A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Découvert malgré toutes les précautions
Seconde-Guerre
Jean-Claude Raymond Fernande Germain
Table des matières
Lucien vit clandestinement dans sa maison. Toute une organisation et des dispositifs devaient lui permettre de se cacher en cas de réquisition ou de visites inopinées. Un bouton sonnette cachée avait été mise en place afin de le prévenir à distance. La règle à respecter par toutes les personnes de la maison était la suivante :
C’était au cours de l’été, la nuit tombait, il faisait une chaleur étouffante. Lucien en maillot de bain, pour être plus à l'aise et Georgette tuaient le temps en écoutant la radio (il n’y avait pas de télévision à cette époque-là). Tout à coup, stupeur un coup de sonnette et un seul… pas de deuxième. Lucien gagne précipitamment son faux grenier, sous la soupente sans se vêtir plus. Georgette le suit pour enlever l’échelle et ne laisser aucune trace.
Elle redescend précipitamment dans son appartement. Le cœur battant, elle attend la visite qui va avoir lieu d’un instant à l’autre. Elle a le temps de se ressaisir pour avoir l’air très calme. Et… Rien ne vient. A pas feutrés, elle descend à l’appartement des beaux parents et elle entend des voix, bien tranquilles, qui discutent dans le magasin. Elle ne comprend pas… Elle attend quelques minutes et part avertir son Lucien que rien d’anormal ne semble venir du rez-de-chaussée. Calmé, il se remet de ses émotions et redescend de sa cachette, les jambes écorchées par les pointes qui étaient dans la charpente, plein de poussière et les cheveux en bataille. Il vient se reposer dans l’appartement et reprendre son calme.
Pendant ce temps, Georgette allait aux renseignements près de ses beaux parents. Ceux-ci sont maintenant tous les deux, les personnes présentes dans ces lieux étant reparties. A cette heure tardive, le magasin étant fermé, des clients étaient venus sonner à la porte de l’appartement. Comme ils désiraient voir un article dans la bijouterie, les parents de Lucien leur firent monter les trois marches du couloir qui donnaient dans le magasin. Et… C’est là que l’erreur se produisit. Le fameux bouton de sonnette camouflé se situait sous un porte-manteaux où il y avait toujours plusieurs vêtements suspendus. Il se trouvait donc invisible à l'endroit par lequel il fallait absolument passer pour entrer dans l'immeuble. Lorsque les acheteurs pour entrer au magasin, y passèrent. En montant les trois marches, une des personnes a dû mettre la main sur le mur et déclencher la sonnerie. De là toute cette frayeur inutile.
Georgette avait une assez grande famille dans la région de Loudun. Un jour, deux petites cousines de 10 et 12 ans eurent envie de venir lui dire bonjour. Elles vinrent pendant que la maman de Lucien était occupée avec une cliente et montèrent à l’étage sans rien demander. Comme il n’y avait pas eu de coup de sonnette, Georgette ouvrit la porte sans précaution et là quel ne fut pas l’étonnement des deux gamines découvrant Lucien qu'elles croyaient très loin et parti sans donner de nouvelles. Elles étaient aussi gênées que Lucien et Georgette. Après leur avoir expliqué que Lucien était recherché par la Kommandantur et qu’il risquait sa vie et celle de sa femme si on apprenait qu'il était revenu chez lui, Georgette les fit jurer de ne jamais rien dire de ce qu’elles avaient vu. Les deux enfants tinrent paroles. Et depuis la petite Marcelle qui avait 10 ans à l'époque et qui connaissait ce secret en parle parfois encore à Georgette en lui disant que ce serment avait été très dur à tenir. Souvent, devant elle, on lui parlait de Lucien éloigné de sa famille et ne donnant aucune nouvelle.
Il n'était pas facile de vivre clandestinement. Il fallait une autodiscipline de tous les instants. Il fallait rompre les liens avec une partie de la famille, avec les amis. Georgette et Lucien avaient un ami dont les parents étaient loudunais. Ce garçon avait été gâté par la vie et par ses parents. Quelle n’a pas été leur stupeur lorsqu'ils ont appris qu’il avait vendu des camarades. Découvert, il fut fusillé sur le champ à la libération.
Retour à l'article Histoire régionale — L'Occupation .
A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2006-06-11 - 09:15:46
Contact | Aranei-Orbis ? | Recherchons | Aide | Crédit | Nouveautés
Copyright :© Aranei-Orbis - 1997 - 2018 - Toute reproduction, adaptation, traduction réservée.