A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Marie-Joseph-Xavier Barbier de Montault
à Loudun (France — Vienne)
par Jacques Serjent et Jean-Claude Raymond
Table des matières
MGR MARIE-JOSEPH-XAVIER BARBIER DE MONTAULT
né à Loudun, ; le 6 février 1830, dans une maison qui faisait partie de l’ancien hôtel du roi René d’Anjou, était le second enfant de Joseph Barbier et de dame Adélaïde de Montault, qui en virent encore quinze autres naître et grandir près d’eux.
Les Barbier de la Planche sont originaires de l’Anjou et les Montault des Iles, du Poitou. La généalogie de ces derniers, gens de robe et d’épée, remonte sans interruption jusqu’au IX e siècle, et parmi leurs illustrations récentes, il suffit de nommer le maréchal de Navailles, au XVIIème siècle, le premier préfet d’Angers et le premier évêque de cette ville à la suite du Concordat.
L’oncle de Xavier l’appela dans son diocèse pour y faire ses études ; à huit ans, il entra au Petit Séminaire d’Angers où il resta jusqu’à la philosophie inclusivement.
Il étudia la théologie à Saint-Sulpice. Dès cette époque, il s’occupait d’érudition. A dix-huit ans, il composa un mémoire sur le manuscrit de Juvénal des Ursins, qui mérita les suffrages de Lacordaire et de Montalembert.
À la fin de son cours de théologie (1853), son esprit largement ouvert et en quête de vastes horizons, l’attira vers Rome, où l’appelait d’ailleurs l’amitié de son cousin, le prince de la Tour d’Auvergne qui, à cette époque, était premier secrétaire d’ambassade. Il suivit avec succès les cours de la Sapience et du Collège romain. Il aborda simultanément et avec une ardeur toute juvénile, la science ecclésiastique qu’il menait de front avec l’archéologie ; mais sa santé ‘altéra à ce rude labeur, et il revint en France en 1857.
Il se mit alors à la disposition de Mgr Angebault, évêque d’Angers, qui le nomma historiographe de son diocèse, charge qu’il occupa cinq ans (185859. Ces cinq années furent pour le jeune savant des années de labeur, pendant lesquelles il déploya une activité merveilleuse dans la visite des archives et des trésors de reliques, dans la recherche des matériaux intéressant l’histoire de la liturgie angevine, d’inscriptions, d’objets et de documents, en vue de réveiller le culte des saints angevins et de fonder un musée diocésain. On sait qu’il fonda le musée diocésain d’Angers , où il réunit plus de 3.000 objets rares ou précieux.
De flatteuses distinctions, telles que celle de correspondant du ministère de l’Instruction publique, l’amitié de M. de Caumont et une médaille de vermeil à lui offerte par la ville d’Angers, n’empêchèrent pas l’abbé Barbier de Montault de reprendre le chemin de Rome.
De 1861 à 1875, la ville éternelle fut pour le pèlerin de la foi e de la science un champ immense d’observations et de travaux, qui furent la source de la plupart de ses publications. Il y entra en rapport avec Mgr Chaillot, le directeur des Analecta juris pontificii, avec Didron, le directeur des Annales achéologiques, et avec Mgr Cataldi, savant liturgiste ; leurs entretiens exercèrent sur sa vie une influence décisive, Didron disait de lui, dès 1854 : « L’abbé finira par connaître Rome beaucoup mieux que les plus savants romains. » On l’a surnommé à bon droit « le plus archéologue des liturgistes et le plus liturgiste des archéologues. »On peut ajouter qu’il fut un des princes de l’archéologie chrétienne.En 1868, il retrouvait de précieux restes de la mosaïque de la coupole carlovingienne d’Aix-la-Chapelle. Un projet de restauration dont il fut l’âme germa aussitôt. En 1869, il retournait à Aix-la-Chapelle, organisait le projet de restauration, mais la guerre ne lui permit pas de commencer les travaux.
Ces voyages firent connaître le savant français à nos voisins d’outre-Rhin, et lorsqu’on voulut continuer la cathédrale de Cologne, une commission internationale fut nommée. Elle était composée des deux archéologues les plus éminents de chaque nation ; pour la France, Violet-le-Duc et Mgr Barbier de Montault furent choisis, et ce dernier fut chargé du rapport à lire devant la commission.
À Bénévent, il fit des recherches fructueuses, dont les résultats bibliographiques furent : Le Traité de la visite pastorale, les Portes de Bronze de Bénévent, le Palais archiépiscopal de Bénévent , le Trésor de Bénévent.
À Bari, il classa le trésor de l’église collégiale de Saint-Nicolas. Monza l’attira à son tour. En 1882, il dressa le catalogue des reliques, des inventaires et des manuscrits. A Milan, il fit un travail analogue sur la cathédrale et Sainte-Marie près Celse.
M. Léon Palustre, le savant directeur de la Société française d’archéologie, se lia d’amitié avec Mgr Barbier de Montault et ils publièrent en collaboration : Le trésor de Trèves, L'Émaillerie limousine et l’Exposition rétrospective de Tours.
Pie IX affectionnait le jeune savant français et le nomma, en 1869, comte de Latran et camérier d’honneur en habit violet. Enfin, en 1875, à la suite d’une mission importante et confidentielle qu’il lui avait confiée, il l’admettait au rang de la grande prélature. Léon XIII appelait Mgr Barbier de Montault « le grand savant de Poitiers ».
Plusieurs évêques de France et d‘Italie le nommèrent chanoine d’honeur des églises d’Anagni, de Manfredonia, de Moutiers et de Langres.
Membre des académies romaines des Arcades, d’Archéologie pontificale et du Tibre, il était membre d’honneur d’une trentaine de sociétés savantes. Il assista au concile du Vatican en qualité de théologien de Mgr Desflèches, vicaire apostolique du Sut-Chuen, et en 1878 il devenait membre de la commission d’organisation de l’exposition internationale de 1879.
D’une activité physique et intellectuelle vraiment étonnante, il avait lu au moins 40.000 volumes, copié à Rome seulement plus de 14.000 inscriptions, visité la France, l’Italie et l’Allemagne en prenant des notes sur tout, et laissant sur chaque objet des dossiers considérables. Toutes ses fiches, parfaitement classées, atteignent le chiffre énorme de 300.000 , immense répertoire pour l’érudition. Un curé de Saint-Etienne-du-Mont plaçait Mgr Barbier de Montault à la tête des archéologues, même avant le commandeur de Rossi, car celui-ci n’est guère sorti des catacombes et des six premiers siècles, tandis que l’érudition du prélat embrasse toutes les époques et tous les pays chrétiens.
Il publia dans le Répertoire archéologique plus de 40 notices ou mémoires qui méritent d’être cités comme des modèles d’érudition et de clarté. On lui doit plus de 500 articles de journaux ou de revues.
Ses œuvres complètes auraient formé soixante volumes in-8°, dont seize seulement ont paru. On y trouve des détails inconnus sur l’histoire religieuse des anciennes provinces de l’Anjou, du Poitou, du Maine et de la Touraine. Il faudrait un volume rien que pour dresser la nomenclature des travaux de l’éminent prélat.
Avec MM. Godard Faultrier et Célestin Port, personne ne contribua plus efficacement que notre docte prélat à développer en Anjou et en Poitou l’amour des études historiques et archéologiques.
Par testament, il légua au musée Saint-Jean d’Angers son portrait, sa bibliothèque archéologique et ceux de ses manuscrits concernant l’Anjou.
Il mourut à Blaslay, le 29 mars 1901.
Il était chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire et de l’Eperon doré.
Les armoiries du prélat étaient celles de sa famille :
Écarté, au 1er et 4e de gueules au chevron d’or, accompagné de 3 molettes d’éperon de même, qui est Barbier de la Planche ; aux 2e et 3e d’azur à 2 mortiers d’argent enflammés de gueules, mis en pal, qui est Montault des Iles. L’écu est timbré d’un chapeau violet à trois rangs de houppes de même, accolé à la grande croix de François 1er et accompagné en pointe de l’ordre du Saint-Sépulcre.
Devise : Duriora Decoxi.Auguste-Louis Lerosey
in Loudun
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Dernière modification : 2017-07-08 - 10:45:42
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