A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Chavagnes
École religieuse de Loudun
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Ma mère ayant été à l’école de Chavagnes, comme externe, elle désira sans doute envoyer ses deux filles vers la même institution. Mon père ne pouvait faire qu’acquiescer étant donné qu’il était, lui-même, assez à cheval sur les principes.
Nous habitions rue du Martray, si bien que l’école de Chavagnes étant à 300 ou 400 mètres de notre logis, c’était le lieu idéal pour commencer notre éducation. Plusieurs familles, du côté de la Porte du Martray, envoyaient leurs enfants à cette école, si bien que le matin les grandes accompagnaient les petits.
Chavagnes
était une école chrétienne,
tenue par des sœurs en habits d’apostolat.
C’était une dépendance de Chavagnes-en-Paillers. Les sœurs prenaient le
nom du saint qu’elles avaient
choisi lors de leurs vœux. Je me souviens que nous avions une sœur
Marie de Gonzague. Au bout de quelques années, comme suite à la
séparation de l’Église et de l’État, les sœurs reprirent leur nom de
famille. La directrice était Mademoiselle Tête. Ma professeur de
français et math. s’appelait Mademoiselle Dudy. Il faut que je signale
qu’entre 1935, date de mon départ de la pension Chavagnes et 1946 date
de l’entrée à l’école enfantine de ma fille aînée, les professeurs de
ce pensionnat ont repris l’habit de bonne sœur avec leur cornette.
J’ai commencé à aller à l’école de Chavagnes, dans la
classe enfantine
à l’âge de 3 ans ½. La sœur se nommait Mademoiselle Renneteau. Chose
assez amusante mon mari a été, en même temps que moi dans cette classe.
D’ailleurs nous avions retrouvé, dans les tiroirs de sa maman, une
photo du groupe d’enfants de cette classe et au dos sa maman avait
écrit tous les noms de famille des enfants, mais le mien, sans doute
étant trop difficile à se souvenir, seul le prénom était indiqué. Celui
qui devait devenir mon mari n'avait su retenir mon nom de jeune fille…
Il est bien dommage que cette photo ait disparu ?
Étant née en 1920 j’avais fait toutes mes études dans cet
établissement. J’ai eu mon certificat d’études à 11 ans, ai continué
pensant me présenter au brevet vers mes 15/16 ans. Mais au cours de
l'été 1935, (date de la prise de la photo) au retour de vacances, mon
père m’attendant à la gare me fit la surprise de m’annoncer que
j’allais arrêter l’école pour entrer dans la vie active. Mon père étant
comptable à la coopérative de Loudun et ayant besoin d’une secrétaire –
capable de lui tenir sa comptabilité, allait me prendre avec lui dans
son bureau. C’était le plus grand plaisir qu’il pouvait me faire, et il
le savait
bien. C’est avec bonheur que j’ai passé avec lui mes premières années
dans la vie active et qu’il m’a appris tout le secrétariat et la
comptabilité.
Chavagnes était une école qui avait une bonne réputation en internat et externat. Il y avait beaucoup d’internes, avec des filles de propriétaires terriens. Ce sont elles qui faisaient vivre surtout la pension telle qu’elle était. Les parents des externes avaient aussi à payer la scolarité mais pas dans les mêmes proportions que les internes. Cet établissement est très important, il avait de grands dortoirs, une grande salle de réfectoire où les externes qui restaient à l'étude pouvaient s’y rendre pour le goûter de 4 heures. Nous, externes, étions étonnées de voir les pensionnaires vivre dans ce réfectoire, avec leurs habitudes, tiroirs à disposition et chacune avec son petit pot de rillettes ou viande de porc pour faire leur 4 heures. Il y avait aussi un grand parloir où elles étaient demandées les mardis lorsque les parents venaient les voir aux heures des études du soir. Mais nous, externes, nous ne les enviions pas. Nous préférions rentrer au bercail chaque soir.
Cliché pris en 1905.
Autrefois les
enfants étaient très souvent vêtus en noir. Nous avions
des bas noirs, des galoches noires, et ensuite plus tard des souliers,
mais souvent aussi noirs. Les blouses d’école étaient noires.
Probablement que la maîtresse de maison avait moins de soucis de
lavage avec cette couleur.
Cliché pris en 1935
Vingt ans
après la première photographie, l'ambiance a changé et le blanc a
remplacé le noir. Le blanc est alors presque un
uniforme. Le port du chapeau est imposé sauf pour les deux garçons de
la section enfantine.
On sentait que les bonnes sœurs de Chavagnes auraient voulu imposer leur marque à toutes les élèves, aussi bien les internes que les externes. Exemple, l’été pour mettre des chapeaux (car dans ce temps là une jeune fille bien mettait toujours un chapeau) il aurait fallu que les parents passent par la directrice de Chavagnes pour l’achat des chapeaux à leurs enfants. C’est à penser que la direction devait avoir une ristourne avec le chapelier et cela, chaque année, faisait bondir mes parents. Excepté l'année 1935 où vous me voyez photographiée avec un chapeau blanc, ma sœur et moi nous n’avions jamais eu l’envie d’être comme tout le pensionnat.
Sur la photographie de 1905, on remarquera que les cheveux des sœurs ne sont pas visibles. Leur habit devait montrer qu'elles étaient retirées du monde laïque. Les sœurs qui restaient en 1935 portaient-elles la cornette, nous n'en savons rien puisqu'elles n'apparaissent pas sur la photographie de 1935. Ceci est certainement révélateur d'une évolution des comportements. Le port du chapeau était probablement une dépense importante pour les familles les moins argentées. Il faut probablement rapprocher cette évolution des mentalités de celle qu'on peut voir en regardant les diplômes de communion présentés sur le site Antick.
Nous nous sommes posé une question. Quels évènements ou quelles causes ont conduit à faire en sorte que les sœurs qui enseignaient à Chavagnes soient passées de l'habit habituel et dénomination religieuse à l'habit et dénomination civils pour revenir ensuite au comportement précédant. Si quelqu'un a la réponse, nous le ou la remercions de prendre contact avec nous.
Nous remarquerons aussi que les activités d'éveil tel que le
théâtre
étaient pratiquées dès 1935. Malgré tout ce nous pouvons entendre sur
les méthodes modernes d'enseignement quels sont les élèves qui peuvent
aujourd'hui dire qu'ils ont joué des pièces de théâtre au collège ?
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A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2008-01-08 - 21:24:40
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