A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Émile Vernon
Peintre (1872-1919)
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Émile Vernon est né en 1872 et décédé en 1919 ou 1920.
Il fut élève des Beaux-Arts de Tours (premier prix de dessin en 1888). Il a également travaillé à Paris et à Londres. Ses toiles sont recherchées par les Américains, les Canadiens et les Japonais. Une de ses toiles est visible dans l'hôtel de ville de Tours.
En 1898, il participe à l'exposition des Beaux-Arts et Arts décoratifs à Tours. La même année, il expose au Salon des Artistes français et continuera jusqu'en 1913.
En 1899, il réalise la décoration du théâtre de Nevers et celle de Châtellerault (coupole et rideau de scène).
En 1904, il exposa Roses à la Royal Academy.
Les tableaux d'Émile Vernon représentent principalement des portraits de jeunes femmes jolies et élégantes dans des milieux ornés de fleurs et de jeunes enfants. Ceux-ci sont recherchés par les Américains, les Canadiens et les Japonais. Mais, il peint aussi des paysages. Il faut aussi noter des compositions florales, des décors pour des immeubles publics tels que le théâtre de Châtellerault (France — Vienne).
Pour avoir une idée de la peinture d'Émile Vernon, il suffit de recherhcer : Émile Vernon peintre sur Google.
En février 2006, un portrait de jeune femme a été adjugé 14 000 € (62 x 51 cm).
Photo François Jourdin.
Rideau de scène représentant le pont Henri-IV vu d'aval par Émile Vernon en 1899.
Émile Vernon a décoré la coupole de la salle du théâtre de Châtellerault (France — Vienne) en 1899. Les scènes mythologiques et allégoriques rappellent son goût pour une peinture idyllique.
Coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Jean-Claude Raymond
La décoration est composée de quatre secteurs égaux représentants des personnages paraissant issus de la mythologie grecque. La question est de savoir s'il est possible de les identifier et de comprendre la raison de leur présence dans un théâtre. L'essai d'explications, qui suit, risque fort de contenir des erreurs aussi n'hésitez pas à me faire part de vos remarques à Contact.
La muse Melpomène — détail de la coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Philippe Biton.
On peut remarquer les armes de la ville de Châtellerault (d'argent, au lion de gueules, à la bordure de sable chargée de besants d'or). Cette scène comporte la signature E Vernon 1899). Curiosité : la partie rouge du drapeau semble raccordée à la hampe. Cela a-t-il une signification ? (Si vous avez une explication, prendre contact).
Dans cette scène, tout porte à croire qu'il s'agit de Melpomène. Même si nous ne retrouvons pas le masque de la tragédie, un instrument de musique et un sceptre à ses pieds, nous distinguons sa couronne et son épée. Elle est la seule muse possédant ces deux attributs. Son nom signifie La Chanteuse. Elle représente la tragédie et la tragédie chantée : l'opéra. Le sceptre est le signe de l'autorité, matérialisée ici par l'écu de la ville et le drapeau.
Calliope et Thalie — détail de la coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Philippe Biton.
Il semble évident que cette scène représente deux muses.
Celle de droite tient une lyre, sa chevelure semble ceinte d'une couronne de laurier. Il s'agirait donc de Calliope, la muse à la belle voix et du bien dire. Elle représente l'éloquence, la poésie épique. Dans la mythologie grecque, la lyre fut inventée par Hermès à partir d'une carapace de tortue. Elle est associée à la vertu de la modération.
Celle de gauche tient un bouquet de fleurs. Ceci est-il le moyen d'évoquer Thalie dont l'origine du nom (thaleia) signifie La Florissante. Elle représente la comédie.
Zeus — détail de la coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Philippe Biton.
La barbe, la chevelure laurée et l'égide
font penser à Zeus.
Hermès et la nymphe Salmacis — détail de la coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Philippe Biton.
Cette scène rappelle le goût d'Émile Vernon pour la peinture de femmes accompagnées dans des décors floraux.
Le personnage couché tient en sa main droite un caducée du type Hermès. Son chef est orné de deux ailes rappelant le casque de ce dieu. Il serait donc Hermès. Dans la mythologie grecque, il conduit les âmes vers Hadès, souverain des ombres. A la fin de L'Odysée d'Homère, il les mène vers le Pré d'Asphodèle (ou Plaine des Asphodèles). La couleur rouge, la forme des fleurs et leur cœur noir n'évoquent pas les asphodèles mais probablement des coquelicots cette fleur sauvage qui flétrit dès qu'elle est coupée (symboliquement dès qu'elle est privée de sa liberté). Vernon a peint cette scène en 1899, l'Alsace et la Lorraine sont séparées de la France. Quelques années plus tard, dans le Commonwealth, le coquelicot symbolisera les combattants de la Première Guerre morts sur le front. Le coquelicot peut-il, en 1899 date de l'œuvre, être le symbole des morts de la guerre de 1870 ? La fleur tenue dans la main droite de la muse et son feuillage suggèrent plutôt une rose qui déposée près des coquelicots évoquerait les tombes fleuries par les veuves.
Détails troublants, l'étrange ressemblance des visages des deux personnages et l'aspect androgyne d'Hermès. Est-ce anodin ? Le dieu peut-il être ce personnage efféminé portant ses attributs. On peut penser à Hermaphrodite, le fils d'Hermès. Hermaphrodite est un être fabuleux, qui un jour se baignant dans une source, la nymphe Salmacis s'éprit de lui. Son désir est si fort qu'elle étreint le jeune homme, suppliant les dieux de les unir à jamais. Ceux-ci exhaussent sa prière et les réunissent en un seul être bisexué, mâle et femelle à la fois. Ceci explique la ressemblance entre les deux visages des personnages qui ne sont qu'un et représentent les deux aspects d'Hermaphrodite.
Pourquoi une telle scène dans un théâtre ?
Dans le même secteur qu'Hermaphrodite et Salmacis et au-dessous d'eux se trouve cette scène.
Euterpe ou furie ? — détail de la coupole du théâtre de Châtellerault. Photo Jean-Claude Raymond.
La trompette est un attribut d'Heuterpe, la toute réjouissante. La présence de cette muse peut s'expliquer dans un théâtre car elle y représenterait la musique et la danse donc le ballet.
Mais, le flambeau est l'attribut des Furies. Les Furies ne sont pas belles. A la chevelure folle de celle-ci ne manquent que les serpents. Elles ne sont pas soumises à Zeus. Placée dans le secteur opposé à Zeus, elle s'opposerait à lui. Cela signifierait-ilque la double nature d'Hermaphrodite doit être considérée comme un mal. Pourtant, elle ne semble pas fondre sur le fautif comme c'est normalement son rôle. La course est effrénée et rapide ; flamme inclinée le montre. La chevelure folle et désordonnée, le nuage tempétueux contrastent avec le calme des autres scènes et les attitudes des autres personnages de la coupole.
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A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2008-09-04 - 14:51:59
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