A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Richelieu - la ville et le château
texte d'A. Tornez
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Le texte reproduit ci-dessous est de A. Tornezy ; il est extrait ainsi que les gravures de Paysages et monuments du Poitou de Robuchon. Richelieu est aujourd'hui en Indre-et-Loire et n'est donc pas dans la région Charente-et-Poitou comme indiqué dans le texte ci-dessous.
Édité en 1864, le terme aujourd'hui se refère à cette époque. Les reproductions des gravures sont de mauvaise qualité, ayant travaillé à partir de photocopies.
Le Poitou a l'honneur de compter parmi ses enfants le plus grand des ministres de l'ancienne monarchie, le plus illustre des hommes d'État de notre pays, l'Éminentissime cardinal duc de Richelieu.
Ce que ce cerveau puissant a remué d'idées, ce qu'il a conçu de projets presque tous réalisés, il m'est bien impossible de le rappeler dans ce court travail ; il me faudrait retracer des évènements qui ont fait du règne de Louis XIII l'un des plus remplis de notre histoire, passer en revue les péripéties des guerres religieuses, les grands incidents de la politique étrangère, descendre même à des temps plus modernes pour y rechercher les conséquences des pensées profondes du cardinal, et ce n'est pas pour écrire un traité d'histoire de France que je prends la plume aujourd'hui. Loin de convier le lecteur à une étude sérieuse de faits historiques que tout le monde connaît, je veux me borner à le conduire à Chinon, ce charmant petit coin de Touraine qui doit son grand renom à la plus vaillante des femmes, à Jeanne d'Arc. De Chinon, en une demi-heure, nous arriverons à Richelieu. C'est là qu'ensemble nous ferons une courte excursion dont, je l'espère, il conservera bon souvenir, pour peu qu'il aime l'architecture grandiose, la belle peinture, la statuaire antique.
Peut-être la connaissez-vous déjà, lecteur, cette ville étrange ; peut-être avez-vous déjà foulé du pied ces larges dalles ; peut-être avez-vous déjà vu cette grande rue, toute droite, aboutissant à un vaste parc, dont les vertes frondaisons cachent les ruines d'une splendide demeure ? Alors, dites-moi, lorsque vous avez parcouru ces voies solitaires, lorsque vous avez vu ces maisons parfaitement alignées, construites toutes sur un plan uniforme, inhabitées pour ainsi dire et dans lesquelles la vie ne se manifestait que par la présence de quelque vieille femme assise à sa fenêtre, que le bruit de vos pas réveillait de sa torpeur, ou qui abandonnait un instant ses aiguilles et son tricot pour vous regarder passer avec surprise, n'avez-vous pas rêvé des cités d'un autre âge ? N'avez-vous pas pensé que vous étiez transporté dans une ville endormie, momifiée, dont vous veniez troubler le long sommeil ? N"avez-vous pas revu ces cités antiques qui dorment dans le silence de la lave ou de la cendre, et ne vous-êtes vous pas dit ! C'est le Pompéi de la Touraine.
C'est cette nécropole que je veux faire revivre sous vos yeux ; c'est à ce château princier que je veux rendre toute sa splendeur, l'éblouissement de ses lumières, l'éclat de ses dorures, le miroitement de ses bronzes et de ses marbres, le magnifique reflet de ses peintures, le charme de ses jardins et de ses bosquets et, c'est pour accomplir avec moi cette résurrection momentanée que je vous prie de vouloir bien me suivre pour un moment.
S'il est un évènement ici-bas qui soit digne d'attirer notre attention, de captiver notre esprit, de le tenir sans cesse en éveil, c'est assurément la naissance d'une ville. Rien n'est plus intéressant, rien n'est plus passionnant que de voir l'humble village se transformer petit à petit sous nos yeux : c'est d'abord une première maison qui s'élève ; d'autres lui succèdent, s'accrochant les unes aux autres, se soutenant mutuellement comme pour s'entr'aider en naissant. Puis, on commence à apercevoir un plan bien défini, des rues qui se croisent et courent de droite à gauche, des places qui s'accusent nettement, des édifices qui montrent leurs façades. L'homme fait son apparition. Chacun se case, chacun cherche le jour, la lumière, organise son existence tranquille ou court fiévreusement aux affaires. Enfin, la ville est fondée ; les rues se peuplent, les places s'emplissent d'un monde qui ne demande qu'à vivre. Une nouvelle fournilière humaine vient de s'établir qui va contribuer pour sa part au bien-être et à la richesse du pays. Ce que nous ne voyons pas à notre époque, ce que nous ne verrons sans doute jamais, nos pères du XVIIe siècle l'ont vu, eux ! Ils ont assisté à ce coup de baguette magique qui, d'une petite gentihommière, a fait un splendide château — qui, de rien, a fait quelque chose, — car il n'y avait rien sur l'emplacement où s'élève encore aujourd'hui la ville qui porte le nom de grand cardinal.
Laissez-moi vous rappeler en peu de mots comment germa dans l'esprit de Richelieu la pensée de cette transformation et dans quelles conditions il l'exécuta.
La famille de l'Éminence rouge, qui était de bonne noblesse et pouvait fairte montre de nombreux quartiers, possédait dans la paroisse de Braye-sous-Faye un simple fief sur lequel s'élevait un modeste logis où, de père en fils, on était né, on avait vécu de cette existence calme, terne, sans grand relief, qui était alors celle des gentils-hommes de province. Ce fut d'abord, dès le XIIe siècle, la terre de Richeloc appartenant, à cette lointaine époque, à Hugues de Mausson, qui y édifia un castel gothique et une petite chapelle. Tout auprès de Richeloc était situé le fief du Plessis dont les propriétaires possédaient d'importants domaines. Ce Richeloc resta aux Mausson jusqu'au XVe siècle, époque où il passa aux Clérembault par le mariage de Jean de Clérembault avec Gilette de Mausson ; mais, dès ce moment, le vocable de Richeloc a disparu et est remplacé par Richelieu.
Vers 1477, Perrine, fille de seigneur de Richelieu, épousait Geoffroy du Plessis, seigneur de la Vervolière. Il fut le constructeur du château que le cardinal davait faire disparaître en 1620 pour le remplacer par sa somptueuse demeure. Il fut aussi l'ancêtre d'Armand dont le père, François III du Plessis de Richelieu, épousa Suzanne de la Porte, fille d'un avocat du Parlement de Paris (1).
Mlle de Monpensier, la grande Mademoiselle, l'amoureuse de Lauzun, l'héroïne de la Fronde, qui fit tirer le canon de la Bastille à la journée de Saint-Antoine, et qui n'était pas suspecte d'une affection exagérée pour le cardinal, constate elle-même dans ses Mémoires que Richelieu était de bonne maison et que son grand-père, le duc de Montpensier, faisait cas des membres de cette famille comme des gens de qualité, « et, que lors, ajoute-t-elle, les princes du sang ne vivaient pas aussi familièrement qu'ils font aujourd'hui. »
Devenu premier ministre et cardinal, le premier seigneur de France après le Roi, Richelieu, n'eut qu'une pensée : fonder dans son pays d'origine, sur le lieu même où ses ancêtres avaient vécu, une demeure princière qui, par son étendue, sa haute apparence, le luxe royal dont il l'ornerait, les splendides objets d'art dont il la meublerait, pût porter au loin le grand renom de son propriétaire, flatter son immense orgueil et éclipser les fastueux châteaux de Champigny-sur-Veude et de Bonnivet, ses voisins, dont la vue gonflait d'une haine jalouse le cœur du maître du tout petit logis de Richelieu. Pour se débarasser de ces palais qui excitaient son envie et humiliaient sa toute-puissance, il y avait un moyen radical. Richelieu n'hésita pas à l'employer. Mlle de Montpensier, propriétaire de Champigny, était mineure ; Gaston, frère du roi, était son tuteur. Il exigea de lui la démolition du château. Monsieur céda devant l'impérieuse volonté du cardinal, et cet admirable modèle de l'art si gracieux de la Renaissance disparut à tout jamais, laissant le ministre maître absolu de la place. Il songea même à obtenir la démolition de la chapelle. Il tenta la chose auprès du pape Urbain VIII, qui résista énergiquement. Remercions le Pontife ; c'est à lui que nous devons d'admirer encore l'élégante architecture de la sainte chapelle de Champigny et les splendides verrières qui la décorent.
On se mit promptement à l'œuvre. En 1620, deux mille ouvriers commencèrent la construction du château. Dès le premier moment, Richelieu se trouva avec une difficulté qui semblait insurmontable. Il voulait conserver intacte la chambre qui l'avait vu naître et, pour ainsi dire l'emboîter dans les magnifiques bâtiments dont il avait conçu les plans. Il s'adressa à l'architecte du roi, Jacques Le Mercier, qui parvint à accomplir ce désir, à permettre à l'orgurilleux ministre de montrer l'humilité de ses premiers pas à côté des splendeurs de sa vieillesse ; mais ce fut au détriment de l'ordonnace intérieure du château qui, par suite, était fort mal distribué.
Et voyez ce que c'est que d'être tout-puissant ! On est servi avant même d'avoir souhaité ! Savez-vous qui réclama l'honneur de conduire les travaux, de résider à Richelieu pour faire exécuter les plans, surveiller les sculpteurs, les jardiniers, les peintres, les décorateurs ? Un autre cardinal, François d'Escoubleau de Sourdis, ancien évêque de Maillezais, général des galères pendant le siège de La Rochelle, alors archevêque de Bordeaux ! Si les dimensions de ce travail le permettaient, je produirais les lettres que Sourdis écrivait à son puissant collègue dans l'épiscopat. Elles sont remplies des détails les plus curieux, les plus intérssants sur les phases diverses de cette création magnifique je reproduirais les réponses de Richelieu qui, avec un soin méticuleux, un goût parfait, une entente vraiment admirable, dictait ses volontés de Paris ou de province, trouvant le temps, au milieu des soucis politiques, de diriger des travaux qui lui tenaient tant à cœur (2).
En 1642, tout était terminé, l'œuvre était achevée ! La terre de Richelieu, érigée en duché-pairie par lettres patentes de Louis XIII datées d'août 1631, voyait s'élever un monument que le cardinal devait considérer comme le signe indestructible de sa toute-puissance et de sa fortune.
L'extérieur était d'une ordonnance superbe ; l'intérieur, tout orné de peintures du Poussin, de Simon Vouet, de Jacques Prévost, était presque encombré des objets d'art, des statues, des bustes antiques que Mazarin, alors simple abbé, achetait pour le ministre en Italie ; que Lopez, un vieux juif morisque venu d'Espagne en France, l'un des plus célèbres marchands de curiosités de son temps, accumulait dans sa boutique de la rue des Petits-Champs, d'où s'échappaient de temps en temps, pour prendre le chemin de Richelieu, des tableaux, des tapisseries, des tentures de cuir doré ; que M. de Noyers, que Bouthilier le fils récoltaient de droite et de gauche, faisant au profit de leur illustre ami métier de racoleurs d'objets d'art. Et, pendant que toutes ces richesses s'entassaient dans le château, l'ambition du ministre n'était pas encore satisfaite, son orgueil n'était pas encore assouvi.
Champigny n'existait plus ; Bonnivet était surpassé, il restait le seul grand seigneur du Poitou. Mais, que dirait la postérité, que penseraient l'avenir, les générations futures, en face d'une ville grandiose, superbe, fondée par lui, bâtie par lui, dotée par lui de tous les organes nécessaires à sa vie matérielle et intellectuelle ! Son nom volerait de bouche en bouche jusqu'aux âges les plus reculés ; il passerait pour le génie le plus complet de tous les temps, et, si l'œuvre du ministre pouvait s'effacer de la mémoire, si le château pouvait disparaître effondré sous le poids des ans, une ville était indestructible et sa renommée serait fondée pour l'éternité.
Chez cet homme à la volonté de fer, l'exécution suivait de près la conception. En 1631, il obtint du roi des lettres patentes l'autorisant à fonder une ville près de son château ; instituant quatre foires par an dans ce bourg naissant. Pour y appeler le commerce, il rêvait de joindre par un canal la Vienne au Mable qui coule le long du parc et de la conduire jusqu'à Richelieu. Une bulle du Pape, du 7 janvier 1639, supprimait la cure de Braye et la transportait dans la ville nouvelle. Pour la desservir, le cardinal traitait avec saint Vincent de Paul et y appelait des prêtres de la mission ; il faisait construire une église par l'architecte Le Mercier, une maison pour loger les desservants ; il instituait tous les offices, sénéchaussée, prévôté et autres magistratures, et obligeait ceux qui en étaient pourvus à faire bâtir leur maison à leurs frais ; il faisait clôturer la ville, construire une halle, un auditoire. En 1633, la grande rue était presque finie et Sourdis lui écrivait : « Les maisons de la grande rue de la ville sont merveilleusement avancées ; c'est la plus belle chose du monde à voir ; il manque encore cinq maisons pour achever cette grande rue. » Enfin, pour parfaire son ouvrage, il obtenait du roi une déclaration portant établissement dans la ville de Richelieu d'une Académie ou collège royal, et les statuts et règlements de cette Académie offrent un intérêt rétrospectif tout spécial ; ils nous donnent une juste idée du genre et du degré d'instruction que l'on offrait à la jeunesse au XVIIe siècle (3). Voilà l'œuvre, conçue et exécutée dans l'espace de quelques années, et voilà le spectacle surprenant auquel nos ancêtres ont assisté !
Et voyez comme l'orgueil humain vient se briser contre une volonté plus haute et plus souveraine ! Le puissant ministre avait songé à faire du château de Richelieu le lieu de sa retraite, alors que, délivré des affaires publiques, il songerait au repos des vieux ans ; il avait rêvé d'y recevoir son souverain, celui dont il avait été le conseil toujours éclairé, sinon toujours aimable. Or, en 1642, le cardinal mourait, précédent de quelques mois Louis XIII dans la tombe. Son rêve orgueilleux était réalisé, il est vrai, mais le roi ne vint jamais admirer cette superbe création, et lui-même sans cesse accablé par les soucis de l'État, par des préoccupations politiques, il mourut sans avoir jamais pu voir, disent les historiens, ce palais et cette ville pour lesquels il avait sacrifié tant d'argent et tant de pensées. Ils se trompent pourtant ! Il y vint deux fois. La première, le 6 octobre 1627, en se rendant au siège de La Rochelle. Il y resta un jour, le temps nécessaire pour avoir avec M. le Prince, le père du grand Condé, une entrevue qui eut son importance historique et dont le récit est conservé aux Archives du ministère des Affaires étrangères. La seconde en 1632, pendant la guerre du Languedoc. La reine mère était rentrée à Paris ; des affaires d'un ordre tout privé appelèrent Richelieu au lieu de sa naissance. Il y arriva le 29 novembre et, pour rendre hommage au tout-puissant ministre, la ville de Poitiers nomma des députés qui allèrent le saluer. Mais il n'eut sous les yeux qu'un château inachevé et une ville dont les premières murailles sortaient à peine de terre.
Ce fut son neveu et son légataire, Armand-Jean Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, qui eut l'honneur d'abriter au château la Majesté royale. C'était en 1650, au mois de juillet, au moment où le prince de Condé, révolté contre Mazarin, essayait de soulever la Guyenne, de gagner à sa cause l'Aunis et la Saintonge et perpétuait ainsi les stériles agitations de la Fronde. Le parlement de Bordeaux venait de rendre une décision qui soulevait l'opinion : il dénonçait le premier ministre du jeune roi comme traître à la patrie. Il fallait sévir, sous peine de voir la sédition se propager. La cour était à Compiègne. Mazarin détermina le roi et la reine à se rendre avec lui aux portes de Bordeaux pour châtier la ville rebelle. On séjourna pendant trois jours à Richelieu et une brochure très rare nous a conservé tous les détails de cette visite royale (4).
Mais il est temps d'entrer dans cette ville nouvelle, dans ce château princier, de les étudier avec l'aide des écrivains qui les ont décrits et des artistes qui, avec leur burin, en ont fait revivre les principales beautés (5).
La ville, — nous aurons vite fait de la connaître. Une rue unique, la grande rue, est terminée à ses deux extrémités, dont l'une aboutit au château, par une place avec des pavillons doubles à chaque angle ; elle se compose de vingt-huit pavillons, quatorze de chaque côté, à portes cochères et d'une même symétrie. Il semble que ces constructions soient restées inachevées. C'était là que résidaient les notables habitants de la ville. On y trouvait la maison du sénéchal Citoys, ancien avocat à Poitiers, frère du médecin du grand cardinal ; celle du procureur, Pierre Cœur ; puis, la maison de M. de la Gasserie, chargé de la réparation et de l'entretien des chemins ; celle du jeune comte Bouthilier de Chavigny qui, pour faire sa cour au cardinal, avait voulu avoir pignon sur la grande rue. Et, à mesure qu'on avançait, c'était la maison de justice, l'auditoire, comme l'appelait Richelieu ; la maison de la ville, élevée par l'architecte Desroches ; les halles vastes et commodes autant que le comportaient les besoins de l'époque ; l'église construite sur les plans de Le Mercier, et, tout auprès, la maison des Pères de la Mission, à laquelle attenait un vaste jardin. Enfin, après avoir traversé une immense esplanade au milieu de laquelle était un vaste carré d'eau, on arrivait à l'enticour du château.
Cette cour était d'une dimension rare ; elle n'avait pas moins de 172 toises de l'époque. Le cardinal l'appelait l'anti-cour et, dans toutes ses lettres, elle est l'objet des instructions les plus détaillées et les plus précises. Les bâtiments règent tout autour ; on y entre par une porte monumentale qui occupe le centre d'une immense terrasse reliant les deux bas côtés de l'édifice.
L'art ornementé, délicatement ciselé de la Renaissance, a disparu. En architecture règent désormais d'une manière absolue la ligne droite, les façades régulières qui remplacent les constructions capricieusement contournées de l'époque précédente. Cette porte d'entrée est surmontée d'un dôme centrale au sommet duquel plane une immense Renommée de bronze due au ciseau du sculpteur Berthelot. Elle semble prendre son envol et, de ses trompettes d'airain, jeter à tous les échos du monde le grand nom de Richelieu.
Approchons de l'entrée du château. Au-dessus de la porte, à laquelle on arrive par un perron de plusieurs marches, règne un balcon supporté par deux cariatides. Ils semblent écrasés par leur charge, ces deux esclaves en marbre sculptés par l'immortel Michel-Ange, et ce sont là les morceaux les plus précieux peut-être parmi tant de richesses artistiques accumulées. Le duc de Montmorency, dont ils ornaient le château d'Écouen, les a donnés au cardinal. Au-dessus de ce balcon, dans une loggia ménagée à cet effet, est placée une statue en marbre blanc de Louis XIII, en grand et en Mars, comme l'écrit Richelieu dans une lettre à Bouthilier. Il l'a commandée à Berthelot, dont il admirait le talent, et, pour encadrer le souverain qui semble un triomphateur romain, il a placé dans des niches élevées un buste de la reine mère sculpté par Brard et une autre du roi qu'il a fait enlever à la porte du château de Limours. Tout juste au-dessus du dôme central, dans un œil-de-bœuf évidé, repose sur son socle un colossal buste de Bacchus en bronze noir. Il est placé au-dessus de la statue de Louis XIII et fait avec elle un contraste frappant.
C'était, de la part du cardinal, un témoignage de reconnaissance envers le dieu du vin ; son duché ne s'était-il pas enrichi de la plantation de la vigne ?
L'aspect de ce corps de logis principal est vraiment grandiose, et, la façade se développant à partir du pavillon central, aboutit à deux pavillons d'angle d'où partent les constrctions des bas côtés qui encadrent l'anti-cour à droite et à gauche. Ces bas côtés se terminent eux-mêmes par deux autres pavillons reliés l'un à l'autre par l'immense terrrasse au-dessous de laquelle est placée l'entrée monumentale qui donne accès à cet ensemble merveilleux. — Au centre des corps de logis latéraux, où sont des servitudes et des écuries dans lesquelles cent chevaux peuvent trouver place aisément, descendant, à gros bouillons, de balustrades en pierres tournées à jour, les eaux des douves du château ; elles tombent dans de vastes bassins dont le trop-plein, courant sans cesse le long des bâtiments, va se perdre par des grillons situés aux angles de la cour. — Ces douves, le cardinal les a fait nettoyer avec un soin méticuleux.
« J'apprends, écrit-il en 1632 au cardinal de Sourdis, que le canal est tout plein d'herbes. Il faut le vider tout à fait et arracher toutes les herbes et en ôter les racines, puis les brûler dans le fond dudit canal, et, comme il sera net à s'y promener, le remplir et y mettre un bateau et faire marché avec un homme fort et puissant qui n'ait autre chose à faire à n'y laisser jamais une herbe , mais les arracher à mesure qu'elles viendront, ce qui se peut faire avec des instruments de fer qu'on fera exprès (6). »
Puis, lorsqu'il sera complètement net, suivant son expression, il en fait revêtir de pierre dure le fond et les bords, qu'il fait entourer d'un parapet. Ainsi les eaux qui arrivent aux cascades sont d'une limpidité parfaite ; c'est une chose merveilleuse à voir, — s'écrie le bon La Fontaine, qui, en 1663, visita le château.
Enfin, pour terminer cette décoration magnifique, la façade intérieure est ornée de niches dans lesquellles sont placés alternativement trente-huit statues et autant de bustes antiques venus à grands frais d'Italie. Il est facile de reconstituer l'histoire ancienne tout entière à l'aide de cet Olympe d'admirables œuvres d'art dues au ciseau des plus illustres sculpteurs d'Athènes et de Rome.
Dans cette collection superbe, il manque cependant un morceau du plus grand prix, un buste en porphyre d'Alexandre le Grand, un de ceux que Praxitèle avait faits, car cet artiste avait seul le privilège de publier des portraits de ce prince. Le cardinal l'avait fait venir de Grèce ; il mourut avant qu'il fût arrivé. Après des fortunes diverses, il fut donné au sculpteur Girardon pour prix du mausolée du grand ministre que tout le monde a certainement admiré à la Sorbonne. Acheté ensuite par le duc d'Estrées, il devint, à la mort du maréchal, la propriété de Louis XV. Il est aujourd'hui l'un des morceaux les plus admirés de la collection des Antiques du Louvre.
Montons le
degré,
passons sous la porte d'entrée que nous venons d'admirer et pénétrons
dans le vestibule qui donne accès au grand escalier.
Là, tout est rutilant d'or, de marbre et de bronze. Partout des bustes
antiques palcés sur des gaines de marbre ; sur
les parois, des trophées en bas-relief avec des ornements de sculpture
entremêlés de sceptres, de palmes, de bannières, de
couronnes royales, le tout d'or bruni sur des fonds d'azur parsemés de
fleurs de lys d'or.
Gravissons le
grand escalier et pénétrons à droite dans l'appartement du roi.
« Ici, il y a tant d'or, écrit La Fontaine, qu'à la fin je m'en
ennuyai. »
Une antichambre précède la chambre royale. Le plafond, peint par
Prévost, représente dans une suite de caissons l'histoire
d'Achille depuis sa naissance jusqu'à ce qu'il fût reconnu chez le roi
Lycomède.
Une
superbe tapisserie de Bruxelles, tissée d'or et de soie racontant la
guerre de Troie, est tendue sur les parois. Dans un angle est une
chapelle. Le tableau de l'autel est un
admirable triptyque d'Albert Dürer : la naissance du Christ,
l'adoration, la fuite
en Égypte ; et, sur l'autel même, est placé un saint Sébastien
d'albâtre d'une grande beauté. La chambre est d'une richesse inouie.
Le plafond, divisé en travées et compartiments encadrés de sculptures
dorées, contient la suite de l'histoire d'Achille, par le même Prévost.
Les espaces libres entre les compartiements sont ornés de larges fleurs
de lys d'or bruni sur fond d'azur. La cheminée, haute et large, a pour
chambranles des termes en forme de captifs de guerre d'or bruni, qui
soutiennent des figures de plein relief couronnées de couronnes
royales. Tout autour de l'appartement règne un large lambris dont les
panneaux racontent toute l'histoire du siège de Troie. Sur les appuis
sont placés des bustes antiques, des urnes de marbres précieux. Sur les
parois de la chambre sont disposés avec art des tableaux de Poussin, de
Mantegna, de Lorenzo Costa, de Pérugin, dont l'énumération nous
entraînerait trop loin, et nous entrons dans la grande galerie.
Là, c'est un éblouissement de lumières qui, se reflétant dans des
glaces de Venise d'une pureté parfaite, font miroiter les marbres et
les ors. Vingt tableaux du célèbre Vouet représentent les conquêtes du
roi Louis XIII et de Richelieu complètent cette décoration majestueuse.
Au delà est le salon, petite salle ronde dont le plafond en forme de
dôme est soutenu par des colonnes de marbre et de porphyre de diverses
couleurs. Six statues antiques, des plus belles et des mieux
conservées, occupent les entre-colonnements. Ce sont Auguste, Tibère,
Livie, Mammée, Germanicus et Alexandre Sévère. Elles alternent avec
autant de bustes excellents de marbre blanc et d'albâtre oriental, dans
la coupole, Fréminet a peint quatre docteurs et quatre évangélistes.
Il nous faut
maintenant revenir sur nos pas, et, de retour sur le palier du grand
escalier, admirer
les salles qui sont à gauche.
C'est d'abord l'appartement de la reine, une antichambre dont les
panneaux
des lambris sont ornés de fleurs et de fruits sculptés. L'or et l'azur
éclatent partout et, sur la cheminée monumentale,
est un tableau qui représente la Justice et la Paix s'embrassant.
Dans la chambre, le plafond est à compartiments, d'où pendent
des festons, des cornes d'abondance laissant échapper des sceptres, des
couronnes, des bijoux ; les quatre coins supportent des amours
qui répandent des pierreries et des fleurs, et, dans le milieu, Vouet a
peint la dispute de Neptune et Minerve.
Tous ces ornements en or bruni produisent l'effet le plus éclatant, et
le bon La Fontaine avait raison : l'or est tellement prodigué,
que les magnifiques peintures qu'il entoure disparaissent, éclipsées
par les éclairs jaunes qu'il lance à la lumière du
jour.
Le cabinet de la reine est orné au plafond de quatre toiles de
Deruet dont Claude Lorrain a peint les paysages ; elles
représentent les quatre éléments. Et même dans la garde-robe nous
pouvons admirer, au-dessus des lambris, des compratiments dont les
cadres renferment les portraits de Henri IV, de Marie de Médicis, de
Louis XIII, d'Anne d'Autriche, de feu Monsieur le duc d'Orléans et de
tous
les princes et seigneurs les plus considérables de la Cour.
Là,
nous prenons un escalier qui nous conduit à la chambre de Lucrèce.
Elle contient une alcôve dont la boiserie est délicatement sculptée. En
guise de panneaux on a revêtu tout le tour de
la chambre de glaces, de miroirs qui donnent à cette pièce une lumière
éclatante. Au plafond sont peints des amours
qui répandent des fleurs. Sur la cheminée est un superbe tableau de
Fréminet représentant Lucrèce se poignardant
en présence de son mari Collatin et de son père.
Traversons une antichambre toute dorée d'or mat et dont les placards
des portes sont ornés de peintures représentant l'Amour conjugal, et la
Virginité, et entrons dans la chambre de Porcie
décorée d'or bruni sur des fonds d'azur, tant au plafond, croisées, que
placards et cheminée. Sur les panneaux des
portes sont peintes la Générosité et Mauvaise Fortune, et au-dessus de
la cheminée admirons un grand tableau de Prévost
qui nous montre Porcie avalant des charbons ardents après la mort de
Brutus. Voici la chambre de Moïse qui doit son nom à l'œuvre
de Simon Vouet, placée elle aussi au-dessus de la cheminée et dans
laquelle on voit le prophète faisant passer la mer Rouge
au peuple d'Israël, et arrivons aux appartements du cardinal.
L'antichambre, aussi ruisselante d'or que les autres pièces, contient
trois portraits de famille, trois chefs-d'œuvre peints par le célèbre
Philippe de Champaigne : Louis de Plessis, seigneur de
Richelieu, grand-père du cardinal, François du Plessis, son père, et sa
mère,
Suzanne de la Porte. Dans cette antichambre est une
chapelle, la chapelle privée de Son Éminence ; elle est toute
remplie de tableaux qui ne sont que des copies de Raphaël
et du Titien, mais, — chose merveilleuse et qui, à cette époque
lointaine déjà passe pour une œuvre artistique d'une
rareté unique, « on y peut admirer un saint Jérôme
dans un paysage qui est de pierres rapportées, le tout si artistement,
qu'il y a peu de personnes qui le croient peint, encore qu'il n'y ait
pas un coup de pinceau dans le tableau. »
Vous reconnaissez, n'est-pas, le travail d'un mosaïste romain ; vous savez en effet à quelle perfection rare sont arrivés ces habiles artistes.
Puis, c'est le cabinet, dont les
panneaux en octogone
sont ornés de sirènes et de coquilles, et enfin, la chambre dans
laquelle Richelieu est né, cette chambre qui avait vu s'écouler
ses premières années et qu'il avait désiré conserver intacte, meublée
d'antiques bahuts et de sièges
vénérables ! Voyez plutôt !
Au-dessus de la cheminée, un immense écusson supporte les
armes du cardinal. C'est pour ainsi dire la griffe du maitre, le signe
manifeste et éclatant de sa propriété. Et puis, c'est
là que sont réunis les peintures les plus précieuses : le
Ravissement des Sabines, par Le Bassano ; un Combat de lions
et
de cavaliers, par Rubens et Snyders qui ont uni le coloris puissant de
leur merveilleuse palette pour faire de cette toile une œuvre
incomparable ;
Judith par le Caravage ; Hercule vainqueur de l'Hydre, par Le
Josépin ; puis l'admirable portrait du cardinal par Ph. de
Chamapigen ; enfin,
un saint Sébastien d'Annibal Carrache, don du dernier duc de
Montmorency.
Avant de monter sur la charette qui le conduisait au supplice, il le donna à Richelieu, son impitoyable justicier, en même temps que les deux Esclaves de Michel-Ange que je vous ai fait admirer à l'entrée (7).
Nous
voici revenus au salon.
Nous avons fait le tour du château. Il ne nous reste plus qu'à jeter un
regard sur cette célèbre table de mosaïque
à compartiments de cornalines, d'agates, de jaspe et de lapis qui
arrache à tous ceux qui la voient, à l'entrée de
la grande galerie, des cris d'admiration. La Fontaine l'estimait
900.000 livres.
Vous venez de contempler la ville de Richelieu et son château à l'époque de leur splendeur. Voyez maintenant ce que deviennent les œuvres humaines les mieux conçues, les plus solidement édifiées, qui semblent devoir braver toutes les menaces du temps ! — La ville ! Vous la connaissez ; elle est restée ce qu'elle était à l'époque de la mort de son fondateur. Pas une maison n'est venue s'ajouter dans cette grande rue à celles qui avaient été construites de son temps ; ces maisons elles-mêmes sont restées inachevées ; plusieurs des écussons qui surmontent les portes d'entrée n'ont jamais reçu les armoiries que devaient faire sculpter soit leur propriétaire, soit le cardinal lui-même. Richelieu n'a pris aucune importance ; c'est toujours une petite ville morte, sans mouvement, sans commerce, sans industrie, simple chel-lieu de canton d'un département voisin, qui ne sera et ne pourra jamais être autre chose que le plus beau village de l'univers, suivant le mot de La Fontaine, tant son terroir est infertile, tant est grand son éloignement de tout cours d'eau navigable ou flottable. Sur ce point donc, le cardinal a mal pris ses mesures, ce qui ne lui arrivait pas souvent, et son ambition de fonder une grande ville portant son nom n'a pas été réalisé.
Le château ! Voyez ce qu'il en reste ! Rien ! Quelques bâtiments qui faisaient partie des servitudes ; — et sans les descriptions du temps, sans les planches gravées par Jean Marot et par Perelle (8) ; on ne saurait se faire même une idée de ce qu'il était ! Sur ce point encore, Richelieu s'est trompé, et ce témoignage qu'il croyait impérissable de sa toute-puissance et de sa fortune a disparu sous la pioche des démolisseurs. Décidément, ce sont encore les œuvres de la pensée qui sont les plus durables, et si le fondateur d'une ville, le créateur d'un palais ont disparu de la mémoire des hommes, Richelieu restera toujours le grand minsitre que vous savez.
Quelle étrange fortune que celle de ce château ! Ces constructions immenses résistent longtemps en général et ne succombent que sous les atteintes du temps ; lui, il a été détruit par la main de l'homme ! Au commencement de la Révolution, il appartenait au dernier duc de Richelieu, qui devint, sous la Restauration, pair de France, ministre et mourut en 1822. En 1793, il avait émigré ; le château et ses dépendances furent confisqués par la République. En l'an XI, le duc ayant obtenu sa radiation de la liste des émigrés, ses biens lui furent rendus ; mais épouvanté par les évènements qui avaient marqué la Révolution et craignant leur retour, il résolut de se défaire de cette propriété et la vendit à la société de spéculateurs que l'on appelait la Bande noire. Immédiatement, la démolition commença ; les pierres furent vendues pour servir à la construction d'autres maisons, et l'œuvre de destruction marchait si vite que Napoléon, pour empêcher la disparition complète du château, conçut la pensée d'en faire le siège d'un majorat pour un de ses généraux.
Un commissaire fut envoyé à Richelieu. Il devait étudier la question du rachat au compte de l'État ; mais il conclut à un chiffre de dépenses tellement considérable, que le projet fut abandonné, et la démolition recommença.
Elle n'était pas complète en 1824 ; on put espérer, à cette époque, sauvegarder quelques restes de cette magnifique construction. M. Pitié-Grenet venait de s'en rendre acquéreur ; il avait le respect des souvenirs du passé ; il a contribué même à sauver du désastre certaines œuvres d'art qui permettent d'affirmer que le cardinal-ministre fut le roi des collectionneurs de son temps. Ce ne fut qu'un moment d'arrêt. En 1844, la terre de Richelieu devint la propriété de Mme Chapin qui, en femme pratique, débita à la toise les quelques pierres qui restaient encore. Il est peu de fermes des environs de Chinon ou de Loudun qui n'aient été reconstruites avec les débris du château. Aujourd'hui, un riche financier, M. Heine, a acquis cette propriété célèbre. Il s'occupe, paraît-il, à reconstituer dans la mesure du possible ce qui peut encore être conservé.
Quant aux objets d'art, leur dispersion a commencé de bonne heure (9).
En 1727, le Régent achetait et faisait entrer au Palais-Royal deux des tableaux les plus précieux : le tryptique d'Albert Dürer et le Concert du Titien. Ils sont aujourd'hui en Angleterre !
Un peu plus tard, les Deux Esclaves de Michel-Ange, ces deux cariatides superbes qui supportaient un balcon au-dessus de la porte d'entrée, le buste en bronze noir antique de Bacchus, furent enlevés par le maréchal de Richelieu qui les fit placer dans son jardin de la rue Saint-Augustin, à Paris. Ils ont été sauvés à la Révolution par Lenoir. Aujourd'hui, ils sont au Louvre, le buste de Bacchus dans la salle des Antiques, les Esclaves dans la salle de la Renaissance. Si vous les voyez, examinez-les de près. Mon seulement ils constituent une œuvre remarquable, mais ils sont d'un marbre superbe et, chose curieuse, l'un d'eux est inachevé ; peut-être le grand artiste n'a-t-il pas eu le temps de terminer les pieds de la statue ; — aucun sculpteur jusqu'à présent n'a été assez téméraire pour toucher à ce chef d'œuvre.
Après l'émigration du dernier duc de Richelieu, la terre, je vous l'ai déjà dit, avait été confisquée. Le Gouvernement songea à ramener à Paris quelques-unes des œuvres magistrales que contenait le château. En 1800, Visconti et Dufourny furent chargés d'aller faire un choix. Ils mirent de côté vingt statues, vingt-trois bustes, cinq tableaux de Mantegna, de Lorenzo Costa, du Pérugin, le célèbre portrait du cardinal par Ph. de Champaigne, et la fameuse table de mosaïque. Les statues et les bustes sont dans les salles antiques du Louvre, les tableaux dans les salles de peinture, la table est l'une de celles qui garnissent le milieu de la superbe galerie d'Apollon.
En 1807, l'impératrice fit acheter par Lenoir, pour la Malmaison, la statue antique d'Apollon. Elle a passé ensuite dans la collection Pourtalès. Elle est aujourd'hui au musée de Berlin.
En 1824, M. Pilté-Grenet, devenu propriétaire de Richelieu, donne au musée d'Orléans vingt-huit tableaux provenant du château, tableaux de Ph. de Champaigne, de Crespi, les Quatre Éléments de Deruet, les Quatre Évangélistes et les Quatre Docteurs de Fréminet, Porcie avalant des charbons ardents, de Prévost. Mme veuve Luzarches, au château de Monrepos, près de Tours, possède trois toiles de Luca Cambiaso qui ont la même origine.
Le
musée de Tours
a recueilli quelques tableaux
qui ne sont pour la plupart que des copies de Raphaël, de Titien, de
Caravage, commandées par Richelieu lui-même. le musée
de Versailles conserve douze toiles qui faisaient partie de la série
des Vingt conquêtes de Louis XIII dont la grande galerie était
ornée. — Le parc de la Maivoisière, en Maine -et-Loire, contient une
quinzaine de statues provenant de Richelieu. Les deux vases
de marbre qui décorent l'entrée du pont de Tours viennent, eux aussi,
de ce palais princier. Le musée de la Société
des Antiquaires de l'Ouest possède le tronc et la tête de la statue en
marbre blanc de Louis XIII en mars. Enfin, le Renommée
de bronze qui, du haut du dôme central, s'envolait dans les airs,
portant au loin le nom du cardinal, passait en vente à l'hôtel
Drouot en 1864. Qu'est-elle devenue depuis ? On
l'ignore ! Peut-être mise à la fonte, elle a disparu,
démontrant
une fois de plus tout le néant de l'orgueil de l'homme.
Texte de A. Tornezy in Paysages et monuments du Poitou de Robuchon.
(1)
L'abbé Bossebœuf,
Histoire de Richelieu et de ses
environs. (Mémoires de
la Société archéologique de Touraine, t. XXXV.) [retour au texte]
(2) Avenel, Correspondance du cardinal de Richelieu.
[retour au
texte]
(3) Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et
biographique de l'ancienne province
de Touraine, publié par la Société archéologique de Touraine.
(voir Richelieu). [retour
au texte]
(4) Réception
faite à Leurs Majestés dans Richelieu, juillet 1659.
Plaquette in-4°.
[retour au
texte]
(5) Tout ce
qui concerne la description
de la ville, du château et des objets d'art qu'il contenait a été
emprunté aux ouvrages suivants, Le
château de Richelieu où l'histoire des dieux et des héros de l'antiquité,
(Saumur, H. Desbordes, 1676.)
— De Cougny, Excursion en Poitou et en Touraine.
— De Chergé, Notice sur le château de Richelieu,
(Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, année 1836.) — La Fontaine, Voyage en Limousin.
(Œuvres complètes.) — J. Marot,
Le magnifique château de Richelieu,
etc. (19 planches in-4° oblong,
gravées par T. Marot.) [retour au texte]
(6) Avenel,
Correspondance de Richelieu.
[retour au texte]
(7) Saint-Simon,
(Mémoires.) [retour au texte].
(8) La vue générale du château,
que nous donnons en tête de cette notice, est la reproduction d'une des
gravures de Perelle.
[retour au
texte]
(9) Voyez, pour les détails qui
vont suivre, les deux ouvrages de M.
Bonnafé :
1° Dictionnaire des amateurs
français au XVIIe siècle ;
2° Recherches sur les collections
de Richelieu. [retour
au texte]
Voir la bibliographie proposée par Robuchon in Paysages et monuments du Poitou que nous avons reproduite dans les Notes.
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A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2008-01-07 - 11:45:39
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