez-vous à l'INA, vous y trouverez une photographie d'un baudet avec ses longs poils et des explications sur la tentative pour sauvegarder l'espèce.
La tête est imposante et longue. Le garrot ne doit pas être marqué et le dos plat et allongé. La croupe est courte et arrondie. Les membres sont forts, les pieds larges et couverts de longs poils. Lorsqu'il n'est pas étrillé, les poils sont emmêlés et tombent en touffes imposantes. À ce propos la photographie proposée par l'INA montre l'animal tel qu'on pouvait le rencontrer dans les champs autrefois. Il est vrai qu'ainsi, son allure dépenaillée n'est pas forcément à son avantage. Mais ainsi vêtu il défie les intempéries.
Le mulet du Poitou, qui réunit les qualités des deux êtres dont il est issu : à la sobriété et à la résistance de l'âne, il joint la grande taille et la force de la jument mulassière. Très robuste, il rend plus de services ;que le cheval dans les travaux qui exigent de l'endurance et de la force : c'est avant tout une bête de trait.
L'essor pris par l'industrie laitière est tel que bon nombre de petits propriétaires ont remplacé une ou deux juments mulassières par des vaches et que la production du mulet est en baisse sérieuse.
A Souché
in Loudun et les Pays loudunais et mirebalais,
Imprimerie Nouvelle H. Robert à Loudun, 1927
La place de l'âne dans la France rurale fut très importante comme géniteur de mulets mais aussi parce que les femmes pouvaient l'atteler à de petites charrettes. Elles pouvaient ainsi lui faire transporter des charges modestes. Il servait d'animal d'appoint pour les petits travaux de la ferme. Pour beaucoup de petits métiers, il était le seul animal de trait.
L'âne est un animal qui refuse les contraintes trop fortes d'où son entêtement bien connu. Il regimbe peu mais reste immobile obstinément lorsqu'il refuse d'obéir. Qu'on le tire ou qu'on le pousse, il oppose alors la plus grande inertie. Cette posture est d'autant plus remarquable que le port de la tête assez grosse semble dire : « Cause toujours ». Si cela est vrai du cheval, c'est encore plus vrai de l'âne - il faut savoir lui parler. On dit du cheval qu'il se dresse, de l'âne qu'il s'éduque. Devant un danger le cheval prend peur d'où la nécessité pour certains d'entre eux de leur mettre des œillères ; l'âne réfléchit. Ceux qui ont eu des chevaux et des ânes disent qu'avec l'âne, il faut rechercher la symbiose ; avec le cheval, il faut montrer qu'on est le plus fort.
Il n'y a que les rustres pour rudoyer leur âne, pour les autres il est bien souvent un ami comme le décrit Fernande Germain dans son poème Notre ami l'Âne.
Comme le cheval et le mulet qui furent utilisés pour le roulage des wagonnets dans les galeries de mine, on faisait intervenir l'âne dans les galeries basses. Quelques fois, elles étaient si basses que les ânes ne passaient pas debout. D'autres fois, des trous étaient aménagés entre les traverses pour leur donner un peu d'espace, ils devaient poser leur sabot à ces endroits bien précis.
D'anciens mineurs racontent que certains ânes savaient compter le nombre de wagonnets accrochés au bruit du déclic d'accrochage et refusaient d'en tirer plus d'un certain nombre.
L'âne et ses grandes oreilles sont le symbole de l'ignorance. Cette conception est-elle générale ?
Des symboles très lointains :
En Inde, l'âne est chevauché par
des
divinités néfastes.
Parmi les périls que les âmes des anciens
Égyptiens devaient affronter après la mort, le
plus redoutable était l'âne rouge.
Les alchimistes
L'âne est le démon à trois têtes : le
mercure, le sel, le soufre. Comprenne qui pourra ?
En Chine
L'âne blanc peut être la monture des Immortels.
Chez les bouddhistes
Les grandes oreilles sont équivalentes d'intelligence.
Chez les Anglais
On coupait les oreilles des ânes afin qu'il n'entendissent pas les
choses indiscrètes.
Dans la religion chrétienne, la place de l'âne est difficile à cerner.
L'âne est associé au bœuf dans la crèche. On me racontait quand j'étais enfant qu'ils réchauffaient l'enfant Jésus. Mais des esprits distingués assurent que l'âne s'opposerait au bœuf et représenterait le mal. Il paraîtrait que ces animaux ne doivent leur présence dans la crèche qu'à une fausse traduction de versets d'Habacuc (le 8e des petits prophètes juifs) et d'Isaïe (le premier des quatre grands prophètes, il est considéré comme le plus éloquent), officiant l'un et l'autre au VIIe siècle av. J.-C.
L'ânesse seule accompagne la Sainte Famille. On peut se demander ce qu'est devenu le boeuf de la crèche ?
Le fait que le Christ chevauche une ânesse et non un âne ne serait pas anodin. Certains expliquent que le symbole serait que le Christ aurait ainsi dompté le mal. Mais l'ânesse représenterait la connaissance. Dans la Bible l'ânesse est présentée sous un jour favorable - symbole de la paix, de la pauvreté, de l'humilité et du courage.
L'âne apparaît dans le bestiaire sculpté des églises du Moyen Âge avec les autres animaux dans l'épisode de l'arche de Noé. Mais les sculpteurs lui rendent aussi hommage dans l'aide qu'il a apportée à la construction des églises et des cathédrales.
Une aimable tradition raconte que si seize bœufs sont campés dans les baies, bien haut sur les tours de Laon, c'est un hommage rendu à ceux qui ont monté sur la colline abrupte tant de lourds fardiers chargés de pierre pour le chantier. Et dans un sentiment tout semblable, au XVIe siècle, au palais Pitti de Florence, un bas-relief témoigne des mérites de cette humble ânesse qui porta les marbres et les bois nécessaires à la construction. Des chapiteaux […] comme celui de Chatel-Montagne […], un âne bâté, si las, la tête basse, la queue basse --témoignent dune véritable sensibilité[…] à l'égard de ces bons serviteurs.
V.-H. Debidour
in Le Bestiaire sculpté en France
Arthaud, Paris, 1961, p.187
Les animaux musiciens sont courants dans le bestiaire médiéval, chien à tête de singe violoniste, truie jouant du tuba (musée de l'Échevinage à Poitiers), chèvre flûtiste, bouc cithariste, âne jouant de la lyre ou du psaltérion, ou encore de la vielle. On peut interpréter l'âne musicien comme un lourdaud prétentieux. Mais dans la fable de Phèdre, il «reconnaît humblement son incompétence. Bien sûr, en principe, ce sujet implique une intention morale de mise en garde contre l'orgueil[…] L'âne, assis sur son derrière, et caressant de ses gros sabots les cordes de son instrument, c'est d'abord une drôlerie, et c'est tel qu'il s'est imposé. Avec toute la spontanéité dune fantaisie joviale, on brode de toutes manières : le baudet ouvre la bouche toute grande, et l'on devine que la délicatesse de ses vocalises ressemble à celle de son toucher.
L'âne musicien semble avoir un goût particulier pour les instruments à cordes pincées :
L'ânesse de Balaan est aussi un sujet. Bien évidemment on retrouve sculptée l'ânesse de la fuite en Égypte et l'âne de la rentrée à Jérusalem. Une représentation de Balaan les deux pieds reposant sur son ânesse est donnée sur le portail du transept de la cathédrale de Chartres.
Il est bien triste cet âne dont on a perdu le nom. Seul nous est resté, le fait rapporté par la Bible suivant lequel Samson tua un jour un grand nombre de Philistins avec une mâchoire d'âne. Mais cela se passa en des temps bien anciens au XIIe siècle avant Jésus-Christ.
Déjà à l'époque du Christ, il semble bien que l'âne et l'ânesse soient les animaux de bât des gens humbles. Imagine-t-on les Romains en Égypte chevauchant des ânes ? Il y a toujours un côté comique à voir un homme chevauchant un âne, les jambes ballantes, agitées au rythme rapide du pas de l'âne. Alors que chevauchant un cheval, le cavalier domine la piétaille.
Âne (n. m.) Bête de somme qui a de longues oreilles. (cf. Dictionnaire de l'Académie française, 5e édition 1798).
Bardin (n. m.) Bardine (n. f.) : âne, ânesse en parler poitevin et tourangeau.
Baudet (n. m.) : âne et plus spécifiquement étalon de l'ânesse et de la jument (voir mulet).
Bardot
(n. m.) ou bardot (n.
m.): petit mulet, produit de l'accouplement d'un cheval et d'une
ânesse (Cf.
Dictionnaire de
l'Académie française,
5e édition 1798).
Le bardot marche ordinairement à la tête des
autres mulets et porte le muletier avec ses provisions et ses
ustensiles (Dictionnaire
de l'Académie française 6e édition
1835).
Bourri ou borri ou encore borricot (n. m.) : en parler tourangeau un bourricot est un ânon. On peut traiter un enfant de bourriquot pour désigner plutôt amicalement un jeune enfant qui s'entête dans une entreprise insurmontable pour lui.
Bourricot ou bourriquot (n. m.) : provient de l'espagnol borricco, utilisé en Algérie avec une nuance de diminutif. Petit âne.
Bourrique (n. f.). Ânesse. On appelle aussi bourrique toute sorte de méchants chevaux dont on se sert à divers usages comme pour porter des herbes au marché, pour porter du plâtre, etc.
Au sens figuré et familier le mot bourrique est utilisé pour désigner tout ignorant. Taisez-vous, petite bourrique, en parlant à un enfant ou encore Ce médecin est une bourrique. (Cf. Dictionnaire de l'Académie française, 5e édition 1798).
Bourriquet (n. m.) (Dictionnaire de l'Académie française 6e édition 1835).: ânon, âne de petite taille.
Grison (n. m.) : désigne le
baudet, en
effet l'adjectif grison est
appliqué aux personnes et au animaux qui ont le poil gris.
La Fontaine emploie plusieurs fois ce mot : ex.
« Un Vieillard sur son
Âne aperçut en passant
« Un pré plein d'herbe et fleurissant.
« Il y lâche sa Bête, et le Grison se rue
« Au travers de l'herbe menue,… »
La Fontaine, Le Vieillard et l'Âne, Livre sixième, VII
Hémione (n. m.) : (du grec hémionos
qui signifie demi-âne) vit en Asie occidentale.
Mule (n. f.) (cf. Dictionnaire
de l'Académie française,
5e édition 1798).
Mulet (n. m.) : produit mâle de l'accouplement d'un baudet et dune jument (femelle la mule), (cf. Dictionnaire de l'Académie française, 5e édition 1798).
Onagre (n. m.) : (du grec onagros qui signifie âne sauvage) âne sauvage de grande taille. Les ânes de notre régions sont des ânes d'origine africaine où l'on rencontre les ânes vrais descendant de l'âne sauvage de Somalie ou de Nubiek. L'onagre avait au Moyen Âge la particularité de braire douze fois par nuit le 25 mars.
Roussin d'Arcadie (n. m.) : a probablement un sens de dérision quand on sait que le roussin est un cheval entier (non croisé), un peu épais, de taille moyenne. L'Arcadie (région de la Grèce) était célèbre par ses ânes. Le mot roussin peut même devenir péjoratif quand on sait qu'il provient de l'allemand Ross (cheval) qui a aussi donné Rosse en français qui désigne un cheval sans force et sans valeur. J'ai rencontré des gens qui utilisaient cette expression pour désigner les gendarmes.
Âne bâté : personnage
qui porterait une lourde charge d'inintelligence, vient probablement
qu'un âne trop chargé refuse d'obéir.
Âne débâté
(Dictionnaire de
l'Académie française 6e édition 1835)
: se dit d'un homme adonné aux femmes.
Ânerie stupidité,
ignorance grossière, bêtise, sottise, propos ou
acte stupide.
Bête comme un âne
Bardot (Dictionnaire de
l'Académie française 6e édition 1835)
se dit d'un homme sur qui les autres se déchargent de leur
tâche ou qu'ils prennent pour sujet de leurs plaisanteries.
Bonnet d'âne : faut-il rappeler ces
images,
aujourd'hui anciennes, d'écoliers au
coin, coiffés d'un bonnet affublé de 2 grandes oreilles.
Chargé comme un mulet (une mule) : fait
référence à l'aptitude du mulet
à transporter des charges imposantes.
Contes de Peau
d'âne (Dictionnaire de
l'Académie française 6e édition 1835)
: se dit de petits contes inventés pour l'amusement des
enfants.
Coup de pied de l'âne :
basse vengeance d'un faible contre un plus fort une fois affaibli.
(signification curieuse quand on sait que l'âne ne regimbe pratiquement
pas).
Dos d'âne : forme arrondie, bosse, route en
dos
d'âne.
Faire l'âne : faire l'idiot.
Faire l'âne pour avoir du son : un
équivalent pourrait être prêcher le
faux pour savoir le vrai.
Faire tourner en bourrique
: faire devenir fou en particulier par des changements incessants
d'arguments ou d'ordres contradictoires.
Faute
de cheval, on se sert d'un âne : on est bien obligé
de se
contenter de ce dont on dispose.
Faut pas plus charger l'âne qu'il ne peut porter : il
ne faut demander à quelqu'un plus qu'il ne peut faire.
Ferrer la mule ; profiter sur l'achat
qu'on fait pour un autre (Dictionnaire de l'Académie
française 5e édition 1798).
Il
cherche son âne, et il est dessus :
en
parlant d'un homme qui cherche ce
qu'il a entre les mains (Dictionnaire de l'Académie
française 5e édition 1798).
Il tient sa
gravité comme un âne qu'on étrille
: comme nous l'avons vu le pelage du baudet est très long ;
paisible, il se laisse étrillé sans bouger comme
s'il se recueillait.
L'âne au milieu des singes.
Le pont aux ânes :
désigne un savoir accessible m^me par les moins
intelligents. En mathématiques, il désigne le
théorème de Pythagore suivant lequel, dans un
triangle rectangle, le carré de la mesure de
l'hypoténuse est égal à la somme des
carrés des mesures des côtés de l'angle
droit.
Mulet
: dans les courses automobiles de formule 1 voiture de remplacement en
cas d'indisponibilité de dernière heure de la
voiture mise au point.
Oreilles d'âne : les oreilles
des écoliers s'allongeraient proportionnellement
à leur absence de travail. et seraient une marque du mauvais
élève.
Parlez à
cet âne, il vous répondra des pets
: le summum de la bêtise et de l'absence de
civilité en quelque sorte.
Peau d'âne : la pauvre
Peau-d'Âne était vêtue dune peau de cet
animal - la dégradation la plus grande. Perrault nous fait
découvrir la beauté sous cette
dépouille. Ne serait-il pas également beau sous son pelage ?
Ricaner : auriez-vous pensé que ricaner met
en scène
l'âne ? D'après Roger Dubuis dans son Lexique
des Cent nouvelles nouvelles a
trouvé dans des textes anciens le verbe racaner.
Racaner au départ
signifiait crier comme un âne c'est-à-dire braire.
Pour vous montrer
que votre âne n'est qu'une bête (Dictionnaire
de l'Académie française 6e édition
1835):
pour vous faire voir que vous vous trompez.
Sentier muletier : sentier de montagnes
où seuls les mulets pouvaient s'aventurer. Le mulet a hérité de l'âne
son aptitude à marcher sur des sols inégaux.
Soûl
comme une bourrique : qui a vu
une bourrique soûle ? encore des mauvaises langues !
Tête
de mule ou de mulet : le mulet et la mule auraient donc
hérité le
caractère asinien de leurs parents. Eux qui ont le pied si
sûr, qui portent des charges proportionnellement des charges
supérieures à ce que peut faire le cheval. Il
refuserait de travailler ?
Têtu comme une mule.
A force de le charger l'âne s'affaisse :
En toute chose, il ne faut pas aller trop loin ne pas demander à
quelqu'un plus qu'il ne peut faire.
Laver la tête d'un âne, on y perd que la
lessive
(Dictionnaire de l'Académie française 6e édition
1835) : >en clair, l'âne serait indécrottable. En fait
l'âne n'aime pas être humide. L'âne se
ménage quand il peut une aire sans herbe afin de pouvoir s'y
rouler. C'est son moyen de lutter contre les parasites, c'est aussi le
moyen de se sécher. Laver un âne il ira se rouler dans la poussière.
Âne qui pète n'est pas mort :
Je suppose que l'âne pète lorsqu'il fait des efforts. En effet, à
Poitiers, où j'étais étudiant, il y avait une rue dénommée
Rue-du-Pet-à-l'Âne. Avec ma vieille 2 chevaux, je
devais utiliser la première vitesse tant la pente était raide.
A petit âne grande queue :
La revanche du pauvre qui recèle en lui des ressources cachées.
Bâtard, bossu ou mule, à chaque jour malice
en tête :
Les exclus n'ont souvent qu'une seule issue celle de se
comporter de manière non conventionnelle, que de provoquer pour montrer
qu'ils existent.
Faire boire un âne qui n'a pas soif, c'est perdre son temps.
Fais comme ton âne qui ne boit qu'à sa
soif :
L'âne résiste très bien à la chaleur et
à l'aridité car il a la possibilité
d'arrêter sa transpiration.
L'âne se reconnaît aux oreilles et le fou au parler.
Il est bien âne de nature, qui ne saurait lire son écriture.
Le papier est un bon âne, il porte tout ce
qu'on lui met dessus :
Ce proverbe évoque la résistance de l'âne et son aptitude à
porter de lourdes charges qui
sont supérieures à celles que peut porter le cheval relativement à
leurs poids réciproques.
On ne saurait faire boire un âne qui n'a pas
soif
(Dictionnaire de l'Académie française 6e édition
de 1835). On ne saurait obliger une personne entêtée à faire ce qu'elle
n'a pas
envie de faire.
Bien des proverbes ci-dessous ne montrent pas les femmes sous leur meilleur angle, notez qu'ils ne reflètent pas la pensée d'Aranei-Orbis. Mais ces proverbes existent ; fallait-il les censurer ?
Rappelons au passage que, dans une perpective plus large, lorsque Aranei-Orbis essaye de faire revivre le passé son but n'est pas de montrer que le passé était l'âge d'or et qu'il faut reprendre des préceptes, des comportements anciens pour les appliquer aujourd'hui. Nous considérons notre histoire, notre patrimoine culturel comme des réserves pour susciter la réflexion, en tirer des leçons mais aussi éviter de retomber dans leurs travers.
Lire notre article Hommage aux célébrités de A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou qui ont pris le parti des femmes.
A vieille mule, frein doré :
(Dictionnaire de l'Académie française 5e édition 1798) se dit d'une
vieille femme qui aime se parer. Elle est celle qui
s'entête à vouloir paraître jeune.
Belle femme mauvaise teste, bonne mule mauvaise beste, bon pais mauvais chemin, bon advocat mauvais voisin. (à rapprocher de toute médaille a son revers).
Défie-toi de femme et de mule car toujours en font quelqu'une [bêtise].
D'une mule qui fait hi, d'une femme qui parle latin, méfie-toi.
Mener une femme et une ânesse ne se font pas sans peine : nous plaçant dans une perpective non sexiste, nous estimons que ce proverbe montre que l'ânesse n'est pas prête à faire n'importe quoi et qu'elle n'est pas un animal servile ce qui est à porter à son crédit.
Mule et femme le bâton les améliore.
Une bonne femme, une bonne chèvre, une bonne mule sont trois mauvaises bêtes.
C'est un sot en trois lettres : (âne)
Grosse tête peu de sens : n'y-a-t-il pas là une allusion à la grosse tête du baudet du Poitou et son inintelligence prétendue ?
Il a les genoux gros : là encore le baudet du Poitou est choisi pour les fortes articulations de ses membres. Celui qui a de gros genoux ne serait-il pas lourdaud ?
Parler à cet âne, il vous répondra des pets : le summum de la bêtise et de l'absence de civilité en quelque sorte.
Le pont aux ânes : désigne un savoir accessible même par les moins intelligents. En mathématiques, il désigne le théorème de Pythagore suivant lequel, dans un triangle rectangle, le carré de la mesure de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des mesures des côtés de l'angle droit.
Défie-toi de femme et de mule car toujours en font quelque une [bêtise].
D'une mule qui fait hi, d'une femme qui parle latin, méfie-toi.
Mener une femme et une ânesse ne se font pas sans peine : nous plaçant dans une perpective non sexiste, nous estimons que ce proverbe montre que l'ânesse n'est pas prête à faire n'importe quoi et qu'elle n'est pas un animal servile ce qui est à porter à son crédit.
Mule et femme le bâton les améliore.
Une bonne femme, une bonne chèvre, une bonne mule sont trois mauvaises bêtes.
Il est bien âne de nature, qui ne saurait lire son écriture.
L'âne au milieu des singes.
Il tient sa gravité comme un âne qu'on étrille : comme nous l'avons vu le pelage du baudet est très long ; paisible, il se laisse étrillé sans bouger comme s'il se recueillait.
Âne bâté : personnage qui porterait une lourde charge d'inintelligence. L'âne sait refuser le travail en particulier les charges trop lourdes. Les ânes portent en général assez facilement 80 kilogrammes.
En dos d'âne « élévation ou bosse présentant deux versants opposés. » in le Petit Robert, 1991. Cette définition s'oppose à celle du Dictionnaire de l'Académie française, édition de 1835 : « se dit de certaines choses qui sont ou qui semblent formées de deux parties réunies ensemble de manière à présenter une pente, un talus de chaque côté. » Cette définition semble plus conforme à l'anatomie de l'âne qui a un dos très creux.
L'Âne d'or ou les Métamorphoses. Apulée y fait une peinture de la vie et de la société du IIe siècle, on y trouve le mythe de Psyché et de l'Amour.
Balaan, devin de Mésopotamie, est appelé par Balak, le roi de Moab, pour maudire les Israélites qui menaçaient son territoire. Balaan, sur son ânesse se mit en route. La Bible raconte qu'un ange empêchait l'ânesse d'avancer. Balaan l'ayant frappée, l'ânesse se mit à parler, lui reprochant sa trop grande dureté. Enfin, pour finir l'histoire, sous la contrainte de Yahvé, Balaan ne put que bénir par trois fois Israël.
Jean Buridan (né vers 1295, mort après 1358), recteur de l'Université de Paris fut un philosophe scolastique. Il appartint à l'école des philosophes qui cherchèrent à « détruire les entités trop vite conçues et idolâtrées par l'esprit humain. »
Il aurait proposé le sophisme suivant, imaginant un âne ayant également fin et soif. Placé à égale distance d'un seau d'eau et d'un seau d'avoine, la question était de savoir par quoi l'animal allait-il commencer. Ou si faute de pouvoir se décider, il allait mourir de faim. Mais jamais on a vu un âne mourir en pareille posture. En fait, il voulait démontrer que l'âne n'est pas une machine, en effet, une machine ayant également soif et faim n'aurait pas su décider. Le débat ne fut pas clos pour autant après cette expérience ; même le grand Descartes considéra les animaux comme des machines ne réagissant qu'un des réflexes.
De l'âne de Sancho Pancha et de la rosse de Don Quichotte : lequel est le plus risible ?
Yahvé dit :
Qui a libéré l'âne sauvage ?
Qui a défait ses liens ?
Je lui ai donné le désert pour demeure,
La plaine salée pour habitat.in Le Livre de Job
<(La plaine salée est la vallée de l'Arava, dépression désertique entre la mer Rouge et la mer Morte.)
La Fontaine y fait dire à l'un des deux ânes :
Seigneur, trouvez-vous bien injuste et bien sot
L'homme cet animal si parfait ? Il profane
Notre auguste nom, traitant d'âne
Quiconque est ignorant, d'esprit lourd, idiot :
Il abuse encore d'un mot,
Et traite notre rire, et discours de braire.
A sa mort, Francis Jammes veut se présenter devant Dieu avec les ânes>
PRIERE POUR ALLER AU PARADIS AVEC LES ANES
Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille,
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles."
Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
d'une façon bien douce et qui vous fait pitié.
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles,
suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternelJammes Francis
in Prière pour aller au paradis avec les ânes
J’AIME L’ÂNE
J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d'orge.
Il va, près des fossés,
d'un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête
parce qu'il est poète.
Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux coeur,
tu n'as pas sa douceur :
car il est devant Dieu
l'âne doux du ciel bleu.
Et il reste à l'étable,
résigné, misérable,
ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.
Il a fait son devoir
du matin jusqu'au soir.
Qu'as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l'aiguille...
Mais l'âne s'est blessé :
la mouche l'a piqué.
Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.
Qu'as-tu mangé, petite ?
- T'as mangé des cerises.
L'âne n'a pas eu d'orge,
car le maître est trop pauvre.
Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l'ombre...
La corde de ton coeur
n'a pas cette douceur.
Il est l'âne si doux
marchant le long des houx.
J'ai le coeur ulcéré :
ce mot-là te plairait.
Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris?
Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme
est sur les grands chemins,
comme lui le matin.
Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?
Je doute qu'il réponde :
il marchera dans l'ombre,
crevé par la douleur,
sur le chemin en fleurs.Jammes
in J'aime l'âne
Les ânes roux chargés de coffres et de caisses
Broutaient en titubant des roses, et les soirs
S'irritaient des grelots tintés par les ânesses
Trottant parmi les béliers et les boucs noirs.Henri de Régnier
La Vigile des grèves
in Poèmes anciens et romanesques
Curieux quatrain dans lequel les ânes apparaissent dans ce long poème, au même titre que les Marchands durs sortis des Tyrs et des Carthages, les Bouffons et les Astrologues, les grands Chevaliers d'ombre et de fer, des Pèlerins, sous la cagoule et sous la loque, les Apôtres drapés en gestes d'Évangile et les Barbares blonds épars à l'aventure. Pourquoi cette place dans l'aventure humaine, dans la vision du poète ? Âne qu'as-tu fait pour hanter ainsi notre imaginaire ? Par ton obstination à refuser certaines tâches trop dures n'es-tu pas la conscience de l'homme ? N'es-tu pas l'exemple qui refuse le compromis qui est la condition de l'homme. J'avais déjà depuis mon plus jeune âge une faiblesse pour toi. Mon père m'avait souvent dit qu'une domestique qui travaillait dans la ferme de son père disait dans son français approximatif en parlant de l'âne : Monsieur l'Âne. Elle avait quitté son pays d'Europe centrale qui ne savait nourrir sa famille. L'âne avait-il compris la détresse de cette jeune femme déracinée ? lui, qui sait quand il le faut manger les chardons acérés où il trouve pour compagnon le minuscule chardonneret.
Or ça de par Dieu, j'aimerais par le fardeau de Saint-Christophe, autant entreprendre tirer un pet d'un âne mort que de vous une résolution.
Rabelais François
in Tiers Livre, 36
Le baudet du Poitou fait l'objet d'une remarquable opération de sauvegarde dans le monde avec le Service des haras du ministère de l'Agriculture, en liaison avec des éleveurs et le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin.
Le lieutenant Simpson transportait pendant la Grande Guerre les blessés sur le dos de Murfy. Un jour le lieutenant fut tué par l'ennemi. L'âne ramena le blessé qu'il transportait. Il reçu pour ce bon comportement une distinction militaire.
Santos-Dumont utilisait un âne pour tirer ses aéroplanes, en particulier quand il battit son record de 200 mètres. Ce détail est presque toujours oublié.
L sur la butte Montmartre était le rendez-vous de peintres qui s'opposaient au cubisme. Par dérision, il trempèrent la queue d'un âne dans différentes couleurs. L'animal en remuant la queue réalisa à son insu un barbouillage que les plaisantins vendirent. L'histoire ne dit pas si l'âne eut double ration après la vente.
L'âne va croire que je ne peux pas marcher. Il va me mépriser.
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Dernière modification : 2015-11-18 - 09:12:52
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