A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Saint Aléaume
né à Loudun (France — Vienne)
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
SAINT ALEAUME, ADELELME , ELELME,OLESMES, LESNES, ADELELMUS (30 JANVIER)
Aléaume naquit à Loudun d’une famille de haute distinction. Il embrassa d’abord la carrière des armes, mais ayant reconnu la vanité et les dangers des honneurs de ce monde, il vendit son bien, en distribua le prix aux pauvres et partit pour Rome. Il avait pris cette détermination à la mort de ses parents. Il avait quitté le Poitou, accompagné d’un seul valet ; mais étant entré en Auvergne , il échangea son habit contre celui de son serviteur, lui donna tout l’argent qu’il avait encore et continua son chemin en mendiant son pain.
En Auvergne, le pèlerin rencontra le bienheureux Robert, fondateur et premier abbé de la Chaise-Dieu qui lui donna de si sages instructions pour régler sa vie, que le saint lui promit de se retirer dans son monastère dès qu’il serait revenu de Rome : ce qu’il fit deux ans après. Mais les austérités jointes aux fatigues du voyage l’avaient tellement défiguré que l’abbé Robert ne le reconnut pas au premier abord. Aléaume ayant dit son nom, l’abbé l’embrassa avec tendresse et vénération, comme un martyr de la pénitence, et lui donna l’habit de saint Benoît (1) .
Ses progrès dans la perfection furent si rapides que peu de temps après, il fut choisi pour remplir la charge de maître des novices. Plusieurs même le font abbé de ce monastère, au départ de l’abbé Durand, successeur immédiat du bienheureux Robert. Mais les Bollandistes refusent à notre saint le titre d’abbé de la Chaise-Dieu.
Bientôt la sainteté d’Aléaume brilla du plus vif éclat et la renommée de ses vertus étant parvenue jusqu’en Espagne, il se rendit à l’appel de la reine Constance, épouse d’Alphonse VI, roi de Castille et de Léon, et consentit à prendre la direction d’un hospice que la pieuse princesse voulait élever près de Burgos pour l’hébergement des pèlerins. Quand l’hospice fut construit, on y ajouta un monastère dont Aléaume fut l’abbé. Ce monastère était dédié à Saint Jean-Evangéliste (Saint Jean de la Vouga), et dépendit de la Chaise-Dieu jusqu’en 1436, époque à laquelle il fut rattaché au monastère de Saint-Benoît de Valladolid.
Aléaume assista avec l’armée du roi de Castille au passage du Tage, lorsque ce prince dirigeait une expédition contre les Arabes du sud de l’Espagne. Monté sur un âne, il s’élança le premier dans le fleuve débordé, en chantant le verset du psalmiste : Hi in curribus, et bi in aequis , nos autem in nomine Domini ibimus. L’exemple du bon moine fit honte aux soldats effrayés ; ils le suivirent en se jetant à la nage, et le fleuve fut franchi par toute l’armée chrétienne (2).
Saint Aléaume mourut vers l’an 1097.
Son corps fut enterré dans l’église du monastère de Saint-Jean. Le don des miracles qui l’avait rendu si célèbre pendant sa vie le rendit non moins glorieux après sa mort ; aussi sa mémoire est-elle restée en grande vénération par les habitants de Burgos, en Espagne et chez les Poitevins, en France.
En l’an 1480, il fut transporté, hors de la ville de Burgos, dans une église paroissiale appelée de son nom Saint-Elesme, où la dévotion attire une foule nombreuse à son tombeau. La ville de Burgos a choisi notre saint pour son patron, et chaque année, le 30 janvier, elle célèbre sa fête avec grande solennité.
L’attribut de saint Aléaume est une hache qu’il tient dans sa main pour rappeler la part qu’il prit à la construction du monastère de la Chaise-Dieu (3).
Vers le milieu de l’année 1881, M. Garreau, archiprêtre de Loudun, se préoccupait de relever dans la ville le culte d’un saint local qui, on ne sait pourquoi, semblait non pas oublié, mais depuis longtemps négligé. Il rapporta de Burgos, à l’occasion d’un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, une relique de saint Aléaume. La fête de cette translation fut célébrée avec magnificence. Plus de quarante prêtres allèrent chercher processionnellement la sainte relique à la chapelle des Dominicaines pour la transporter à Saint-Pierre où elle repose dans une châsse élégante, à l’autel du saint. Celui-ci est devenu depuis cette époque le patron local de la cité et sa fête est célébrée solennellement tous les ans, le 30 janvier ou le dimanche qui suit.
Notes
- Petits Bolland., t.II, p.176.
- Radulphus, Acta vitae S.Adelelmi Act.SS.O.B., t. VI, p. 870. Montalembert, Les moines d’Occident, t.VII, p.77.- Acta SS O.S.B.Saec.vi, p.2, p ;895.- Martyrol.SS.Ordinis S. benedicti, Paris ; MDCXXIX, p. 189.
- Cahier, Caractéristique des Saints, p. 478, 642, 801.
Auguste-Louis Lerosey
in Loudun
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Dernière modification : 2008-03-03 - 10:43:18
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