A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Gelonis
Égérie puis épouse de Salmon Macrin
Jean-Claude Raymond Fernande Germain


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La Rencontre

En 1525, Salmon Macrin avait 35 ans lorsque son ami Jean Briault, juge présidial à Loudun,  lui présenta Guillone Boursaut.  Jean Briault est marié avec la sœur de Gelonis. Jeune loudunaise, elle avait alors quinze ans. Si l'on en croit Salmon Macrin, elle se distinguait par sa beauté, son regard, ses longs cheveux blonds, son corps gracieux. Dreux-Duradier écrit : « Il y trouvait tout ce qui pouvait fixer l'homme du meilleur goût,  vertu, esprit, naissance, beauté et richesse. »

Pour des raisons poétiques, dans ses poèmes, il transforma le prénom de Guillone en Gelonis qui signifie en grec Celle qui sourit. Dès lors, il la célébra d'abord comme jeune fille, puis comme épouse.

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… éperdu et fou d’un aveugle amour…

Quel est, délicieuse fille, quel est le philtre dont à l’improviste tu viens de m’enivrer, au point qu’éperdu et fou d’un aveugle amour, sans être vraiment mort ni vif, je survis dans de longues tortures […] ?

Jean Salmon Macrin

A Gelonis,  (Ode C.I,24),

référence bibliographique [1].

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… je ne peux y goûter d’aucune façon…

Dans l'ode adressée à son ami et futur beau-frère Jean Briault qui lui présenta Guillone, Jean Salmon qui est épris décrit son impatience, mais il n'est pas encore marié. Gelonis lui est promise. Il attendra. Le mariage sera célébré trois ans après leur rencontre, le 2 août 1528.

Tu n’ignores pas, je pense, Briault, de qui je parle : celle qui vient de m’être promise avec le consentement de son père et de sa mère ; elle est toute blancheur de lait et toute grâce. Son charme et sa douceur m’ont conquis au point que, perplexe, comme je ne peux y goûter d’aucune façon et que j’ai une terrible envie d’y goûter pourtant, je ne sais ce qui l’emporte dans mon amour pour elle, le délice ou le tourment.

Jean Salmon Macrin

 A Jean Briault (Ode2),

juge loudunais, référence bibliographique [1].

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… il ne nous est pas permis…

Lorsque Guillone fut présentée à Salmon Macrin, elle n'était encore qu'une adolescente. Il semble que l'amour que Salmon Macrin put porter dès cet instant, à cette toute jeune  fille fut partagé.

[…]
bien que, d’une âme sincère, moi je t’aime, toi seule, et
qu’en retour toi aussi tu m’aimes, moi seul, bien que le ciel
et le droit, sans opposition de nos parents,

nous autorisent, une fois unis selon les rites par le flambeau
nuptial à passer ensemble des années de bonheurs et à donner
joyeusement à nos deux maisons le renfort d’une jeune postérité,

il ne nous est pas permis pourtant d’alléger par un libre
entretien nos secrets tourments ni de joindre en public nos
bouches chéries l’une à l’autre.

Jean Salmon Macrin

A Gelonis

(Ode C II,15),référence bibliographique [1].

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… nous consacrons librement à l'amour…

L'ode précédente montre Salmon Macrin et Gelonis attendent avec impatience le mariage qui leur est promis. Si ce que dit le poète décrit la vérité, il semble bien que Gelonis ait eu une assez grande liberté. Il est difficile d'imaginer que les parents de la jeune fille ne fussent au courant. Cette liberté était-elle courante en cette époque de la Renaissance dans certaines classes de la société ou une exception dépendant des deux protagonistes et de leurs familles ? Dans l'ode A Gélonis (C II, 15), Salmon Macrin évoque des rumeurs.  Pouvaient-ils vraiment cacher leurs rendez-vous ?

[…] j'aime les discrètes cachettes et le
site écarté de Gélonianum, quand, dans sa villa reculée et
dans un recoin favorable à nos plaisirs, Gélonis me retient
chaque fois que je viens de la ville, aux heures de rendez-vous
conformes à mes vœux. Là-bas nous jouons sans témoins
                                                                                […]  Là-bas,
vaporeux, nous nous consacrons librement à l’amour,
jusqu’au milieu de la nuit.

Jean Salmon Macrin

A la Lune

(Ode CII, 16), référence bibliographique [1].

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… rien, sauf la mort seulement, ne mettra fin à ma flamme.

Dans les quelques vers qui suivent, Jean Salmon Macrin indique son amour indéfectible pour Gélonis. Elle semble craindre que Jean lui échappe. Mais, il tiendra sa promesse car non seulement malgré de nombreux voyages, il l'épousera,  lui restera fidèle. Bien plus, après la mort de Gelonis son inspiration le quitta.

Elle m’appelle dans son sommeil et paraît m’adresser, presque en pleurant, de tendres paroles : il faut vite nous unir tous deux en de justes noces ;

[…]

Cesse, je t’en prie, ton odieuse plainte, ô ma fiancée qui m’est plus chère que moi-même, je resterai inébranlable et rien, sauf la mort seulement, ne mettra fin à ma flamme.

Jean Salmon Macrin

A Gelonis, à propos d'un songe

 (Ode C II,18), référence bibliographique [1].

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Tu es assez élégante si tu peux plaire à ton fiancé…

Ici, Gelonis semble coquette et Salmon Macrin lui en fait le reproche. Elle n'est encore qu'une adolescente et peut-être en fait-elle trop ?  Elle veut probablement séduire à tout prix Salmon Macrin qui est son aîné de vingt ans et qui est en voyage très souvent. Dans ce texte, il est encore question de rumeurs. Ne peut-on voir dans le reproche la conséquence de la différence de génération ? Salmon Macrin est sensible aux beautés simples de la nature. Nous pouvons penser que Gelonis possédait une beauté naturelle. Pourquoi dans le même poème Salmon Macrin utilise-t-il les termes d'épouse pour Gelonis et de fiancé pour lui-même ?

Pourquoi teindre en roux les mèches de ta chevelure et les rassembler avec un nœud d’or, toi dont flamboient le sandyx et la robe de pourpre, ô mon épouse, si tu souhaites me plaire ?

[…]

Tu es assez élégante si tu peux plaire à ton fiancé ; méprise ce que répète à ton sujet la renommée bavarde : une dame vertueuse, je te l’assure, ne recherche pas les regards du grand nombre.

Jean Salmon Macrin

A la Lune

(Ode C II, 22), référence bibliographique [1].

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Alors autour de ton cou…

A quoi bon en effet des fourrures de pourpre sidonienne, à quoi bon des appartements lambrissés et la pierre phrygienne, s’il faut, au comble du chagrin, coucher dans un lit vide,

Sans plus tarder, voici que je reviens, ne t’afflige pas ! Alors, autour de ton cou, je jetterai mes bras de cire, aussi étroitement que le lierre rampant étreint l’orme.

Jean Salmon Macrin

A Gelonis

(Ode C 27), référence bibliographique [1].

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… défais tes cheveux blonds…

Le teint de Gelonis, sa blonditude sont des traits qui ont capté l'attention de Salmon Macrin dès la première rencontre de Gelonis et reviennent souvent dans ses poèmes.

Ô ma belle, plus blanche que les cygnes de Lydie, que l’ivoire de Gétulie et les perles de l’Inde, toi qui surpasse le lait, les neiges Sithoniennes, le marbre de Paros et les blanches roses, le lis printanier et le troène printanier, et tout ce qu’il y a au monde de plus éclatant et de plus pur, je t’en prie, défais tes cheveux blonds qu’attache élégamment une agrafe d’or fauve ; ton cou, fait pour les étreintes et gonflé de sève, offre-le, ô ma vie, à mes baisers.

Jean Salmon Macrin

A Gelonis

Ode CII 11, référence bibliographique [1].

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… à la pensée que je te trompe…

Salmon Macrin est amoureux et pour ce qu'on en sait resta fidèle à Gelonis. Mais sa charge l'éloigne de Loudun et Gélonis qui n'a pas voulu le suivre se morfond.

Ne va pas sans raison, lumière de ma vie, te consumer, abîmer par des pleurs immodérées ton éblouissant visage : je reviendrai, je te désirerai, les jours d’hiver me ramèneront.

Alors te sera fidèlement rendu le capital lui-même, sans oublier, objet de tes longs désirs, le produit des intérêts annuels : tu reconnaîtras n’avoir rien perdu à attendre…

Jean Salmon Macrin

A Gelonis

(Ode 4), référence bibliographique [1]

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… à nouveau l'amour m'assaille…

… dès qu’à nouveau je dus regagner cette odieuse Cour, voici qu’à nouveau l’amour m’assaille et réveille les agitations effrénées de mon esprit délirant, encore plus cruellement, plus démesurément, si bien que je paie cher notre douce intimité et notre pratique amoureuse.

Jean Salmon Macrin

A Gelonis

(Ode 8), référence bibliographique [1]

…tu réchauffes mon cœur de désirs familiers…

Lorsque ton image, amie, apparaît devant mes yeux
d’époux errant si loin de sa ville natale,
tu réchauffes mon cœur de désirs familiers…

Jean Salmon Macrin

Ailes1, à l'imitation de Thécrite, à Gelonis

(Épithalame 15), référence bibliographique [1]

PunaiseNotes

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  • Le mot ailes dans le titre indique la forme graphique prise par le poème, en jouant sur la longueur des vers.
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La mort de Gelonis

Le 14 juin 1550, Gelonis décède. Probablement épuisée par les grossesses successives, elle toussait depuis plusieurs années et crachait le sang. Elle n'avait que quarante ans.

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Dernière modification : 2008-01-03 - 10:03:12

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