A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
La Devinière
Maison natale de François Rabelais
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
La Devinière est la maison natale de François Rabelais, elle est située sur la commune de Seuilly, à moins de 10 km de chinon au sud-ouest, en direction des Trois-Moutiers. Elle constitue un musée. Pour plus de détails voir la liste de liens ci-dessous.
La campagne où il habite est un « bon pays » de prés, vignes et céréales, mais qui n'a pas beaucoup de ce que nous appelons du caractère. Son « château » [de Grangousier], l'auteur [François Rabelais] le place à l'endroit où se trouvait la Devinière, qui était la maison des champs de Maître Antoine Rabelais [père de François]. On gagne aujourd'hui [vers 1940] le hameau de la Devinière, par un sentier fleuri d'aubépines qui s'embranche sur la route de la Roche Clermault à Lerné, à un quart de lieu environ de Seuilly. La dernière maison à gauche, une modeste bâtisse du XVe siècle, d'où l'on a une belle vue, c'est celle de Maître Antoine, le « château » de Grangousier Elle n'a pas changé, mais elle était sûrement complétée par d'autres bâtiments et les maisons qui l'avoisinent n'existaient pas.
Au rez-de-chaussée s'ouvre une belle pièce, ornée d'une antique cheminée. Sur la façade, extérieurement, un escalier de pierre qui s'appuie sur deux piliers mène à la chambre principale du premier étage. Une vaste cheminée qu'on a refaite sur le modèle de l'ancienne, orne la pièce et, dans la profonde embrasure de la fenêtre ouvrant sur la vallée de Négron, on a taillé un banc de pierre : peut-être les enfants s'y asseyaient-ils là pour apprendre à lire. Sur le mur, en face du banc, on distingue encore, malgré un badigeonnage, des traces d'inscriptions, des chiffres, des lettres grecques, elais : c'est l'ouvrage de quelque admirateur ancien. L'étage comporte une seconde pièce, séparée à la première par une cloison, qui a aussi une fenêtre à banc de pierre, mais donnant sur le toit à pignon ; et enfin un petit carré où s'appuie l'escalier du grenier.
Montons, Le grenier a gardé sa porte primitive. J'y vois près de la fenêtre qui ouvre sur la cour des signes gravés dans la pierre : les marques de la moisson et de son partage entre le propriétaire et ses métayers. Au revers de la maison, un antique puits avec son auge et sa margelle, un pigeonnier, un vieux cellier, un four, les étables et les caves creusées dans le rocher, comme à Chinon. L'un de ces « souterrains » se nomme le trou de Rabelais, parbleu ! Les gens vous jureront qu'on n'en connaît pas l'issue, et que le grand écrivain s'est sauvé par là un jour qu'on voulait l'arrêter : les histoires de souterrains ont toujours plu beaucoup.
La Devinière devait comprendre des dépendances, tout au moins pour le métayer. Rabelais en évoque avec amour le potager planté de choux et de laitues dont les poysars ou tiges de pois gisaient par terre en septembre, après la cueillette des dernières gousses, la vigne ou plante du grand Cormier qui donnait un si joli vin blanc, au delà du noyer grollier. (Hélas ! le phylloxéra a passé par là, et la vigne américaine a remplacé les anciens plants). C'était dans le jardin que, tel Gargantua, il allait chasser les moineaux, étant petit garçon, avec l'arbalète qu'on lui avait donnée pour « s'ébattre avec les oisillons ». Et il n'avait pas oublié les puces noires, ni les cheussons ou cousins qui, vers le milieu de l'été, envahissaient la maison.
Jacques Boulenger
Rabelais (p. 18&19)
Collection Les Flambeaux d'or, éditions Colbert, 1942
Antoine Rabelais [le père de François] possédait aussi, dans la paroisse de Sully [il faut probablement lire Seuilly, commune où se situe La Devinière], à une bonne lieu de Chinon, vis-à-vis la Roche-Clermaut, la métairie de la Devinière dont il portait le nom. Le clos en était planté de pineau. On nomme ainsi, un raisin noir, à petit grain, dont la grappe a la forme d'une pomme de pin. Dire que le pineau de la Devinière était exquis, ce n'est pas assez dire. Écoutez plutôt le propos que certain buveur, enfant du pays, tient à la Saulaie, sur l'herbe drue, lors de la naissance de Gargantua : « O Lacryma Christi, c'est de la Devinière ! O le gentil vin blanc ! Et, par mon âme, ce n'est que vin de taffetas ! Hen ! Hen ! il est à une oreille, bien drapé de bonne laine.
Anatole France
Rabelais
Calmann-Lévy, Paris 1931
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Dernière modification : 2015-05-17 - 10:47:00
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