A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Le marchand de peaux de lapin
souvenirs
par Fernande Germain & Jean-Claude Raymond

Présentation

Parmi les petits métiers, il y avait le marchand de peaux de lapins. Son évocation a rappellé des souvenirs à Fernande Germain et Jean-Claude Raymond.

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Souvenirs de Fernande Germain

Lorsque j’étais enfant ma mère avait un clapier avec poules et lapins. Nous mangions assez peu de viande de boucherie, le garçon boucher passait une fois par semaine prendre la commande et entre temps nous mangions les produits de nos animaux de basse-cours : lapins et poulets.

Je me souviens que, rue du Martray, où nous habitions, il y avait le passage du marchand de peaux de lapins. Il  s’annonçait ainsi , en criant dans la rue «  Marchand de peaux de lapins » , il s’appelait Garraud. Et, automatiquement il venait à la maison, sachant qu’il y aurait du ramassage pour lui.

Le dépouillement d’un lapin n’est pas chose aisée. Ma sœur et moi assistions souvent au massacre et dépouillement du lapin.
Ma mère tout d’abord prenait un gros couteau pointu et très coupant, elle enfonçait la lame dans le cou du lapin et récupérait le sang pour faire le civet. Ensuite de cela, elle attachait le lapin par les pattes de derrière , le dessous du lapin face à elle. Ainsi elle avait toute son aise pour dépouiller convenablement son lapin. Ce devait être une chose très délicate à faire. Elle s’y prenait très bien et avait la technique pour ne pas abîmer la peau du lapin et le lapin lui-même.

Je ne pourrais dire maintenant quel prix le marchand payait ses peaux ? Mais je me souviens que maman tenait sa petite comptabilité de ses peaux de lapins. Comme pour les broderies que je commentais récemment , elle faisait son petit pécule personnel, en dehors de mon père. Un certain goût d’indépendance… Dans ce temps là, les femmes en avaient bien peu, c’était l’époque du respect du mâle.

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Souvenirs de Jean-Claude Raymond

Mes grands-parents maternels élevaient aussi des lapins et des poulets. Anciens boulangers, ils habitaient Saint-Clair dans le Loudunais. Les retraites étaient maigres et l'inflation de l'après-guerre avait réduit le pécule qu'ils avaient accumulé pour leur retraite. Ma grand-mère qui avait été reçue première du canton au certificat d'étude faisait les piqûres intramusculaires pour le village. Mon grand-pères cultivait du tabac et faisait un jardin, produisait un peu de vin et de cidre pour sa consommation personnelle. Ils vivaient beaucoup en autarcie. Ils élevaient des lapins angoras qui ont une belle fourrure blanche et les yeux rouges. Les peaux avaient plus de valeur que celles des lapins ordinaires.

Enfants, nous assistions à la mise à mort des lapins. C'était mon grand-père qui officiait. Il attrapait le lapin par les pattes arrières. Le lapin était la tête en bas. Il leur assénait alors un coup de gourdin derrière le crâne. Le lapin était ensuite accroché contre un mur par les pattes arrières. Mon arrière-grand-mère armée d'un couteau bien aiguisé saignait le lapin par l'œil. Elle lui immobilisait la tête en la tenant par les oreilles pour que le sang s'écoulât dans un petit plat.

Quand elle estimait que le lapin était saigné, elle coupait la peau autour des pattes, puis elle descendait le long des pattes  arrières jusqu'au ventre. Les pattes avant étaient coupées. Maintenant, il fallait décoller la peau de la chair. Cela se faisait comme on ferait pour quitter un collant à part que le décollement n'était pas évident. Mon grand-père prenait alors la suite pour tirer sur la peau et quand cela devenait trop difficile, il s'aidait d'un bâton à l'extrémité sphérique de façon à ne pas blesser la peau qui soutient la fourrure. Il l'insérait entre la peau et la chair. Il tirait sur la fourrure. Je ne me rappelle pas si la tête était coupée. Je me souviens qu'à la fin la peau ne tenait plus que par les moignons des pattes avant. On se retrouvait donc avec la fourrure à l'intérieur de la peau comme cela arrive quand on retire une chaussette en la roulant sur elle-même quand l'intérieur se retrouve à l'extérieur.

Les peaux étaient ensuite mises à sécher dans un grenier et attendaient le passage du marchand de peaux de lapin. Afin qu'elles ne se plissassent pas, elles étaient bourrées de paille. Le marchand de mes grands-parents s'annonçait en criant : « Peaux de lapin, peaux ! » Le second peaux était particulièrement sonore et retentissait bien aussi fort que les avertisseurs des automobiles de l'époque. Il faisait sa tournée à bicyclette avec une petite remorque.

Le petit plat qui avait servi à recueillir le sang servait à sa cuisson. Les enfants avaient droit à ce sang cuit avec des oignons ou de l'ail, je ne sais plus. On prétendait que c'était bon pour le développement des enfants. Le lapin était accommodé en civet. Mais, il y avait plus de lapins que ne pouvaient en manger des grands-parents et mon arrière-grand-mère qui vivait chez eux. Cette dernière faisait du pâté de lapin. Les petits enfants pouvaient collaborer quand nous étions chez eux au bon moment. Nous tournions à tour de rôle la moulinette à hacher la viande.

Personne n'a su comment elle s'y prenait mais son pâté est resté inégalé. Il n'était pas gras, assaisonné pour flatter le goût : un délice. Au goûter, les carrés de chocolat étaient distribués avec parcimonie et le pâté à volonté. Quel régal !

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Dernière modification : 2008-01-17 - 17:30:07

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