A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Dors, mon chéri
Cahier de chansons de Benjamin Champalloux
par Jean-Claude Raymond

Table des matières


Présentation

La chanson ci-dessous a été extraite du cahier de chansons de Benjamin Champalloux pendant son service militaire effectué à Châtellerault (France - Vienne). La dernière chanson est datée du 1912-02-03 (voir article de présentation générale des chansons reproduites sur le site A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou).

La publication de cette chanson nous a amené plusieurs courriers et de très bonnes surprises car à côté de demandes concernant l'envoi des paroles qui n'étaient pas entièrement publiées jusqu'à la présente version, certaines personnes nous ont fait parvenir des enregistrements.

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Paroles de la chanson

 Dors, mon chéri


1er couplet

C'était un soir dans une chambre rose
Un frais bambin dormait dans son berceau
Il souriait la lèvre à demi close
Car dans son rêve il voyait un drapeau
Les étrangers1 reculaient en déroute
Devant l'ardeur de nos vaillants soldats
En s'éveillant il dit maman écoute
N'entend[s-] tu pas du canon le fracas

Refrain

De t'éveiller il n'est pas l'heure encore
Disait la2 mère à son3 enfant chéri
Dors mon mignon dors bien jusqu'à l'aurore
Je te dirais[sic] quand viendra l'ennemi (bis).

2e Couplet

Dis[-]moi maman où donc est petit père
Est-il deja[sic] parti pour le combat4
Je voudrais bien aussi faire la guerre
A mon pays offrir5 mes faibles bras
Non mon ami reste auprès de ta mère
Ton père est loin c'est assez de douleurs
Il reviendra bientôt la mine fier[sic]
Pour t'embrasser toi qui fait[sic] son bonheur.

Refrain

De t'éveiller il n'est pas l'heure encore
Disait la mère à son enfant chéri
Dors mon mignon dors bien jusqu'à l'aurore
Je te dirais[sic] quand viendra l'ennemi (bis)

3e Couplet

A ce moment, elle vit apparaître
Son pauvre époux qui tout couvert de sang
Vint tomber mort auprès de sa fenêtre
Près de son fils qui pleurait maintenant
Son meurtrier le suivait mais la mère
D'un long couteau lui frappa en plein cœur
Quand un hulana[sic] survint dans la chaumière
Et la frappa de son sabre vainqueur.

Refrain

De t'éveiller il n'est pas l'heure encore
Dit en mourant la mère à son chéri
Dors mon mignon dors bien jusqu'à l'aurore
Et ne craint rien l'Allemand est parti (bis)

4e Couplet

Sous le cyprès dans un coin du village
On voit parfois un soldat s'arrêter
Au pied d'un Christ recouvert de feuillage
Il s'agenouille et semble méditer
Quand son regard se tourne vers la plaine
De ses grands yeux coule[nt] des larmes6 brulant[e]s
C'est qu'il revoit l'Alsace et la Lorraine
Le sol natal perdu depuis vingt ansb.

Refrain

Du grand réveil, il n'est pas l'heure encore
Dit l'orphelin à ses parents chéris
Dormez en paix dormez jusqu'à l'aurore8
Nous sommes prêts à venger le pays (bis) Fin

Notes

Comparaison entre la version de Benjamin Champalloux et celle d'Adolphe Dutartre

Nous ne rapportons ici que les différences notables. Les différences découlant d'erreurs orthographiques ne sont pas signalées. A gauche les mots donnés par Benjamin Champalloux, à droite ceux différents d'Adolphe Dutartre.

  1. étrangers — ennemis
  2. la — une
  3. son — un
  4. le combat — les combats
  5. offrir — donner
  6. larmes _—pleurs
  7. natal — béni
  8. Dormez en paix dormez jusqu'à l'aurore — Dors mon mignon dors bien jusqu'à l'aurore

Version du cahier Tron Enrico de Roberso (Italie)

Le site La Cantarana propose une version dont nous donnons ci-dessous les deux premiers couplets afin, de les comparer avec les versions que nous connaissons.

1er couplet

C’était un soir dans une chambre rose
Un vrai bonheur dormait dans son berceau
Il souriait par ses lèvres micloses
Car dans son rêve il voyait un drapeau (bis)

2e couplet

Le étrangers s’enfuyaient en déroute
A l’ardeur de ces vaillants soldats
En réveillant il dit maman écoute
N’entend-tu pas des canons le fracs

Cette version ne comprend pas de refrain et le découpage en couplets est différent. Ces deux premiers couplets n'en font qu'un dans les versions que nous avions rencontrées jusqu'alors.  Nous pensons que ces chansons ont été transmises par colportage oral. L'existence de variantes n'est pas surprenante.

Le cahier de Tron Enrico est daté de 1898.



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Texte du cahier et corrections

Lorsque nous avons pensé dactylographier les textes des chansons, nous avons été confrontés à :

Ceci montre que l'écriture des chansons sur le cahier a été faite à partir des paroles entendues et non recopiées à partir d'une partition. Nous avons voulu permettre au lecteur de connaître le texte tel qu'il se trouve dans le cahier de chansons.

Ceci nous a amenés en général à faire suivre les mots mal orthographiés ou posant problème :

Tout ce qui est entre crochet est un ajout de notre part. Il est possible que, malgré nos soins, nous ayons laissé passer des erreurs. Donc, n'hésitez pas à nous contacter si besoin : Contact.

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La parole à nos visiteurs

Remerciements

Je tiens à remercier ceux qui nous livrent leurs souvenirs et leurs témoignages. Sans ses témoignages ce sont des parties de l'histoire qui risque de disparaître. Ces chansons anciennes rappellent souvent des souvenirs d'enfance, parfois estompés et fragmentaire qui peuvent revivre grâce à l'apport de chacun, souvenirs de parents ou grands-parents. Cette chanson semble avoir eu une large audience puisque nous savons déjà qu'elle était chantée en Poitou, dans la région de Cambrai mais aussi au Québec. Elle est la plainte des gens humbles et démunis en face des envahisseurs.

Témoignage de Jean-Pierre Sedent

Mon arrière grand’mère s’appelait Julia DELACOURT et était née le 7 février 1875 à CATTENIERES (59).

J’ai pris connaissance avec grand plaisir de votre site Internet où j’ai eu la très grande surprise de retrouver une partie des paroles de la chanson que me chantait mon arrière grand’mère pour m’endormir : dors mon chéri.
Vous imaginez mon émotion !
 Cette chanson devait être très connue au début du XXème siècle puisque mon arrière grand’mère n’a jamais quitté CATTENIERES son village natal. J’ignore le moyen par lequel cette chanson lui a été apprise, mais il se peut que ce soit par son mari Jules Prosper FONTAINE né le 22 septembre 1873 à ESTOURMEL (59) qui l’aurait lui-même apprise au cours de son service militaire. Ce ne sont que des suppositions de ma part, mais sa date de naissance permet de situer ce service militaire aux environs de 1892, soit une vingtaine d’année après la défaite de 1870 et sauf pour effectuer le service militaire, on ne sortait guère du village à cette époque…
A cette époque, il était également courant de posséder un cahier de chansons que l’on utilisait dans les grandes occasions, les mariages par exemple ou les communions.

Fin des années 1940 et début des années 1950 on ne s’embarrassait pas de psychologie… On endormait encore un enfant avec des paroles et sur la musique d’une chanson revancharde transmettant ainsi le patriotisme. Il est vrai que la « dernière » venait tout juste de se terminer !
Vous imaginez l’effet produit… Si certaines paroles se sont effacées de ma mémoire, la musique y est restée gravée à tout jamais et en relisant le 1er couplet et le refrain de cette chanson, je me suis aussitôt mis à la fredonner. J’en avais les larmes aux yeux…

Monsieur Raymond, vous avez pu retrouver des informations sur la chanson « la valse brune », celle-ci étant encore très connue de nos jours. Pour ce qui concerne « dors mon chéri », je suis en mesure de fournir la musique que j’ai toujours en tête.
Pour vous prouver ma bonne foi alors que je ne dispose pas du texte complet de cette chanson qui comporte comme vous le dites 4 couplets évolutifs sur le cahier de Benjamin Champalloux, voici les paroles dont je me rappelle et que vous devez retrouver dans un couplet :
d’un grand couteau d’un seul coup l’acheva...
son pauvre époux qui tout couvert de sang...
et ne crains rien l’allemand est parti...

Je crois que la scène devait être la suivante : la femme voyait passer sous sa fenêtre son pauvre époux qui tout couvert de sang. Il était poursuivi par un allemand qui d’un grand couteau d’un seul coup l’acheva...

Vous dites rechercher des informations sur ces chansons et je suis en mesure de vous aider pour ce qui concerne la musique de « dors mon chéri » et ce serait avec le plus grand plaisir.
Merci Monsieur Raymond d’avoir mis en ligne le 1er couplet et le refrain de la chanson qui a bercé mon enfance1.

Jean-Pierre Sedent

2007-03-09

Notes

  1. Toutes les paroles du cahier de Benjamin Champalloux ont été publiées ci-dessus depuis la lettre de M. Sedent.

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Dernière modification : 2008-07-25 - 10:50:14

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