A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Châtellerault
vue par l'abbé Longer
par Jean-Claude Raymond

Table des matières

Châtellerault vue par l'abbé Longer

Le pays châtelleraudais, trait d’union entre la Touraine et le Poitou, est aujourd’hui ce qu’il était autrefois, soit étant vicomté avec les Airault et les Boson sous la féodalité, soit duché avec la monarchie, soit district sous la Révolution ou arrondissement avec le régime actuel. Ses limites fondées sur des considérations matérielles que la nature ou la logique imposent, n’ont subi aucune variation sérieuse.

Sans doute les générations ont succédé aux générations… mais les coteaux ensolleillés de Vau et de la rive gauche, où les « plantiz » produisaient cette fameuse « purée septembrale », que Rabelais qui s’y connaissait a chantés souventes fois, produisent encore le petit clairet bien capable de chasser la mélancolie ; les collines de Chitré et de la tour d’Oyré avec leurs bruyères et leurs « pinochiers » n’ont guère changé ; les forêts de la Brelandière et de la Moulière laissent planer au-dessus de leurs fourrés le souvenir des vielles chasses de jadis ; les plaines d’Ingrandes et de Dangé se couvrent de froment et de seigle tout comme autrefois ; la Vienne arrose les mêmes paysages, verdit les mêmes prairies, se brise contre les mêmes rochers.

Il y a une sorte de topographie naturelle qui se délimite elle-même et qui s’impose tout naturellement. C’est ce qu’avaient su comprendre les Romains qui, en respectant les usages et les mœurs des peuplades vaincues, avaient établi ces divisions de provinces qui subsistent encore.

Le chef-lieu de ce charmant pays est Châtellerault. Cette petite ville, nonchalamment étendue sur les rives de la Vienne, donne l’impression d’une cité fort accueillante, toute pleine de soleil et de gaieté. L’histoire n’a point encore précisé ses origines, et les historiens en sont réduits à faire des suppositions basées sur des textes plus ou moins soumis à la torture, mais tel qu’il est, son passé forme une page glorieuse.

Du reste, Châtellerault n’appartient pas simplement à l’histoire locale, mais aussi bien à l’histoire générale, puisque pendant près de dix siècles le duché fut gouverné par les Lusignan, les d’Harcourt, les Montpensier, les Bourbons… par les princes de sang royal et par tous les grands noms de la noblesse française.

Cette ville eut beau subir les invasions, supporter les coups et les contre-coups des discussions civiles et religieuses, elle n’en resta pas moins aussi noble et digne dans son patriotisme que fidèle et soumise à l’autorité.

Dans une supplique que les vieux Châtelleraudais adressaient à Henri IV, en mai 1602, ils disaient de leur ville : « située et assise sur l’ung des plus grand, fréquents et, ordinaire passage de vostre royaume , en un beau, bon, fertile et déléctable païs où il y a par la grâce de Dieu abondance de toutes qualitez et espèces de bons et excellans fruicts, très bien peuplé et habite de bon nombre de notables cytoiens et mesmes de marchands… oustre cela costoyée, bornée et lavée de la rivière de Vienne en la quelle coulent et défluent plusieurs autres rivières… »

La Vienne divise la ville en deux parties bien distinctes. Sur la rive gauche, s’étaient installées primitivement une colonie de Brivates qui finit par former une agglomération importante, au point que le vicomte Hugues II, leur fit bâtir en 1160, une église non loin du château qu’il venait de construire : Castrum Novum, Châteauneuf.

Cette population de Châteauneuf a conservé une certaine allure d’indépendance, et bien que les deux rives aient été réunies par un pont dès le milieu du XIe siècle, il y a une réelle distance maintenue par les petit-fils des Brivates.

Oui, il y a de l’atavisme dans cet habitant du faubourg. Railleur, frondeur, expansif à l’excès, d’une ardeur bouillante et surtout d’un cœur prompt à tous les dévouements, tel il était alors que sur les rives de la Vienne, il attendait le voyageur ou le pèlerin pour lui faire traverser la rivière sur sa lourde barque ou le protéger au sortir du port, tel il est encore aujourd’hui quand on fait appel à ses sentiments.

Châtellerault a toujours été regardée et à bon droit comme une ville d’un séjour agréable. Sans parler de ses aïeux, François Ier aimait y séjourner, attirés : « pour le plaisir et passe-temps des chasses, parce que Châtellerault est un lieu autant plaisant et beau pour la chasse qu’on en vit onc. »

L’archéologue lui-même y trouvera matière à glaner en flânant le long des quais, à travers la promenade de Blossac ou dans les rues tortueuses à l’aspect moyenâgeuses, qui exhalent des parfums d’histoire. Il y trouvera encore quelques mansardes en bois et torchis, des étages en encorbellement qui ne demandent pas mieux que de parler le langage du vieux temps.

Abbé Longer

Ce texte est extrait du catalogue du Salon d'Automne de l'Orientine
Exposition de peinture 11-18 octobre 1931

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Illustration accompagnant le texte de l'abbé Longer

Châtellerault — le Pont Henri IV - gravure sur catalogue exposition de peinture 1931

Châtellerault — Le Pont Henri IV

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La gravure de la page de garde est sensée représenter les points symbolisant la ville. Le pont Henri IV, vue d'aval. A gauche les arbres signalent la présence de l'ile Cognet. Dans l'angle supérieur gauche, le personnage, sorte de ménestrel, figure un artiste peintre, assis sur une enclume symbole du travail du fer (coutellerie et manufacture d'armes).

En consultant l'article qui contient des photographies et des cartes postales de Châtellerault vous trouverez des représentations du pont Henri IV et de la Manufacture d'armes.

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Notes

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Dernière modification : 2009-04-20 - 09:29:32

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