A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Palais des comtes du Poitou
Poitiers (France - Vienne)
par Jean-Claude Raymond

Présentation

Le palais des ducs est maintenant appelé palais de Justice. Il est le siège du tribunal de commerce et de la cour d'appel. Il comprend deux parties aujourd'hui disjointes, la salle des pas perdus aux cheminées monumentales et un donjon. Ils furent restaurés par Jean de Berry (1340-1416), frère de Charles V qui reçut le Poitou en apanage

Le palais a été construit à un emplacement où se trouvaient des constructions gallo-romaines. On commence à connaître son histoire à partir du Xe siècle, époque où on commence à trouver des écrits carolingiens. Il est le principal lieu des comtes du Poitou qui sont princes du Royaume d'Aquitaine.

Au XIe siècle Guillame V le Grand le fait reconstruire après un incendie. Il y installe une bibliothèque et une école.

Au XIIe siècle, Guillaume VII fait édifier le donjon, dénommé tour Maubergeon qui désigne en mérovingien un lieu de justice sur une colline. Le nom de Maubergeonne a été attribué à la vicomtesse de Châtellerault qui était la maîtresse de Guillaume VII. Elle y aurait résidé.

Une autre femme y résida d'une manière totalement officielle. Il s'agit d'Aliénor d'Aquitaine avec son premier époux Louis VII, puis Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre après sa séparation et leur fils le futur Richard Cœur de Lion. C'est à l'initiative d'Aliénor qu'est construite la grande salle des pas perdus. C'est une nef de 50 m de long et 17 m de large, de style angevin aussi dénommé gothique Plantagenêt.

Mais avec Alphonse de Poitiers (1220-1271), le palais perd progressivement son rôle de résidence principale de comtes du Poitou pour devenir centre administratif et cela jusqu'à la Révolution. On y trouve une sénéchaussée, l'administration des eaux et forêts du Poitou.

Pendant la guerre de Cent-Ans les Anglais s'emparent de Poitiers et incendient le palais. Victoire des Anglais à Maupertuis au sud de Poitiers en 1356.

Poitiers revient à la France au traité de Brétigny et échoit en apanage à Jean de Berry(1340-1416, frère de Charles V) qui confie la réfection de cette salle à Guy de Dammartin. On perce des ouvertures dans les façades de la tour Maubergeon. Des statues représentant Jean de Berry et Jeanne de Boulogne et des vassaux du duc apparaissent en décoration. La salle de pas perdus est transformée, le pignon sud se voit orné d'un groupe de trois cheminées monumentales. Au-dessus d'elles une tribune et des verrières qui éclairent la salle.

En 1417, après la mort du troisième dauphin, Charles VI accorde à Charles, le nouveau dauphin et comte de Ponthieux, les duchés de Touraine et du Berry et comté du Poitou. En désaccord avec sa mère Isabeau de Bavière qui se tourne vers les anglo-bourguignons, le futur Charles VII quitte Paris et arrive à Poitiers le 10 août 1418 et y installe son parlement le 21 septembre 1418 et la cour des Aides (début véritable du rôle de palais de Justice. Le reste de son gouvernement est à Bourges. Charles VII regagne Paris en 1422, le tribunal perd son rôle national. Il le retrouvera pour le procès de Jacques Cœur.

En 1429, Jeanne d'Arc y est interrogée par les Théologiens. Elle partira de Poitiers pour délivrer Orléans.

La Coutume du Poitou qui définit les pratiques judiciaires de la région y sont définies en 1515. Elle sne seront appliquées qu'à partir de 1559 et jusqu'à la Révolution. Pendant cette période, il abrite la Chambre Criminelle, le Bureau des Eaux et Forêts, la Chambre des notaires et celle des avocats, le greffe, le Conseil de l'Élection, le Bureau des Finances, le guichet d'une prison.

Après la Révolution, il abrite la Cour d'appel, la Cour d'assises pour la Vienne, la Vendée, la Charente Inférieure et les Deux-Sèvres.

Il est classé monument historique en 1862.

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Le palais des ducs

Poitiers (France-Vienne) - Palais des ducs, aujourdh'ui palais de Justice

Palais des ducs

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Le palais des comtes de Poitiers est un de ceux qui, en France, ont conservé peut-être les plus beaux restes. Bâti sur des ruines romaines par les Carlovingiens, puis détruit à plusieurs reprises, il fut réédifié par Guillaume le Grand au commencement du XIe siècle de cette reconstruction il ne reste  rien. On attribue à Guy-Geoffroy, fils de Guillaume, la construction de la grand'salle que nous voyons aujourd'hui ; mais cette salle présentant tous les caractères de l'architecture civile de la fin du XIIe siècle, et Guy-Geoffroy étant mort en 1086, il faut lui trouver un autre fondateur. Le palais de Poiters fut brûlé en 1346 par les Anglais, puis réparé en 1395 par Jean, duc de Berry et comte du Poitou. Ce prince, frère du roi Charles V, fit rebâtir le pignon de la grand'salle, décoré d'une immense cheminée, et le donjon qui existe encore, quoique très mutilé, et qui sert aujourd'hui de cour d'assise. Cette magnifique construction se compose d'un gros corps de logis barlong à trois étages voûtés, flanqué de quatre tours rondes aux angles et couronné de mâchicoulis, créneaux et combles.

Viollet Le Duc

in Encyclopédie médiavale, tome 1 Architecture

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Plan du palais des ducs du Poitou à Poitiers (France-Vienne)

Palais des comtes de Poitiers - Salle des pas perdus et tour Maubergeon

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Nous donnons le plan des parties encore existantes du palais de Poitiers. En A est la grand'salle, en B le donjon. D'autres logis existaient en C, mais il n'en reste plus que quelques traces. La muraille de la ville gallo-romaine passait en R et servait de soubassement à la grand'salle, dont l'entrée était en D. Une déviation de la voie publique , ou peut-être l'orientation avait dû faire planter le donjon de biais, ainsi que l'indique le plan. Ce donjon de palais affecte une disposition particulière qui n'est point celle que nous observons dans les donjons de châteaux, lesquels ne présentent qu'une tour ou un amaas de logis fortement défendus par des ouvrages importants, comme l'est, par exemple celui de Pierrefonds. Le donjon du palais de Poitiers est à lui seul un petit château, possédant une grand'salle à chaque étage et des chambres dans les tours. Il affecte une apparence de forteresse, mais il n'est réellement qu'un gros appareil féodal. Nous donnons une élévation du donjon du palais de Poitiers, faite sur l'un des petits côtés. Aujourd'hui les constructions des tours sont dérasés au niveau N ; cependant les seize statues ont été conservées sur le culs-de lampe, quoique fort mutilées. Ces statues sont revêtues de l'habit civil du commencement du XVe siècle. L'artiste a-t-il voulu représenter les comtes du Poitou ? C'est ce qu'il est difficile de savoir. Quoi qu'il en soit, elles sont d'un beau travail. La coupe transversale du donjon, faite sur la ligne BC du plan montre les deux salles inférieures, avec leurs voûtes reposant sur une épine de trois piliers, puis le second étage ne formant plus qu'une grand'salle sans piliers. Au-dessus se trouvent le galetas et les chemins de ronde desservant les mâchicoulis. Un escalier à vis compris dans une tour carrée, autrefois englobée dans les logis bâtis entre ce donjon et la grand'salle, permet d'arriver aux trois étages par un couloir détourné, ainsi que l'indique le plan.

Viollet Le Duc

in Encyclopédie médiévale, tome 1 Architecture

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Palais des comtes de Poitiers (France - Vienne) Coupe d'après Viollet Le Duc

Palais des comtes - Tour Maubergeon - vue en coupe

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La cheminée monumentale du palais des ducs

La belle cheminée de la grand'salle du palais des comtes de Poitiers nous donne un très remarquable exemple de ce système de tuyaux divisés surmontant un seul manteau. Cette cheminée qui date du commencement du XVe siècle, ainsi que le pignon auquel elle se trouve adossée, occupe presque entièrement l'une des deux extrémités de cette salle, dont la construction remonte au XIIe siècle ; elle n'a pas moins de 10m,00 de largeur sur 2m,30 sous le manteau (sept pieds). Le dessus du manteau forme une sorte de tribune à laquelle on arrive par deux escaliers percés aux angles du pignon ; ces deux escaliers communiquent eux-mêmes à deux tourelles qui flanquent les angles extérieurs de la salle. La cheminée est divisée en trois corps trois tuyaux partent de la hotte et, passant derrière une claire-voie vitrée, s'élèvent jusqu'à l'extrémité du pignon. L'ensemble de cette décoration produit un grand effet et termine noblement cette belle salle dont la largeur, dans œuvre, est de 16m,30.

Nous donnons (9) en A le plan de la belle cheminée de la grand'salle de Poitiers, au niveau de l'âtre, et en B le plan du dessus de la tribune pratiquée sur le manteau, pris au niveau de la claire-voie vitrée. Son âtre est relevée de dix marches au-dessus du sol de la salle ;la cheminée se trouve ainsi former le fond du tribunal. La fig. 10 présente son élévation géométrale. Les deux pieds-droits qui la divisent en trois travées sont terminés par des chapiteaux richement sculptés et décorés d'écussons portés par des anges. Le manteau est orné de la même manière.

A l'intérieur des monuments civils comme à l'extérieur, le moyen âge savait produire des effets grandioses qui laissent bien loin les dispositions mesquines de nos plus vastes édifices modernes. Lorsque siégeaient sur cette estrade, dans leurs costumes, les comtes de Poitiers entourés de leurs officiers ; lorsque derrière la cour seigneuriale brillaient les trois feux allumés dans les trois âtres, et que des assistants assis sur un banc au-dessus du manteau de la cheminée, adossés à des verrières, complétaient ce tableau, on peut se figurer la noblesse et la grandeur d'une pareille mise en scène, combien elle devait inspirer de respect aux vassaux cités devant la cour du comte. Certes, pour défendre sa cause en face d'un tribunal si noblement assis et entouré, il fallait avoir trois fois raison. Mais nous avons l'occasion de revenir sur les dispositions des tribunaux seigneuriaux au mot SALLE, auquel nous renvoyons nos lecteurs.

Viollet Le Duc

in Encyclopédie médiévale, tome 1 Architecture

Gravure représentant le groupe de 3 cheminées de la salle des pas perdus dans le palais de ducs du Poitou à Poitiers (France-Vienne)

Les trois cheminées de la salle des pas perdus du palais des comtes du Poitou.
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Note
Cette gravure est trompeuse. Les tourelles ne sont pas visibles quand on est placé dans la salle des pas perdus. C'est parce que le plan de coupe est placé en avant des tourelles qu'elles sont visibles car pour le dessinateur le toit vu en bout n'apparaît que comme un simple trait et ne masque pas les tourelles. On remarquera que les conduits des trois cheminées passent au centre des trois verrières ce qui semble une disposition pour le moins originale, voire surprenante. On voit les trois conduits sortir au-dessus du toit.


Plan des cheminées du palais des ducs du Poitou à Poitiers (France-Vienne)

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Dernière modification : 2008-01-07 - 10:05:16

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