A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou

Jeanne d'Albret, femme de caractère et noce salée
mariée à Châtellerault au château de la Berlandière
par Jean-Claude Raymond

Femme de caractère et noce salée

Fille unique de roi, reine à la mort de son père, mère d'un fils qui était déjà roi quand il devint roi de France, sa vie fut-elle aussi simple qu'on peut le penser et toute tracée ? Si l'on ajoute qu'elle était nièce de François Ier, qu'elle fut mariée à l'âge de 12 ans, puis à l'âge de 20 », vous voyez probablement déjà de qui je veux vous entretenir. Mais en quoi cela concerne-t-il Châtellerault ?

Vous conviendrez que Jeanne d'Albret, fille d'Henri d'Albret, roi de Navarre, constituait donc un bon parti ce qui revient à dire crûment une monnaie d'échange lors des mariages arrangés. La question est donc de savoir avec qui la marier et malgré le jeune âge de l'adolescente on préparait son avenir.

Son père pensa qu'en proposant sa main à Philippe II d'Espagne, il pourrait mettre la sienne sur la Navarre espagnole. C'est probablement ce qu'on appelle un échange donnant-donnant.

Mais, son oncle, François Ier, ne vit pas la chose favorablement. La Navarre française risquait ainsi de passer du côté espagnol. François Ier a d'autres vues du côté des états allemands. L'adolescente qui n'a alors que 12 ans mais du caractère ne l'entend pas de cette oreille. Mais le fouet que sa mère lui faisait appliquer par sa gouvernante Bailène de Caen finit par venir apparemment à bout des réticences de Jeanne. En 1541, François Ier  parvint à faire célébrer le mariage de Jeanne d'Albret avec Guillaume de La Marck, duc de Clèves. La mariage fut célébré à Châtellerault.

Il y eut des grandes festivités mais comme le dit le dicton : « Toute médaille a son revers. » Le revers fut que cela coûta cher et le Trésor du roi était à sec. Alors, ça ! Dans les temps actuels, où l'on nous ressasse la dette de la France, je finis par croire que plus qu'une maladie chronique, c'est une maladie génétique qui semble orpheline. Et, il se trouvait qu'à cette époque, le Poitou ne payait pas la gabelle. Le roi pensa que ce n'était pas normal et imposa la gabelle au Poitou. L'édit instituant en Poitou l'impôt sur le sel fut pris à la Brelandière aujourd'hui quartier de Châtellerault où se trouvait un château.

Il fallut faire appel aux compagnies du Poitou pour installer les gabelous car Châtellerault, Niort, La Rochelle et Poitiers les avaient chassés. On attribue aux châtelleraudais naturellement railleurs d'avoir affublé cette noce de l'épithète salée. On dit que par la suite le souvenir de la noce s'étant évanoui on se mit à dire note salée. Ceci n'est pas contradictoire avec ce que nous relevons dans Le Bouquet des expressions imagées de Claude Duneton. L'utilisation du mot salé pour désigner quelque chose qui est cher est attestée dès le XVIe siècle. Le même auteur indique que le mot note au sens de facture n'apparaît qu'au XVIIIe siècle.

De plus on notera que ces dépenses furent inutiles car notre adolescente irréductible ne donna pas son consentement et signa des protestations. Finalement, les évènements tournèrent à son avantage car son époux se rallia à Charles Quint. Dès cet instant, les intérêts de François Ier  changèrent. Le mariage, non consommé et non consenti, fut dissout par Paul III en octobre 1545. Jeanne d'Albret épousa le 20 octobre 1548 Antoine de Bourbon, duc de Vendôme. De cette union naquit Henri, futur roi de Navarre puis de France et de Navarre. La vie de Jeanne d'Albret ne s'arrête pas là mais sort du cadre de notre région.

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La Château de la Berlandière et Anne de Beaujeu

Des notes historiques envoyées par M. Hérault, de Châtellerault, donnent de curieux détails sur la Berlandière, maison de plaisance, tantôt des ducs, tantôt du chapitre de cette ville. C'est de la Berlandière, qu'elle fit embellir, qu'Anne de Beaujeu se rendait tous les jours, à pied, à six heures du matin, à la messe du chapitre par un chemin qu'elle fit faire, et dont une partie est devenue la rue Madame de Châtellerault. C'est à la Berlandière que fut donné, sous François Ier, un brillant tournoi qu'à célébré Marot lorsque Jeanne d'Albret, qui devait être la mère de Henri IV fut mariée, à onze ans, au duc Martin de Clèves, mariage qui du reste fut rompu plus tard. C'est du même lieu qu'est datée une ordonnance sur le fait de la gabelle, qui faisait payer au pauvre peuple les frais de ces noces qu'il appela les noces salées.

in Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest

1861,  Annies 1834-1837 Série 1, Tome 1

Le château de la Berlandière se trouvait à la place du quartier aujourd'hui appelé La Brelandière

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Liens

  • Jeanne d'Albret dans le dictionnaire de la Société Internationale pour l'étude des femmes de l'ancien régime (SIEFAR)

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Dernière modification : 2008-01-05 - 16:16:56

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