A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Le Cinéma Cornay
à Loudun
par Jean-Claude Raymond

Origine du nom

Si vous questionnez les gens sortant d'une séance du cinéma Cornay, il est probable qu'une majorité d'entre eux ne sait pas d'où vient le nom Cornay. Pourtant Jean-Charles Cornay est né à Loudun. Mais le fait n'est peut-être pas aussi rare qu'on le pense et je ne me rappelle pas avoir vu associer le nom d'un saint à une salle de cinéma. D'où la question de savoir comment cette association advint.

Le bateau qui emmenait Jean-Charles Cornay, parti en mission apostolique en Chine, fut contraint à cause d'une tempête d'accoster au Tonkin où Jean-Charles Cornay fut martyrisé, le 20 septembre 1837.

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Avant le cinéma Cornay

Sous l'égide de l'archiprêtre de Loudun, une association rassemblant des personnes catholiques pratiquantes, fut créée et dénommée Association Jean-Charles Cornay. Après la guerre, soit 1945-1946, l'association décida de transformer une salle de l'archevêché pour servir à la projection de films aux enfants principalement des écoles catholiques.

Fernande Germain assista à des projections de films dans la salle d'alors et nous raconte aujourd'hui :

J’avais 10 ou 11 ans, soit dans les années 1930 ou 1931. Ma scolarité se passait à l’école de Chavagnes dont les professeurs étaient des Sœurs sécularisées après la séparation de l’Église et de l’État. Nous devions néanmoins les appeler « Ma Sœur » ou « Ma Mère », avec leurs prénoms de saint qu’elles avaient choisis pour leur apostolat. Les années passant il nous fut permis de les appeler « Mademoiselle » avec leur nom de famille. Tout cela pour vous dire la rigueur de cette époque pour de jeunes enfants ou plus âgés, car les études allaient jusqu’au brevet. En tant qu'élèves d'une école catholique nous avions alors priorité pour des projections de films.
 L'un des premiers films que j'ai vus était projeté dans cette salle. Il avait pour sujet le martyre de Jean-Charles Cornay. Inutile de dire que ce film m’avait bouleversée. Il y a de cela 75 ans, et je me souviens encore, comme si c’était hier, ma sortie de la salle,  j’avais le cœur bien gros et était très triste.

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Les débuts du cinéma Cornay

Dans les années 1945-1946, l'association Jean-Charles Cornay fit le nécessaire pour transformer les lieux en salle de spectacle, des rangées de sièges furent installées au rez-de-chaussée. Un balcon avec gradins augmenta la capacité de la salle. Une scène fut aménagée afin de prévoir des séances théâtrales , et à l’étage un balcon avec gradins. Tout au fond, derrière, une cabine était conçue pour les opérateurs-techniciens leur permettant la  projection de films cinématographiques.

Au début de l’année 1947, tout fut prêt pour satisfaire le public loudunais. Il y avait bien déjà un cinéma au PALACE, mais à cette époque les habitants des petites villes étaient friands de ce genre de distraction. Car dans les foyers il n’y avait que les postes de T.S.F., insuffisants pour occuper des soirées ou des week-ends.
Monsieur L… électricien qui faisait partie de l’association fut le premier à faire fonctionner les installations pour le plaisir de tous.
J’avais à Loudun un cousin, Gilbert M… qui venait de terminer sa scolarité et qui fut embauché comme électricien chez Monsieur L….

  Voici comment il conta à Fernande ses débuts dans le cinéma :

Un jour M. L… me dit : « Tiens Gilbert je vais te montrer la cabine de projection du cinéma. …Qu’en penses-tu ? Voudrais-tu devenir opérateur toi aussi ?

Après avoir acquiescé, j’ai donc assisté au premier film Le Voile bleu avec Gaby Morlay. Cela m’a plu. J’ai donc accepté sa proposition de faire l’opérateur.

J’ai commencé la semaine suivante avec un technicien qui m'a montré le travail. Pour une projection de fin de semaine il fallait commencer le jeudi soir pour mettre le film à l’endroit et vérifier la qualité des bobines. J’étais pris tous les week-ends.
Peu de temps après j’ai projeté le film intitulé Rebecca.
A notre époque, lorsque les films étaient trop osés il fallait les censurer.
Comme la salle appartenait à l’Évêché, il ne fallait pas qu’il y ait de passage obscène, aussi M. L… m’avait dit : si tu vois une scène d’amour avec un baiser sur la bouche il faudra que tu la coupes et tu la recolleras lorsque tu renverras le film. C’est ce qui fut fait.

Le cinéma était ouvert les vendredis et samedis soirs ainsi que le dimanche en matinée et en soirée et le lundi exceptionnellement. Exemple pour le film Jeanne d'Arc avec Ingrid Bergman qui passa 10 fois, soit toute la semaine.

J’ai travaillé ainsi jusqu’à mon service militaire à Bordeaux à la Section Cinéma.

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Malgré la censure

Fernande Germain ajoute :

Il y avait trois ouvreuses pour les séances de fin de semaine, celles du dimanche après midi et du dimanche soir. Ces ouvreuses étaient seulement appointées en fonction du chiffre qu’elles faisaient avec la vente des paquets de bonbons et des chocolats glacés qu’elles vendaient à l’entracte. A cette époque la séance de cinéma commençait par les actualités de la semaine. Elles avaient un panier carré en osier qui pendait à leur cou. Ces paquets de bonbons avaient un avantage, ils contenaient chacun une photo d’artistes de cinéma, et les jeunes filles, avant l’entracte faisaient mettre de côté, par l’ouvreuse, la photo de leur choix dans le sac de bonbons. C’était une bonne astuce pour vendre les friandises.


Les histoires se terminent souvent par des histoires d’amour. Tel fut le cas au cinéma Cornay, le jeune opérateur Gilbert demanda un jour à la jeune ouvreuse de lui apporter des bonbons dans sa cabine et… cela finit par un mariage au retour du régiment de mon petit cousin.

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Aujourd'hui

Nous sommes maintenant en 2005, le cinéma Cornay a changé de statut. La Ville de Loudun est propriétaire des murs depuis longtemps et a rénové les lieux pour les mettre en conformité avec les normes actuelles. Il a changé d’allure et ré-ouvert ses portes depuis quelques mois. Il est le seul à Loudun, le cinéma Palace ayant disparu depuis des décennies.

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Notes

Cette anecdote sur la censure des baisers dans les films fait sourire aujourd'hui tant cela nous semble suranné. Vous croyez peut-être que ce genre de censeur (je parle de l'archiprêtre) qui ajoute sa censure à la censure existante n'existe plus en France. Détrompez-vous ! Aranei-Orbis a fait l'objet d'une telle censure. Un élu du Loudunais lui a demandé de transformer le titre d'un chapitre d'un livre bien que l'ouvrage ait reçu un n° ISBN et soit déposé à la Bibliothèque nationale.

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Bibliographie

  • Histoire des rues de Loudun—Du carrefour de la Croix-Bruneau à la rue Marcel-Aymard (II) par Sylvette Noyelle et Sylviane Rohaut, Société historique du Pays loudunois, page 13.

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Liens

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Liens vers sites externes

  • Rebecca, film d'Alfred Hichcock, sorti en 1940 avec Laurence Olivier et Joan Fontaine dans les rôles principaux
  • Le film du martyre de Jean-Charles Cornay aurait été sorti par UGC. Aranei-Orbis cherche toute information sur ce film. Voir Contact en fin de document.

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Dernière modification : 2008-01-08 - 10:19:32

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