A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Matelassier et matelassières
Quand toute la famille mettait la main à la pâte
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Jusque
dans les années 1950, il était encore courant que les matelas fussent
rembourrés avec de la laine et du crin de cheval. On mélangeait la
laine avec du crin afin de donner une meilleure consistance au matelas.
Il fallait faire refaire les matelas périodiquement car la laine dans
le
matelas avait tendance à se tasser aux endroits les plus utilisés. Il
y avait des personnes spécialisées : les matelassiers ou
matelassières. Certaines pouvaient travailler dans leur atelier mais
d'autres se déplaçaient jusqu'au domicile des particuliers.
Lors
de la réfection, on réutilisait la laine du matelas. Mais, il fallait
toujours ajouter de la laine supplémentaire. Bien sûr, on pouvait
mettre de la laine neuve mais souvent on prenait de la laine de
récupération provenant d'anciens matelas totalement hors d'usage. La
laine qui a déjà servi s'est tassée. Il est donc nécessaire de lui
redonner du volume et de la souplesse. Cette opération — le cardage —
se faisait alors à la main. Toute la famille s'y mettait.
C’était un peu la corvée de chaque soir. Après le dîner, mes parents, ma sœur et moi, nous mettions en tenue pour carder cette laine pendant quelques heures. Autour de la table ronde de la cuisine, nous étions tous les quatre avec nos petits tas de laine à transformer. Chaque pincée de laine était étirée, manipulée, aérée, pour la rendre la plus légère possible, ainsi la laine perdait toute sa poussière et devenait toute « aérienne ».
Lorsque toute la laine était ainsi cardée nous n’avions plus qu’à demander à la matelassière d’en prendre possession pour nous refaire le matelas. Elle devait nous fournir le tissu, le crin de cheval pour le mélanger à la laine.
Les matelas d'alors n’avaient pas la hauteur des matelas actuels, ils étaient plus tassés , mais aussi plus légers que ceux de maintenant. Ils étaient plus chauds et très douillets.J’ai encore, dans des chambres de réserve, quelques lits avec ces matelas d’antan. Il est dur de s’en séparer : retour dans le passé, nostalgie des choses d’autrefois qui nous rappellent notre tendre jeunesse, et ceux à jamais disparus.
Fernande Germain
2007-03-07
Je dois ajouter qu'ayant eu à débarrasser (2006) la maison qui était occupée par ma mère, j'ai trouvé un grand sac de laine provenant d'anciens matelas. On gardait aussi la plume des couvre-pieds. Dans notre cas, nous nous sommes débarrassés de cette vieille laine. Nous n'aurions pas pu trouver quelqu'un pour refaire un matelas. Maintenant, on jette et on achète du neuf. Il y a plusieurs raisons à cela. Les matériaux de fabrication industrielle se prêtent mal à une réutilisation et à un reconditionnement artisanal. Dans beaucoup de cas, cela a conduit à la suppression de petits métiers manuels. Aujourd'hui, il faut passer par des usines consommatrices d'énergie.
Les Espagnols de la Vienne, du camp de la route de Limoges ou du Centre d'hébergement, à la clinique de pont-Achard, récupérèrent la laine de vieux matelas et en fabriquèrent des neufs pour les Mosellans, pour les soldats du front ; les journalistes parlèrent de deux mille par jour au mois d'octobre et de novembre 1939 !
in La Vienne dans la Guerre 1939-1945
Chap. De la drôle de guerre à l'armistice, page 7
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Dernière modification : 2008-01-17 - 17:50:30
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