A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Rabelais vu par Balzac
Recueil de textes
par Jean-Claude Raymond

Présentation

Ce recueil de textes de Balzac est en cours de constitution. D'autres viendront les rejoindre. Si vous en connaissez qui ne sont pas encore ici n'hésitez pas à nous les transmettre. Par avance merci.

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Rabelais, un rire large et franc…

Tantôt il poussait, à la manière de Rabelais, un rire large et franc, et traçait sur la muraille d'une rue un mot qui pouvait servir de pendant à celui de : « Trinque  » seul  oracle obtenu de la dive bouteille.

in Physiologie du mariage

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Rabelais, notre maître à tous…

Permettez-moi de vous dire comme Rabelais, notre maître à tous : « Gens de bien, Dieu vous sauve et vous garde  Où êtes-vous ? je ne peux vous voir. Attendez que je chausse mes lunettes. Ah  ah  je vous vois. Vous, vos femmes, vos enfants,  vous êtes en santé désirée ? Cela me plaît. » Mais ce n'est pas pour vous que j'écris. Puisque vous avez de grands enfants, tout est dit.

in Physiologie du mariage

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La Dignité des braguettes

Ce n'est pas à vous que s'adresse la Physiologie du mariage, puisque vous n'êtes pas mariés. Ainsi soit-il toujours  « Vous, tas de serrabaites, cagots, escargotz, hypocrites, caphartz, frapartz, botineurs, rompipetes et autres telles gens qui se sont déguisés comme masques, pour tromper le monde ... arrière mastins, hors de la quarrière  hors d'ici, cerveaux à bourrelet ... De par le diable, êtes-vous encore là ?... » Il ne me reste plus, peut-être, que de bonnes âmes aimant à rire. Non de ces pleurards qui veulent se noyer à tout propos en vers et en prose, qui font les malades en odes, en sonnets, en méditations ; non de ces songe-creux en toute sorte, mais quelques-uns de ces anciens pantagruélistes qui n'y regardent pas de si près quand il s'agit de banqueter et de goguenarder, qui trouvent du bon dans le livre Des pois au lard, cum commento, de Rabelais, dans celui de La Dignité des braguettes, et qui estiment ces beaux livres de haulte gresse, egiers au porchas, hardis à la rencontre. L'on ne peut guère plus rire du gouvernement, mes amis, depuis qu'il a trouvé le moyen de lever quinze cents millions d'impôts. Les papegaux, les évégaux, les moines et moinesses ne sont pas encore assez riches pour qu'on puisse boire chez eux ; mais arrive saint Michel, qui chassa le diable du ciel, et nous verrons peut-être le bon temps revenir  Partant, il ne nous reste en ce moment que le mariage en France qui soit matière à rire. Disciples de Panurge, de vous seuls je veux pour lecteurs. Vous savez prendre et quitter un livre à propos, faire du plus aisé, comprendre à demi-mot et tirer nourriture d'un os médullaire. Ces gens à microscope, qui ne voient qu'un point, les censeurs enfin, ont-ils bien tout dit, tout passé en revue ? ont-ils prononcé en dernier ressort qu'un livre sur le mariage est aussi impossible à exécuter qu'une cruche cassée à rendre neuve ?

in Physiologie du mariage

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Rabelais buvait en mangeant et mangeait en buvant

Quant à notre fantaisie de rire en pleurant et de pleurer en riant, comme le divin Rabelais buvait en mangeant et mangeait en buvant ; quant à notre manie de mettre Héraclite et Démocrite dans la même page, de n'avoir ni style, ni préméditation de phrase...

in Physiologie du mariage

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… paroles, gelées en l'air, dont parle Rabelais

« Qui épousons-nous pour le moment ?... » Règle générale, c'est toujours une femme charmante. Quel est le fantassin de Paris dans l'oreille duquel il n'est pas tombé, comme des balles en un jour de bataille, des milliers de mots prononcés par les passants, et qui n'ait pas saisi une de ces innombrables paroles, gelées en l'air, dont parle Rabelais ? Mais la plupart des hommes se promènent à Paris comme ils mangent, comme ils vivent, sans y penser.

in Physiologie du mariage

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… le bonnet aux grelots… Rabelais [en] fit jadis un sceptre

Reprenons le bonnet aux grelots et cette marotte de laquelle Rabelais fit jadis un sceptre, et poursuivons le cours de cette analyse, sans donner à une plaisanterie plus de gravité qu'elle n'en peut avoir, sans donner aux choses graves plus de plaisanterie qu'elles n'en comportent.

in Physiologie du mariage


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… mais ne souffre pas qu'elle lise Rabelais

« Dans tes conversations avec elle, évite toute plaisanterie et toute raillerie ; et, autant que tu le pourras, ne lui laisse lire aucun livre jovial. Il y a quelques traités de dévotion que tu peux lui permettre (quoique j'aimasse mieux qu'elle ne les lût point) ; mais ne souffre pas qu'elle lise Rabelais, > Scarron ou Don Quichotte. « Tous ces livres excitent le rire ; et tu sais, cher Tobie, que rien n'est plus sérieux que les fins du mariage".

in Physiologie du mariage

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Carymary, Carymara

Si j'avais eu la prétention de formuler proprement ces deux idées, je t'aurais dit que l'homme se corrompt par l'exercice de la raison et se purifie par l'ignorance. C'est faire le procès aux sociétés  Mais que nous vivions avec les sages ou que nous périssions avec les fous, le résultat n'est-il pas tôt ou tard le même ? Aussi, le grand abstracteur de quintessence [Rabelais] a-t-il jadis exprimé ces deux systèmes en deux mots : CARYMARY, CARYMARA.
- Tu me fais douter de la puissance de Dieu, car tu es plus bête qu'il n'est puissant, répliqua Émile. Notre cher Rabelais a résolu cette philosophie par un mot plus bref que Carymary, Carymara : c'est peut-être, d'où Montaigne a pris son Que sais-je ? Encore ces derniers mots de la science morale ne sont-ils guère que l'exclamation de Pyrrhon restant entre le bien et le mal, comme l'âne de Buridan entre deux mesures d'avoine.

in La Peau de chagrin

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Le oui et non humain…

Le oui et non humain me poursuit partout  Toujours le Carymary, Carymara de Rabelais : je suis spirituellement malade, carymary  ou matériellement malade,  carymara  Dois-je vivre ? ils l'ignorent.

in La Peau de chagrin

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Rabelais, exprime fidèlement l'esprit tourangeau, esprit fin, poli

Ici, quelques renseignements sur l'esprit public de la Touraine deviennent nécessaires. L'esprit conteur, rusé, goguenard, épigrammatique dont, à chaque page, est empreinte l'œuvre de Rabelais, exprime fidèlement l'esprit tourangeau, esprit fin, poli comme il doit l'être dans un pays où les rois de France ont, pendant longtemps, tenu leur cour ; esprit ardent, artiste, poétique, voluptueux, mais dont les dispositions premières s'abolissent promptement. La mollesse de l'air, la beauté du climat, une certaine facilité d'existence et la bonhomie des mœurs y étouffent bientôt le sentiment des arts, y rétrécissent le plus vaste cœur, y corrodent la plus tenace des volontés. Transplantez le Tourangeau, ses qualités se développent et produisent de grandes choses, ainsi que l'ont prouvé, dans les sphères d'activité les plus diverses, Rabelais et Semblançay ; Plantin l'imprimeur et Descartes ; Boucicaut, le Napoléon de son temps, et Pinaigrier qui peignit la majeure partie des vitraux dans les cathédrales, puis Verville et Courier. Ainsi le Tourangeau, si remarquable au-dehors, chez lui demeure comme l'Indien sur sa natte, comme le Turc sur son divan. Il emploie son esprit à se moquer du voisin, à se réjouir, et arrive au bout de la vie, heureux. La Touraine est la véritable abbaye de Thélème, si vantée dans le livre de Gargantua ; il s'y trouve, comme dans l'œuvre du poète, de complaisantes religieuses, et la bonne chère tant célébrée par Rabelais y trône. Quant à la fainéantise, elle est sublime et admirablement exprimée par ce dicton populaire : « Tourangeau, veux-tu de la soupe ?- Oui.-Apporte ton écuelle.- Je n'ai plus faim. » Est-ce à la joie du vignoble, est-ce à la douceur harmonieuse des plus beaux paysages de la France, est-ce à la tranquillité d'un pays où jamais ne pénètrent les armes de l'étranger, qu'est dû le mol abandon de ces faciles et douces mœurs ? à ces questions, nulle réponse. Allez dans cette Turquie de la France, vous y resterez paresseux, oisif, heureux. Fussiez-vous ambitieux comme l'était Napoléon, ou poète comme l'était Byron, une force inouïe, invincible vous obligerait à garder vos poésies pour vous, et à convertir en rêves vos projets ambitieux.

in L'Illustre Gaudissard

Rabelais la forme bachique de son grand ouvrage.

D'ailleurs, autre cause de plaisir, les rangs sont confondus : femmes, enfants, maîtres et gens, tout le monde participe à la dive cueillette. Ces diverses circonstances peuvent expliquer l'hilarité transmise d'âge en âge, qui se développe en ces derniers beaux jours de l'année et dont le souvenir inspira jadis à Rabelais la forme bachique de son grand ouvrage. Jamais les enfants, Jacques et Madeleine, toujours malades, n'avaient été en vendange ; j'étais comme eux, ils eurent je ne sais quelle joie enfantine de voir leurs émotions partagées ; leur mère avait promis de nous y accompagner. Nous étions allés à Villaines, où se fabriquent les paniers du pays, nous en commander de fort jolis ; il était question de vendanger à nous quatre quelques chaînées réservées à nos ciseaux ; mais il était convenu qu'on ne mangerait pas trop de raisin. Manger dans les vignes le gros co de Touraine paraissait chose si délicieuse, que l'on dédaignait les plus beaux raisins sur la table. Jacques me fit jurer de n'aller voir vendanger nulle part, et de me réserver pour le clos de Clochegourde. Jamais ces deux petits êtres, habituellement souffrants et pâles, ne furent plus frais, ni plus roses, ni aussi  agissants et remuants que durant cette matinée. Ils babillaient pour babiller, allaient, trottaient, revenaient sans raison apparente ; mais, comme les autres enfants, ils semblaient avoir trop de vie à secouer ; M. et Mme de Mortsauf ne les avaient jamais vus ainsi. Je redevins enfant avec eux, plus enfant qu'eux peut-être, car j'espérais aussi ma récolte. Nous allâmes par le plus beau temps vers les vignes, et nous y restâmes une demi-journée. Comme nous nous disputions à qui trouverait les plus belles grappes, à qui remplirait plus vite son panier  C'était des allées et venues des ceps à la mère, il ne se cueillait pas une grappe qu'on ne la lui montrât. Elle se mit à rire du bon rire plein de sa jeunesse, quand arrivant après sa fille, avec mon panier, je lui dis comme Madeleine :« Et les miens, maman ? » Elle me répondit : « Cher enfant, ne t'échauffe pas trop  » Puis me passant la main tour à tour sur le cou et dans les cheveux, elle me donna un petit coup sur la joue en ajoutant : « Tu es en nage  » Ce fut la seule fois que j'entendis cette caresse de la voix, le tu des amants.

in Le Lys dans la vallée

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Rabelais… pouvait rire et riait de tout.

Paresseux et fécond comme Rossini, obligé, comme les grands poètes comiques, comme Molière et Rabelais, de considérer toute chose à l'endroit du Pour et  à l'envers du Contre, il était sceptique, il pouvait rire et riait de tout.

in Illusions perdues

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L'ivresse gagnait, selon l'expression de Rabelais, jusqu'aux sandales

Déjà néanmoins les fleurs avaient été froissées, les yeux s'hébétaient, et l'ivresse gagnait, selon l'expression de Rabelais, jusqu'aux sandales.

in L'Élixir de longue vie

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… presser l'univers dans une ironie, comme le divin Rabelais

Images terribles que le principe du mal, existant chez l'homme, éternise, et dont quelques copies se retrouvent de siècle en siècle: soit que ce type entre en pourparler avec les hommes en s'incarnant dans Mirabeau; soit qu'il se contente d'agir en silence, comme Bonaparte; ou de presser l'univers dans une ironie, comme le divin Rabelais ou bien encore qu'il se rie des êtres, au lieu d'insulter aux choses, comme le maréchal de Richelieu…

in L'Élixir de longue vie

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Dernière modification : 2008-07-25 - 14:04:47

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