A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Tiraqueau
Ami de Rabelais
par Jean-Claude Raymond

Introduction

La biographie d'André Tiraqueau est donnée ici non parce que Tiraqueau est un personnage de la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou mais parce qu'il fut ami de Rabelais.

Son premier livre de Legibus connubialibus et de Jure Mariti fut la cause d'un différend entre l'auteur et Aymery Bouchard, ami commun avec Rabelais. Ce dernier intervint pour arranger les affaires entre les amis.

Quel était donc le différend entre Aimeri Bouchard et André Tiraqueau ? Le second se disait le défenseur des femmes contre le premier. Rabelais connaissait les travaux de Tiraqueau, peut-être même a-t-il participé à la recherche et la lecture des textes anciens qui ont servi à Tiraqueau.

Rabelais partageait-il les idées de Tiraqueau ? A travers ses textes essayons de comprendre la position de Rabelais.

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Biographie — textes extraits de Dreux-Duradier

Éducation

A s’en rapporter à Dorat,

Tiraqueau composait un livre, et son épouse faisait un enfant tous les ans. Si cela eut toujours duré, le nombre des enfants aurait égalé celui des livres. La fécondité du mari l’accompagna jusqu’à la mort. Mais celle de Marie Cailler, sa femme, eut un terme. Lucine,
dit Dorat dans ce madrigal,
fut obligée de céder à Minerve. Le nombre des livres excéda celui des enfans.

Viscisti, Tiraquelle, tuque Pallas ;
Libri agmina victa liberorum
.

Voir d'autres vers sur le sujet.

Des livres et des enfants

A s’en rapporter à Dorat,

Tiraqueau composait un livre, et son épouse faisait un enfant tous les ans. Si cela eut toujours duré, le nombre des enfants aurait égalé celui des livres. La fécondité du mari l’accompagna jusqu’à la mort. Mais celle de Marie Cailler, sa femme, eut un terme. Lucine,
dit Dorat dans ce madrigal,
fut obligée de céder à Minerve. Le nombre des livres excéda celui des enfans.
Viscisti, Tiraquelle, tuque Pallas ;
Libri agmina victa liberorum.

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De Legibus connubialibus et de Jure Mariti

Le premier ouvrage qui fit connaître Tiraqueau fut son de Legibus connubialibus et de Jure Mariti  (*). Il parut en 1515 ; et si l’auteur du Catalogue de la Bibliothèque de Mess. Bigot (*) ne s’est pas trompé, il parut dès l’an 1513, in-4°. C’est proprement un commentaire du paragraphe Ier, tit.15, de la coutume du Poitou. Outre un grand nombre de décisions tirées du droit romain et du droit coutumier, sur cette matière, on y trouve une littérature très vaste et tout ce qu’on peut dire en faveur des femmes , ou contre elles, aussi bien que dans le recueil de Nevizamus, connu sous le titre de Sylva nuptialis. Chaque partie de ce traité est terminée par des lois composées par l’auteur ; elles sont dans le style des lois romaines ; soit qu’on examine les expressions, leur précision, leur noblesse, soit qu’on s’attache aux pensées, au sens, à l’équité de ces lois, un peu sévères, il est vrai, mais d’une morale très pure, on conviendra que Tiraqueau possédait le talent sublime de la législation, qu’il était plutôt né pour être auteur des textes que des gloses. C’est la partie de l’ouvrage que j’ai lue avec le plus de plaisir. Dans ces lois, où Tiraqueau paraît comme un Platon dans sa république, on trouve un corps de droit naturel, de droit des gens, et de droit civil sur la matière du mariage.

La seconde partie de la première glose est un recueil alphabétique de toutes les femmes savantes et philosophes. Cette liste contient douze pages in-folio. L’auteur y a même ajouté un glossaire fort savant de tous les ajustemens des dames, et de leurs noms grecs et latins. C’est une excellente source pour ceux qui veulent s’éclaircir sur la toilette des Romaines et des Grecques. Une page leur en apprendra beaucoup plus que tout traité de M. l’abbé Nadal, plus galant, mais bien moins savant que notre jurisconsulte.

Unquam. Cod. de revocand. Donationibus

Le commentaire sur la loi Unquam. Cod. de revocand. Donationibus, dédié , en 1534, au parlement de Bordeaux, est un commentaire sur chaque mot de cette loi célèbre, de laquelle Charles moulin invoqua depuis le secours contre son frère, son donataire, et qui évoque les donations par la survenance des enfants du donateur. Ce livre est moins orné, ou plutôt moins accablé de littérature que le précédent, et tient plus du jurisconsulte. On peut le lire avec beaucoup de fruit.

De utroque Retractu Municipali et Conventionali

Le vaste traité , de utroque Retractu Municipali et Conventionali, tiré d’un commentaire entier qu’il avait fait sur la coutume du Poitou, parut en 1543, in-fol., chez Kerver, à Paris, avec une épitre dédicatoire au parlement de Paris. Quoique l’auteur ait commenté la coutume du Poitou dans cet ouvrage, ainsi que dans son traité des Lois connubiales, il n’a pas laissé d’embrasser tout notre droit coutumier.

De Nobilitate et Jure Primogenitorum

De Nobilitate et Jure Primogenitorum. Ce livre contient deux traités considérables, divisés en deux parties, qui forment un très gros in-folio. L’auteur le dédia à Henri II : on peut dire que la jurisprudence y est noyée dans la littérature. Tiraqueau y examine la noblesse de chaque profession, et fixe le rang qu’elle tient dans la société. Il y fait l’histoire de la profession dont il parle, rapporte tout ce qu’on peut dire pour ou contre, et parle des personnages célèbres qui s’y sont distingués. Il y a des choses fort curieuses sur les médecins et sur les avocats.

Cessante causâ, cessat effectus

Cessante causâ, cessat effectus. Quarante imitations de cette maxime, tirées des auteurs, forment ce petit traité. Le mort saisit le vif, traité dédié par l’auteur aux avocats du parlement de Paris. Il est précédé d’une excellente préface qui en fait connaître l’ordre et la disposition. Il est divisé en sept parties, et contient une infinité de questions d’usage sur la qualité d’héritier.

Tractatus de Jure Constituti Possessorii

Tractatusde Jure Constituti Possessorii. Ce livre, qui suivit les traités de Nobilitate et Primogeniturâ, est divisé en trois parties, qui contiennent des ampliations ou extensions, et les invitations ou restrictions de la clause que les jurisconsultes appellent clause de constitut, ou précaire, par laquelle celui qui se dessaisit de la propriété, un donateur par exemple, stipule (constituit) la possession simple ou précaire de la chose au nom de celui qui passe la propriété. Tiraqueau l’appelle constitutaire, comme on dit mandataire, dépositaire. La lecture de ce traité est encore très utile, et contient quantité de décisions d’usage.

De PœnisLegum, ac consuetudinum, Statutorumque temperandis, aut etiam remittendis, et id quibis,quotquot ex causis

De PœnisLegum, ac Consuetudinum, Statutorumque temperandis, aut etiam remittendis, et id quibus,quotquot ex causis. C’est un écrit posthume. On trouve soixante et quatre causes d’adoucissement des peines, avec des autorités tirées du texte des lois et des docteurs.

De Privilegiis piæ causæ

De Privilegiis piæ causæ. L’auteur y explique d’abord ce que c’est que cause pie. Il énonce ensuite les legs, les donations, toutes les occasions où la faveur de la cause pie doit l’emporter. Dans le nombre de 35 espèces, il met un legs fait Meretrici, ut se corrigat.

Il entre ensuite dans le détail des privilèges.

Le traité est divisé en 167 sections, qui concernent 167 privilèges que l’auteur donne aux causes pies.

De Præscriptionibus

De Præscriptionibus, traité posthume. C'est un commentaire sur l'article premier du titre des Prescriptions de la Coutume du Poitou. Les questions relatives à ce titre y sont discutées ; l'auteur examine son titre en jurisconsulte supérieur à sa matière et en historien.

De Judicio in rebus exiguis ferendo

De Judicio in rebus exiguis ferendo. C’est un traité sur notre ancien brocard, pour peu de chose, peu de plaid. L’auteur y traite des matières d’enquête, des cas où l’on doit les ordonner, ou en éviter les frais aux parties. Je regarde ce petit ouvrage comme un des plus utiles de Tiraqueau.

Res inter alia acta aliis non præjudicare

Traité sur le titre du Code : Res inter alia acta aliis non præjudicare. On y distingue clairement les cas où cette règle a lieu d’avec ceux où elle est sans application.

Dierum Genalium

Nous avons encore un commentaire de ce grand homme sur l’ouvrage d’Alexandre Alexandri (*) (Alexander ab Alexandro), fort connu sous le titre Dierum Genalium, c’est-à-dire récréation, passe-temps agréable, où Alexandri a traité différens sujets d’histoire, d’antiquité et de jurisprudence dans un goût fort approchant d’Aulu-Gelle ou de Macrobe, ou de ceux de nos modernes qui ont donné, ce qu’on appelait, dans les seizièmes et dix-septièmes siècles, diverses leçons.

Conclusion

Je ne parlerai point ici des commentaires particuliers sur la coutume du Poitou, qu’on a tirés de ses traités de Legibus connubialibus, de Retractu utroque, de Præscriptionibus.

Ce fut après tant de travaux, et livré aux fonctions d’une charge très importante, que Tiraqueau, comblé d’éloges de tous les savans, admiré de toute la France, mourut en 1558, quelques temps avant la paix de Cateau-Cambrésis, entre Henri II et Philippe II, roi d’Espagne, conclue, comme nous l’apprend l’histoire, le 3 avril 1559. Cette date, que me fournit Sainte-Marthe, me paraît préférable à toute autre. Le même auteur dit qu’il était dans une extrême vieillesse ; et Simon sans indiquer de garant, donne quatre-vingts ans à Tiraqueau au temps de sa mort. Il me paraît difficile de fixer bien précisément l’âge auquel il mourut, mais je crois que, puisqu’il était déjà marié et revêtu de l’office de sénéchal de Fontenay, en 1514, il avait au moins soixante-dix-huit ans en 1558

Commentaire

Dreux-Duradier donne quelques éléments biographiques de Michel, André, François et Mathurin Tiraqueau, tous fils d'André Tiraqueau (père).

André (II) rassembla les pièces dispersées qui permirent de constituer les ouvrages posthumes cités ci-avant.

Michel assura en partie la publication, à Lyon, en 1574, des œuvres de son père, en particulier les posthumes.

Tiraqueau prolifique

J. Giraudeau dans son Précis historique du Poitou, édité en 1843, nous présente Tiraqueau de la manière qui suit :

André Tiraqueau. Ce fut un célèbre jurisconsulte, qui a joui d’une immense réputation, justifiée par ses nombreux ouvrages et son grand savoir. Il eut un grand nombre d’enfants, qui tous parvinrent à des emplois distingués. Plusieurs d’entre eux soutinrent honorablement la réputation de leur père. On a dit qu’André Tiraqueau faisait tous les ans un livre, et qu’en même temps sa femme donnait le jour à un enfant. Cette circonstance a été le sujet des vers suivants :

Tiraqueau, fécond à produire,
A mis au monde trente fils ;
Tiraqueau, fécond à bien dire,
A fait pareil nombre d’écrits.
S’il n’eût point noyé dans les eaux
Une semence si féconde,
Il eût enfin peuplé le monde
De livres et de Tiraqueaux.

Ces vers semblent d'une piètre inspiration à côté de ceux que nous avons déjà cités.

Notes

  • Le chancelier de l'Hôpital le préférait à tous les autres. Ad te non alio iantum jactaveris ullo, dit-il. (retour au texte)
  • Juridici, in-4°, n° 904, p. 103.
  • Alexandri était son nom, et ceux qui lui ont reproché le faste de ces deux noms, Alexander ab Alexandro, ont eu tort. Voyez Niceron, t. VI, p. 339. Édition de 1586, chez Rouillé à Lyon1011 pages.

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Dernière modification : 2017-04-15 - 10:44:32

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