A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Coutellerie châtelleraudaise
Artisant de grande renommée
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
En 1847, comme suite au décès de leur père, négociant en coutellerie, les trois frères Mermilliod se partagent l'entreprise de leur père :
Eugène Mermilliod prend en charge les aspects techniques. Il s'ingénia à industrialiser la fabrication des lames qui était jusqu'alors un travail artisanal particulièrement compliqué et long. Ses buts étaient :
En 1827, Smith de Sheffield avait imaginé une machine comprenant deux cylindre formant le moule de des futures lames qui par laminage transformaient une barre d'acier chauffée au rouge en une suite de lames. Les résultats d'une telle machine n'était pas à la hauteur des espérances d'Eugène Mormilliod. Bien des lames devaient être rejetées. Il conçut donc la sienne, dite forgeuse, qui après de nombreuses mises au point donnait de meilleurs résultats. Elle présentait des différences par rapport à celle de Smith :
Les machines inventées par Eugène Mermilliod convenaient bien à une production en grand nombre telle que les couteaux de table et les rasoirs. La forgeuse pouvait produire 1 200 lames par jour, ce qui correspondait à la capacité production maximale de l'usine. Elle faisait gagner 50% sur la main d'œuvre. La coutellerie artisanale ne pouvait pas lutter. L'introduction des machines et la manufacture d'armes de Châtellerault( voir paragraphe ci-dessous) contribuèrent à la disparition de la coutellerie artisanale dans le Châtelleraudais.
Les machines étaient fabriquées et entretenues dans un atelier spécialisé de l'usine.
Choix des aciers et mode de trempageL'obtention d'une qualité égale passaitaussi :
Charles Mermilliod s'occupe des aspect commerciaux. Sous l'impulsion des deux frères, la méthode de vente change radicalement
… et ce n'est pas la moins importante dans l'industrie de la coutellerie; il ne s'agit plus, en effet, aujourd'hui de vendre comptant aux clients quelques pièces qu'ils emportent après les avoir payées.
MM. Mermilliod n'ont aucun rapport avec le public; ils remplacent, pour tous les couteliers de la France, les ateliers qui étaient autrefois joints à leurs boutiques; aussi marquent-ils les lames au nom du commerçant qui les leur commande. Et ce ne sont pas les couteliers seulement qui achètent les couteaux de Cenon pour les revendre, ce sont aussi les quincailliers, qui, plus en rapport avec le consommateur, vendent toutes les sortes bon marché. Il n'y a donc pas dans le commerce de marque de fabrique spéciale aux produits de M. Mermilliod : ce peut être un inconvénient pour la vanité du fabricant, mais c'est un grand avantage pour les intérêts du commerçant. Aussi la maison prospère-t-elle tous les jours de plus en plus, et commence-t-elle à aller sur les marchés étrangers et faire concurrence aux couteaux anglais.Julien Turgan
in Les grandes usines: études industrielles en France et à l'étranger, Volume 4
Pages 175-176
M. Limousin était fabricant de manches de couteaux à Châtellerault.
Jusqu'à Châtellerault, le pays est blanchâtre, crayeux, ouvert et peu peuplé, quoiqu'il n'y manque pas de maisons de plaisance. La ville a l'animation, grâce à sa rivière qui se jette dans la Loire. La fabrique de coutellerie est considérable : à peine étions-nous arrivés, que notre appartement fut rempli de femmes et de filles de manufacturiers, ayant chacune sa boîte de ciseaux, de couteaux, de joujoux, etc. ; et elles pressaient de leur acheter avec une sollicitude si polie, que quand même rien ne vous eût été nécessaire, on ne pouvait laisser tant d'instances infructueuses. Il faut remarquer ici que, quoique les produits soient à bon marché, le travail est à peine divisé : des ouvriers, sans aucun rapport entre eux. font tout pour leur propre compte, sans autre aide que celui de leur famille.
Arthur Young
in Voyages en France pendant les années 1787, 1788, 1789
Journée du 1787-09-03
L'établissement de la manufacture d'armes de l'État vint ajouter une cause de malaise à la coutellerie de Châtellerault. Les ouvriers, travaillant isolément chez eux pour des marchands en gros, n'étaient reliés à rien de fort qui pût les protéger pendant les mauvaises années et les diriger dans leurs travaux; ils préférèrent donc de beaucoup enrôler eux et leurs enfants au service d'une manufacture de l'État. Dans cette nouvelle condition, s'ils perdaient un peu de leur liberté, ils trouvaient en échange un salaire assuré sans chômage, et de plus une retraite; pendant ce temps, la coutellerie de Nogent et celle de Thiers faisaient de grands progrès, et, par leur bon marché, achevaient la ruine presque complète de l'industrie châtelleraudaise
Julien Turgan
in Les grandes usines: études industrielles en France et à l'étranger, Volume 4
Pages 164-1655
L'établissement de la manufacture d'armes de l'État vint donc ajouter une cause supplémentaire de malaise à la coutellerie de Châtellerault. Les ouvriers, travaillant isolément chez eux pour des marchands en gros, n'étaient assurés d'un revenu régulier contrairement au travail à la manufacture.
Une grande partie du travail d'une lame consiste en son polissage et son aiguisage. Ceci est au moyen de meules de différents types. Les quelques lignes qui suivent du livre de Turgan indique les conditions de travail des ouvriers qui actionnaient les meules.
Avant la concentration de l'industrie à Cenon et dans toutes les petites fabriques de couteaux qui n'emploient pas la force motrice mécanique, soit à eau, soit à vapeur, les meules étaient tournées par de malheureux ouvriers presque toujours aveugles ou idiots, impropres à tout autre travail, bientôt déformés par cet exercice, un des plus fatigants et des plus pénibles qu'il y ait. Dans les ateliers un peu considérables, on emploie encore quelquefois un manége à chevaux; dans d'autres moins importants, de gros chiens marchant à l'intérieur d'une roue, comme chez les cloutiers.
Julien Turgan
in Les grandes usines: études industrielles en France et à l'étranger, Volume 4
Pages 172-173
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Dernière modification : 2009-11-13 - 19:15:09
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