A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Stendhal et la Loire
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
À cinq heures et demie, les roues du bateau se sont mises en mouvement ; mais ce mouvement n'a pas duré. Au bout de dix minutes, nous nous sommes bravement arrêtés sur un banc de sable qui continue l'île de la Loire, laquelle commence au-dessous du beau pont… Le chef du bateau s'est mis à jurer horriblement contre ses subordonnés, leur disant qu'ils devaient bien savoir qu'on ne devait pas passer en ce lieu…
Le triste, c'est que nous avons passé deux heures et demie immobiles sur ce banc de sable, et au milieu d'une humidité insupportable : car, au bout de dix minutes, il est survenu un brouillard tellement épais, que nous ne voyions plus les bords de la Loire…
Mes regards cherchaient avec avidité ces aspects tellement vantés des bords de la Loire ; je ne voyais que de petits peupliers et des saules, pas un arbre de soixante pieds de haut, pas un de ces beaux chênes de la vallée de l'Arno, pas une colline singulière. Des prairies fertiles toujours, et une foule d'îles à fleur d'eau, couvertes de jeunes saules de douze pieds de haut, dont les branches fort minces et pendantes se baignent dans le fleuve. C'est entre ces îles verdoyantes, mais non pittoresques, que le bateau à vapeur cherchait sa route. Nous apercevions assez souvent les tourelles de quelques châteaux de la renaissance, situé à cinq cents pas du fleuve, par exemple le château de Luynes, patrie de Courrier. Le peuple de cette ville habite dans des grottes creusées dans le rocher.
Stendhal
in Mémoires d'un touriste (Voyage en Bretagne et en Normandie)
1938
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Dernière modification : 2008-09-24 - 07:58:11
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