A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Temps libre
Première moitié du 20e siècle
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
A
Loudun, petite ville très tranquille, il y avait peu de
distractions si ce n’est le cinéma chaque samedi
soir et l'apéritif dansant du dimanche après
midi. Ce genre de rendez-vous des jeunes était
très sympathique. Au Palace, dans cette grande salle au
parquet ciré, avec son bar et ses tables alignées
venaient les groupes amis de garçons et de filles qui
désiraient danser. Les mères étaient
à la tribune, genre de perchoir, qui entourait la salle de
danse. Ainsi elles pouvaient surveiller leurs filles tout à
loisir. A cette époque, il n’était pas
question qu’une jeune fille de bonne famille sorte sans
être accompagnée. Les garçons se
déplaçaient donc pour venir saluer la jeune fille
de leur choix pour une valse, un tango ou quelque danse nouvelle,
sortie d’un pays lointain.
Comme distraction,
bien mince, celle-là, il y avait la réunion des
amis qui venaient déguster, le soir après le
dîner, les marrons grillés arrosés de
la bernache du cru voisin, une petite partie de cartes
complétait ce loisir et les chanteurs y allaient de la
dernière chanson entendue à la T.S.F, ou vendue
au coin de la rue par le « chanteur des rues » avec
leurs partitions.
Ainsi allait la vie
dans cette petite ville tranquille de province : années
37-38 sans problème.
Fernande
Germain se rappelle qu’avec
sa sœur, sa mère et un cousin, elle partait glaner
dans les champs de
son grand-père qui se trouvaient à
proximité du quartier
de la Porte-du-Martray
, où elle habitait. Tous ces champs étaient
répartis dans ce secteur,
sur la route d’Insay et au lieu-dit Beau-Soleil. Les
bâtiments de
l’école du Martray occupent maintenant cet
endroit, qu’on peut
d’ailleurs apercevoir de la route et le long de la ligne de
chemin de
fer.
L’équipe
partait après le déjeuner et
glanait tout l’après-midi. Les femmes avaient des
tabliers blancs,
assez longs, noués dans le dos , elles tenaient,
d’une main, les deux
pointes de devant pour former un sac et
ainsi
elles n’avaient plus qu’à se baisser
pour faire la cueillette des épis
de blé. Il faut dire aussi qu’elles se munissaient
de vieilles paires
de chaussures car les chaumes rayaient facilement le cuir de celles-ci.
La cueillette se
faisait en répartissant
sur quatre rangs nos glaneurs et glaneuses de façon
à laisser
le
moins possible d’épis épars
derrières eux. Sous le soleil ardent, il
faisait bon s’arrêter de temps en temps, boire un
verre d’eau. La pause
vers 16 heures était appréciée pour
profiter du panier garni qui venait
réconforter un peu. nos travailleurs.
En ce temps
là, les
champs étaient encore
souvent fauchés à la faux et les gerbes
bottelées à la main.
Fernande ne se rappelle pas avoir vu de faucheuse dans le champ de son
grand-père qui d'ailleurs n'était pas
agriculteur. Cette manière de
travailler, outre qu’elle demandait beaucoup
d’efforts et de main
d’œuvre laissait beaucoup
d’épis de blé sur le sol. Aussi le
glanage
était-il très couramment
pratiqué. Effectué par les femmes et
les
enfants, cette récolte complémentaire servait
souvent à nourrir des
volailles à la ferme. Cela permettait à ceux qui
n’avaient pas de champ
de ramasser du blé et d’élever quelques
poulets.
Lorsque le champ
était
ratissé par nos
quatre glaneurs ils rassemblaient toute leur cueillette en
tas
dans un endroit bien protégé et le
père de Fernande venait le soir,
après son travail de comptable, avec une charrette
à bras ramasser
toute la récolte pour la mettre à
l’abri chez le grand-père qui avait
des écuries pour l'entreposer.
Une année,
Fernande et
sa sœur ont reçu en récompense chacune
un parapluie.
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Dernière modification : 2010-08-27 - 14:48:21
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